Cette fiche complète résume entièrement l'ouvrage fondamental d'Henry Kissinger sur la diplomatie au cours du XIXe, XXe et du début du XXIe siècle.
Elle utilise un code couleur, des insertions de pages pertinentes, des citations ainsi qu'un résumé chapitre par chapitre de cet ouvrage clas...
Notions et définitions abordées (non-exhaustives) :
L’approche isolationniste et l’approche missionnaire des US
La Réforme (protestante), amorcée au XVIe siècle, est une volonté d'un retour aux
sources du christianisme et aussi, par extension, un besoin de considérer différemment
la religion et la vie sociale. Luther est le premier à avoir lancé ce mouvement, suivi
notamment de Calvin en France. L'adoption de la Réforme a aussi un caractère
politique. C'est un moyen pour les princes d'affirmer leur indépendance face à
une papauté revendiquant une théocratie universelle ou pour les populations de
pouvoir se révolter face à un souverain mal accepté comme en Écosse et aux Pays-Bas
espagnols. La Réforme se traduit donc au XVIe siècle par de nombreux conflits, entre
l'empereur Habsbourg et les princes allemands mais aussi des guerres civiles
en France, en Angleterre et en Écosse.
La raison d’État est le principe selon lequel un État s'autorise à violer le droit et la loi
au nom d'un critère d'intérêt supérieur. Cette notion sera remplacée par la notion de
Realpolitik. C’est aussi l’idée que les relations entre les États sont déterminées par la
force brute et que le plus fort l’emporte.
Traités de Westphalie (1648) qui ont mis fin à la guerre de Trente Ans qui a saigné à
blanc l’Allemagne et qui a donc entraîné l’émiettement politique de celle-ci. Les deux
grands vainqueurs sont la Suède et la France (désormais sans rivale en Europe
occidentale). La Russie était jugée trop faible pour être représentée.
Guerres napoléoniennes : de 1802 à 1815, Napoléon voulait étendre la taille de
l’Empire français et a donc mené de nombreuses batailles (Ulm (1805), Austerlitz
(1805), Iéna (1806), Friedland (1807), Wagram (1809), Trafalgar (1805), Waterloo
(1815) contre les Alliés (Royaume-Uni, Autriche, Russie, Prusse, Espagne, Suède
etc.). L’issue de ces guerres fut la Victoire des Alliés, le Congrès de Vienne, la chute
du Premier Empire, l’abdication de Napoléon Ier, le renversement des équilibres des
puissances en Europe, la création de la Sainte-Alliance (Autriche, Prusse et Russie), la
montée progressive du libéralisme et du nationalisme en Europe et la Pax Britannica
(période de paix pour l’Empire britannique grâce à sa suprématie sur les routes
maritimes).
Citations : « L’homme d’État n’a droit qu’à une seule réponse, ses erreurs sont
irrattrapables »
« Le rôle des US n’est pas de prouver notre altruisme, mais notre grandeur » Wilson
« La puissance sans la légitimité rend l’épreuve de force tentante ; la légitimité sans la
puissance suscite des gesticulations »
« Les ordres internationaux stables ont un handicap majeur : ils sont quasiment incapables
d’envisager l’éventualité de leur disparition »
« J’ai l’impression d’ouvrir la porte d’une pièce sombre, inconnue, sans savoir ce qu’il y a
derrière » Hitler quelques heures avant l’invasion de l’Union soviétique
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,« La victoire signifie que notre système social a triomphé, que le système social soviétique a
subi l’épreuve du feu avec succès et a prouvé son entière vitalité » Staline en 1946
Résumé de l’œuvre
1. Introduction : Le nouvel ordre mondial
Au XVIIIe siècle, la Grande-Bretagne définit la notion d’équilibre des forces qui domina la
diplomatie européenne pendant les deux siècles suivants, au XIXe l’Autriche de Metternich
reconstruisit le Concert européen (soit un ensemble de principes, de règles et de pratiques qui
contribuent à partir de 1815 à maintenir l’équilibre entre les grandes puissances et à épargner
à l’Europe un nouveau conflit généralisé. Le système instaure un certain multilatéralisme, qui
s’exprime à travers congrès et conférences, et qui repose sur des valeurs de civilisation
partagées. Il trouve ses limites, à partir des années 1860, dans la montée en puissance de la
Prusse, la mise en place d’alliances contraignantes en temps de paix et dans les évolutions
profondes d’une diplomatie de plus en plus mondialisée) et l’Empire allemand (ou Prusse
avant 1871) de Bismarck le démantela : la diplomatie européenne devint alors un jeu
impitoyable de politique de puissance.
Quant à l’approche conceptuelle, les États-Unis et leur histoire (et leur arrivée dans l’arène de
la politique mondiale en 1917) donneront suite à deux approches fondamentales : l’approche
isolationniste et l’approche missionnaire. Bien qu’elles soient contradictoires, elles relèvent
d’une même conviction, celle selon laquelle les US possèdent le meilleur système de
gouvernement au monde et que le reste de l’humanité devrait abandonner sa diplomatie
traditionnelle pour vénérer le modèle américain de démocratie et de droit international afin de
parvenir à la paix et à la prospérité.
