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Histoire de la musique médiévale

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Cours mis en page et illustré très complet sur l'histoire de la musique médiévale : contexte, genres, styles, et exemples illustrés.

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  • October 5, 2021
  • 57
  • 2013/2014
  • Class notes
  • Isabelle ragnard
  • All classes
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Avant le IX è siècle, aucune notation musicale ne nous est parvenue.
La musique médiévale désigne une période couvrant environ 800 ans de l’histoire de la musique
occidentale religieuse et profane, commençant avec les premières musiques chrétiennes d’avant la réforme
grégorienne, jusqu’aux musiques du XV ème siècle marquées par l’émergence de l’école franco-flamande. Âge
non pas de transition mais de genèse des formes de l'art occidental. Dès les 1ers temps, les œuvres de beauté,
qu'elles tombent de la main des souverains ou de celle des évêques, pour la gloire de Dieu ou pour l'édification de
son peuple, sont, tout comme l'ensemble du savoir, le fruit de la réflexion des clercs. Elle se caractérise par
l’apparition de formes vocales et instrumentales dont la polyphonie, la musique de cour, la messe, le chant
courtois.
– VIIIème siècle : Renaissance carolingienne
– XIème : Multiplication des foyers de pensée et de création (écoles monastiques ou cours
royales)
– XIIème:2nde Renaissance : les langues vernaculaires font leur apparition
– XIV-XVème : Le 'temps des cathédrales' : celui des villes, des marchands et du 1er
humanisme.


La Réforme (ou renaissance) Carolingienne
(VIII-IXème siècle)
Les Carolingiens (Carlovingiens jusqu'au XIXème siècle) sont la dynastie des rois francs qui
régnèrent sur l'Europe Occidentale de 751 jusqu'au Xème siècle. L'étymologie de carolingien, en latin
médiéval karolingi, est dérivé de Carolus, le prénom latinisé de Charles Martel, l'aïeul de cette dynastie, est
Charlemagne (= Charles Ier, Charles le Grand, Carolus Magnus en
latin) (742-814).

Charlemagne fut couronné le 25 décembre 800 à
Rome par le Pape Léon III empereur d'Occident, après
avoir secouru celui-ci d'un complot visant à le déposer – son
père, Pépin le Bref, était déjà intervenu pour protéger la
papauté. Son règne dura 46 ans de 768 à 814.

La carte désigne l'Empire carolingien sous le règne de
Charlemagne. Après sa mort, l'empire se divisera entre ses
héritiers et donnera naissance au Royaume de France à
l'Ouest et au Saint-Empire à l'Est (Traité de Verdun en 843).

Aix-la-Chapelle était une ville extrêmement
importante, considérée comme le centre de l'Empire franc, et
était le lieu de siège du Roi. Charlemagne ne séjournait pas à
Rome car il était issu d'une culture germanique et non pas
latine, et sa cour est composée de gens du Nord.
Cependant, il utilise la norme latine et s'en inspire afin
d'unifier son empire.

, En effet, depuis la chute de l'Empire Romain, les rois Ostrogoths ont fortement conservé le
patrimoine culturel latin, mais l'empereur byzantin Justinien reconquiert l'Italie dès 535. L'exarchat de
Ravenne et des lettrés, tels Cassiodore, préservent et enrichissent les connaissances latines. Au VIIIè siècle,
l'exarchat, soumis à la pression des Lombards profitant du fait que les Byzantins soient occupés dans leur
lutte contre les musulmans. La tension entre Rome et Byzance s'aggrave, et le premier iconoclasme, ou la
Querelle des Images fait fuir de nombreux artistes byzantins à Rome où l'art se développe rapidement.
Lorsque l'exarchat de Ravenne tombe aux mains des Lombards en 751, Rome donne tout son soutien à la
constitution d'un empire d'Occident capable de défendre la papauté contre les Lombards et les Byzantins: dès
774, Charlemagne vainc les Lombards et prend ainsi le contrôle de l'Italie du Nord et de son précieux
patrimoine culturel. Les Carolingiens bénéficient donc ainsi de connaissances venues du royaume qui
se voulait l'héritier de l'Empire Romain et le conservateur de sa culture.

