4ème partie : Les marques de subjectivité dans le langage
L’énonciation : quelques rappels
- Énonciation = acte de production d’un message oral ou écrit, énoncé
= produit qui résulte de cet acte de production étudier l’énonciation
= réalisation vocale de la langue (phonétique et analyse de
conversation) et mécanisme de production (conversion individuelle
de la langue en discours avec sémantique, sémiologie, analyse du
discours…)
- Selon BENVENISTE (premier linguiste français ayant vraiment étudié
l’énonciation) prise en charge du message transmis par le locuteur, il
a une forme de responsabilité énonciative envers les allocutaires + le
locuteur est en relation constante et nécessaire avec son énonciation
- Selon BENVENISTE les indices de personne ne se produisent que
dans et par l’énonciation corrélation de personnalité (ex : « je »,
« tu » sont des personnes VS « il », « ça » qui sont des pronoms
représentants utilisés pour désigner quelqu’un ou quelque chose
d’extérieur) et corrélation de subjectivité (ex : « je » = première
personne, = locuteur et « tu » = deuxième personne = allocutaire +
possibilité d’inverser le rapport de force, le locuteur devient allocutaire
et inversement)
- L’énonciation relie l’énoncé à des paramètres comme le cadre spatial
(« l’ici ») et temporel (« le maintenant ») dans lequel le message est
produit, les protagonistes de l’échange, les indices de
l’ostension (=ce qui permet de montrer ou de se montrer) comme
« ceci » ou « voici », qui sont appelés termes déictiques (servant à
désigner)
- Dans le discours de presse, peu de marques explicites de la personne
comme « je » ou « tu » (sauf dans les discours rapportés comme les
interviews, les reportages…), beaucoup de marques du cadre spatial
(« ici », « dans notre ville », « dans le pays ») et temporel
(« maintenant », « aujourd’hui », « il y a trois jours »)
- L’énonciation donne les conditions nécessaires aux modalités de
phrases ex : l’interrogation = énonciation construite pour susciter
une « réponse » « je » demande et « tu » dois satisfaire à
l’obligation de répondre dans la presse écrite, les titres interrogatifs
n’exigent pas une réponse des lecteurs, ils anticipent en fait une
question du public, l’injonction = ordres impliquant un rapport vivant
et immédiat du locuteur à l’allocutaire dans la presse écrite, les titres
injonctifs fonctionnent comme un conseil ou comme un pense-bête
informatif, l’assertion = vise à communiquer une certitude
, - À l’écrit, les termes déictiques (qui permettent de désigner) ne peuvent
pas fonctionner de manière autonome ex : effacement d’adverbes
comme « ici » et préférence pour un centre déictique élargi commun à
tous comme « dans tout le pays », « sur la côte » et plus objectives
comme « à 2h d’avion de Paris »
- Modifications du centre déictique à l’écrit : décalage du centre
déictique temporel le rédacteur projette le centre déictique
temporal au moment de lecture, l’éloignant ainsi du moment d’écriture
de l’article (ex : « aujourd’hui » du point du vue du lecteur correspond
parfois à ce qui devait se dérouler hier pour le rédacteur), extension
du centre déictique temporel en fonction de l’attention portée à
un évènement (ex : « la semaine dernière », « ces deux derniers
jours »), modification du centre déictique personnel (le « je »
reste essentiel à l’écrit mais s’indexe sur la signature, non sur le corps
d’un locuteur en chair et en os très rare dans la presse écrite car
souci d’objectivité et parfois remplacé par des tournures
impersonnelles)
- « On » est un pronom nominal, toujours sujet, qui réfère directement à
un être humain indéterminé, plusieurs significations « On » = tout le
monde, « on » = certaines personnes dont vous, lecteurs, faites partie,
« on » = certaines personnes dont moi, énonciateur, fait partie sans le
reconnaître, « on » = certaines personnes avec qui, moi, énonciateur,
ne suit pas d’accord mais que je ne veux pas nommer
- Même si rare dans la presse écrite, « je » peut se maintenir dans les
genres du commentaire où le scripteur doit construire son identité
énonciative « je » = marque d’engagement et de sincérité
- Dans la presse écrite qui prétend au sérieux, effacement du « vous »
le lecteur est représenté par de la non-personne à laquelle il est libre
de s’identifier ou non (ex : le consommateur, les touristes…) + le
« vous » est parfois implicite (ex : « À Stuttgart, impossible
d’éviter… » = c’est une façon de ne pas écrire « Vous ne pourrez pas
éviter… »)
- Dans la presse de proximité, forte injection du « vous » ex : titres de
rubriques comme « votre santé », « vos vacances » ou bien impératif
comme « Apprenez à sauver des vies ! » + possibilité de travestir le
« vous » en 1ère personne (ex : « Couple : J’évite les pièges »)
Conclusion étape
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