Quant à l’Europe, où différents États plus ou moins forts choisirent de former une union,
seules deux issues sont possibles pour l’avenir de cette union : soit l’un de ces États devient
plus fort que les autres, les domine et construit ainsi un empire ; Soit les prétentions du
membre le plus fort sont tenues en échec par l’action conjuguée des autres, càd par un
équilibre des forces.
Un seul atout commun peut être trouvé aux deux ordres internationaux les plus stables (celui
du Congrès de Vienne et celui qu’imposèrent les US après la WWII) : une certaine manière
de voir les choses. Pour le Congrès de Vienne, les hommes d’État étaient des aristocrates
s’accordant sur les mêmes principes de base tandis qu’en 1945, les dirigeants états-uniens
étaient issus d’une même tradition intellectuelle.
2. La charnière : Theodore Roosevelt ou Woodrow Wilson
Roosevelt (1858-1919, président de 1901 à 1909) analysait l’équilibre des forces avec
beaucoup de justesse ; selon lui, les US devaient jouer un rôle international car l’intérêt de la
nation l’exigeait et que lui-même ne pouvait envisager l’équilibre mondial sans les US.
Wilson (1856-1924, président de 1913 à 1921) attribuait aux US un rôle messianique : il
incombait au pays non pas de travailler à l’équilibre des forces mais de répandre dans le
monde entier les principes qui le gouvernait. Aujourd’hui encore, c’est principalement
l’idéalisme wilsonien qui a inspiré et qui inspire toujours la présidence états-unienne.
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, Vis-à-vis de la poussée vers l’ouest aux US, James Madison (1751-1836, président de 1809 à
1817) estimait que la guerre était la source de tous les maux du pays et que les armées étaient
« les instruments conçus pour imposer au plus grand nombre la domination de quelques-
uns ». Son successeur, James Monroe (1758-1831, président de 1817 à 1825), ne voyait
aucune contradiction à défendre l’expansion vers l’ouest. La doctrine Monroe, énoncée en
1823, transformait l’océan Atlantique séparant l’Amérique de l’Europe en une véritable
douve : jusqu’alors, la règle cardinale des US était de ne pas s’occuper des affaires des
Européens. La doctrine Monroe fit un pas en avant : désormais, l’Europe n’avait pas à se
mêler des affaires américaines.
D’un point de vue militaire, en 1880, les États-Unis entreprirent de bâtir leur marine qui à ce
moment était plus faible que celle du Chili, du Brésil ou de l’Argentine. Roosevelt appliqua
rapidement la logique de la doctrine Monroe : par différents procédés, en 1906, les US mirent
la main sur la République dominicaine, Cuba, le Panama et Haïti. Roosevelt fondait son
approche des relations internationales sur le réalisme géopolitique et non sur un noble
altruisme. Dans les faits, Roosevelt l’emportait largement sur Wilson grâce à son
argumentation mais un siècle plus tard, c’est bien Wilson qui façonna la pensée américaine.
C’est l’étendue de l’influence géopolitique de l’Allemagne, et non ses transgressions morales,
qui aurait fourni le principal casus belli lors de la WWI.
De l’avis de Roosevelt, seuls les mystiques, les rêveurs et les intellectuels soutenaient que la
paix représentait l’état naturel de l’homme et qu’un consensus désintéressé pouvait la
préserver. Pour lui, la paix était foncièrement fragile et ne pouvait être sauvegardée que par
une vigilance de chaque instant, par les armes des nations fortes et par des alliances entre des
nations animées des mêmes idéaux.
3. De l’universalité à l’équilibre : Richelieu (Principal ministre sous Louis XIII),
Guillaume d’Orange (Roi d’Hollande puis d’Angleterre, d’Irlande et d’Écosse) et
Pitt (Premier ministre de Grande Bretagne)
Ce que les historiens appellent aujourd’hui l’équilibre européen naquit au XVIIe siècle de
l’effondrement définitif de l’idéal médiéval d’universalité : un ordre du monde dans lequel se
mêlaient les traditions de l’Empire romain et celles de l’Église catholique. On imaginait le
monde à l’image des cieux : un seul Dieu régnait au ciel, un seul empereur devait donc
gouverner le monde séculier, et un seul pape l’Église universelle.
C’est dans cet esprit que les États féodaux de l’Allemagne et de l’Italie du Nord se
regroupèrent sous l’autorité du Saint Empire romain germanique.
À cette époque, La Réforme donna aux princes rebelles une nouvelle liberté d’action, tant sur
le plan religieux que sur le plan politique. Brisant avec Rome, ils rompaient avec
l’universalité religieuse et leurs luttes contre l’empereur Habsbourg prouvèrent que la fidélité
à l’empire avait cessé d’être pour eux un devoir religieux. L’idée d’unité s’effondrant, les
nouveaux États de l’Europe cherchèrent un principe quelconque à partir duquel justifier leur
hérésie et régler leurs rapports. Ils le découvrirent dans les concepts de raison d’État
(principe selon lequel un État s'autorise à violer le droit et la loi au nom d'un critère d'intérêt
supérieur) et d’équilibre des forces.
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