Charlemagne fait du latin la langue principale de son empire. De même, il développe
l'utilisation de l'écrit comme moyen de diffusion de la connaissance, et promeut la poésie dans
son Académie palatine. Il pousse les évêques à améliorer l'éducation des clercs, et impose aux
écoles cathédrales et monastiques le souci des règles exactes du chant. L'étude des livres saints et
des lettres antiques sont remises à l'honneur.
Les scriptoria (ateliers d'écriture ancêtres des imprimeries) se développent dans les abbayes
carolingiennes : Saint-Martin de Tours, Corbie,... Le succès de ces ateliers est rendu possible avec
l'invention d'une nouvelle écriture, la Caroline minuscule, qui gagne en lisibilité. La latinisation
facilite par ailleurs la diffusion des livres.
Charlemagne a voulu calquer son administration sur l'administration romaine par le biais de
l’Éducation : en essayant de faire pénétrer l'instruction parmi les fonctionnaires laïcs en les mettant
à l'école de l’Église, et en créant ainsi une unité grâce à l'instauration de la langue latine dans un
empire aussi immense où se parlaient tant de dialectes.

Les arts libéraux sont la grammaire, la rhétorique, l'arithmétique, la géométrie et la musique.
Ainsi, une musique enseignée théoriquement fait face à une musique pratiquée et déjà présente
depuis longtemps dans les chants liturgiques quotidiens des offices.
Cependant, ces offices sont extrêmement hétérogènes d'une ville à l'autre, selon les
traditions géographiques. Charlemagne souhaite uniformiser tous les chants liturgiques à travers
l'Empire, et pour cela il s'inspire bien évidemment de Rome, ce qui représente une entreprise
ambitieuse au vu de la diversité des cultures. Il décide alors de créer un manuel de référence pour
les chants liturgiques afin de le diffuser largement. Le problème du choix dans l'immensité des
répertoires se pose alors : c'est ainsi qu'apparaît la nécessité de trouver un système de notation
musicale.
Son modèle est Rome, mais Charlemagne ne possède pas de source écrite pour puiser ce
qu'il cherche : il envoie donc des chantres à Rome pour les y former. Il en résultera un grand
mélange de ce qu'il ramènera de Rome et d'une grande part de tradition (à l'époque, il y avait 6 ou 7
offices par jour, commençant dès 7 heures du matin) → C'est le
chant romano-franc, censé couvrir la liturgie d'une année entière.
On l'appelle communément le chant grégorien, en référence
au Pape Grégoire le Grand († 590-604).

* Grégoire le Grand est « Le grand réformateur de l'église
catholique, mais également le compositeur de tous ces chants, sous
la dictée de l'Esprit Saint incarné par une colombe » Ce mythe est
celui que Charlemagne a largement répandu dans l'Empire, et dont
s'inspirent ses propres méthodes pour unifier la musique liturgique.
C'est ainsi qu'il parvient à éradiquer de très nombreux répertoires
locaux – certains subsistent évidemment, mais ce sont des cas
isolés. → C'est le prétexte de la tradition pure.

Illustration d'un antiphonaire au
IXème siècle

, La Notation (I)
La mise par écrit du plaint-chant occidental IX-XIIème

.Notation sténographique.
Il s'agit d'une notation qui ne donne pas d'indication d'intervalles ni de hauteur entre les
notes. On peut seulement voir si une note monte ou descend ; les scribes n'utilisent encore ni portée
ni clef. Cette notation n'a qu'une valeur d'aide mémoire et conserve au chant toute sa flexibilité.




.Notation diastématique.
(diastema = intervalle)
A partir du Xème siècle, la notation s'organise par rapport à une ligne idéale puis tracée à la
pointe sèche qui situe la note fa : l'étagement des graphismes dans le sens vertical suggère de
façon relative les hauteurs de sons. La notation diastématique se répand au cours des X et XIème
siècles ; des lettres sont fréquemment inscrites en regard des neumes, pour plus de précision.
Avec Musica enchiriadis – Hucbald ? - fin IXème siècle, la notation alphabétique s'associe
aux neumes pour fournir des repères plus stables en ce qui concerne la hauteur, par rapport à des
portées de lignes parallèles (jusqu'à 18). Pas de rythme.

Les Neumes de Saint-Gall : Lettres significatives à côté des neumes (montée, descente
mais aussi dynamique). Mais malgré cela, les manuscrits sont souvent décorés et richement ornés en
enluminures et lettrines. Par contre, la partie chantée est souvent à l'inverse notée de manière très
espacée afin de laisser de la place pour les neumes et les syllabes. On n'observe pas de portée : c'est
parce que la mélodie est déjà connue des chantres.

• Guido d'Arezzo est un théoricien du XIème siècle, qui a écrit le traité Micrologus
(c.1025-1028) qui se situe très clairement dans un rôle pédagogique, tandis qu'au
XIème siècle le répertoire s'est déjà très largement enrichi, un nouveau répertoire prend
place à la suite de l'ancien, et il est donc nécessaire d'utiliser un nouveau système de
notation, également pour accélérer la formation des chantres (10 ans).
- Le Traité évoque l'importance des lignes pour faciliter la lecture, et il rajoute à la
ligne unique d'autres lignes, et en colore en rouge (fa) et jaune (ut) servant de point de
repère. Des lettres placées devant les lignes servent de clefs.

Antiphonaire de Bénévent – XIIè
→ 2 lignes colorées, Ut en rouge
et Fa en jaune.




Evidemment, à ce stade nous n'avons pas de hauteur prédéfinie.
– Dans ce même traité, Guido d'Arezzo met en place le principe de la solmisation : il
décide d'attribuer les notes de la gamme à la première syllabe de chaque ligne de
l'hymne à Saint Jean-Baptiste (ut re mi fa sol la).
– Apparaît le système des modes : octoechos « 8 tons », 8 modes : ré, mi, fa, sol,
chacun étant soit authente (ambitus plus haut) soit plagal (ambitus plus proche de la
finale, et plutôt grave). Chaque mode est différent des autres, et possède des
formules propres.

, LA MUSIQUE PROFANE
la Poésie Lyrique aux XIIème et XIIIème siècles


Jusqu'en 1250, toute musique profane est chant, et toute poésie est portée par une mélodie, réalisant
l'union intime de la poésie et de la musique, l'une ne se concevant pas sans l'autre. La musique instrumentale
indépendante des chants n'existe pas : seule la parole compte.
Tandis que le moine, dans le silence et le monde clos du monastère célèbre Dieu, le trouvère
compose des chants de louange à la Dame à qui il voue toute sa ferveur.
Une poésie versifiée, lyrique, c'est-à-dire originellement destinée à être chantée sur une lyre (ancêtre
de la harpe), et qui vise à exprimer des sentiments, notamment amoureux : le fin' amor ou l'amour
courtois, comme le désigne Gaston Paris, philologue. Ce mouvement apparaît parallèlement dans la
littérature, et en est même caractéristique et perdure depuis le XII ème siècle. Il s'agit d'un amour de classe qui
se veut d'abord différent de l'amour grossier des vilains, mais c'est aussi une sorte de mystique profane
parallèle à l'amour sacré, et une transposition des structures de la société féodale. Telle une divinité, la
femme devient objet d'adoration, de prières.



1) Interprètes

– Les Jongleurs (étymologie : latin « joculare » qui
signifie badiner, plaisanter) sont des artistes
professionnels itinérants qui chantent ou récitent des
œuvres littéraires, des histoires ou des poésies, dans les
palais, les cours seigneuriales, les places publiques,
dans les rues, foires ou marchés. Ils se livrent également
à des jongleries, des acrobaties, et montrent des
animaux savants. Auprès de seigneurs ou de mécènes,
ils assument le rôle de bouffon. Ils s'accompagnent
généralement de leur vielle. Il s'exprimaient dans la
langue vulgaire. Jongleurs dans les Cantigas de
Alphonse X le Sage - XIIIème siècle
Ils sont méprisés des clercs qui les désignent sous le
nom de joculares ou histriones.
Au cours du XIIIème siècle, les jongleurs se muent en des ménestrels.

– Les Ménestrels (du bas-latin « ministralis » qui signifie serviteur) ont les mêmes
qualifications que les jongleurs, mais désignent plus
particulièrement des musiciens. La différence d'avec le
jongleur est que le ménestrel va au cours du XIIIè siècle
s'attacher à un employeur, une cour seigneuriale, et
devenir un fonctionnaire. Il fait partie des domestiques de
la cour, et son rôle est de distraire le seigneur et son
entourage avec des chansons de geste, ou leur équivalent
local. Les cours seigneuriales devenant plus raffinées et
plus exigeantes, les ménestrels furent finalement remplacés
par des troubadours et beaucoup se firent itinérants,
s'adressant au public des villes.

Ce ne sont que des exécutants et des interprètes colportant
une littérature orale. Le mépris des clercs pour la littérature en langue populaire fait que très peu
de ces textes ont été conservés jusqu'à aujourd'hui, soit qu'ils n'aient pas été écrits, copiés, ou qu'ils
aient été détruits ou perdus : cela explique que l'on ne dispose de presqu'aucun texte en ancien
français antérieur au XII ème siècle. En général, ils ne composent pas leur musique, car c'est le
travail des troubadours et des trouvères, cependant, quelques-uns le font, comme Colin Muset.
En échange de leur divertissement, les seigneurs font souvent preuve de largesse.

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