C’est le chapitre qui conclut l'œuvre de Machiavel, il s'adresse directement à
Laurent de Médicis et résume pourquoi il pense que c'est à lui de réunifier l'Italie,
territoire divisé en plusieurs pays, qui aurait donc besoin de l'arrivée d'un homme vers
qui se tourner. C’est un texte patriotique, le moment est difficile puisqu’il n’y a pas de
virtuose à ce moment. Machiavel expose et défend un principe de guerre qui serait
justifiée car les circonstances opportunes sont réunies, un combat mené par Laurent
de Médicis pour réunifier l'Italie divisée entre les terres de l'Église catholique, les
Royaumes vénitien, napolitains, genevois, etc. Il compare Laurent de Médicis à un
messie, qui aurait reçu de nombreux signes tel Moïse, d'où le fait qu'il pense qu'une
guerre serait juste. Le Prince doit saisir le moment opportun qui se présente à lui pour
réunifier l'Italie (kaïros chez Aristote), c’est une de ses caractéristiques. Pour
Machiavel, l’analyse historique montre clairement qu’un certain facteur est nécessaire
à l’apparition des grands hommes : une oppression, une perte d’unité, et il observe
que ce facteur est la caractéristique de l’Italie du XVe siècle et du début du XVIIe
siècle.
« Juste en effet est la guerre pour ceux à qui elle est nécessaire, et saintes sont les
armes lorsqu'il n'y a plus d'espoir qu'en elles » Le Prince, Machiavel.
La guerre ne semble pas être mauvaise ici si elle se déroule dans le but de
réunifier les contrées italiennes, Machiavel la considère comme une mission divine (le
pape est un Médicis au moment de l'écriture du Prince), préparée par Dieu, et qui ne
demande qu'à être accomplie par Laurent de Médicis. Cette notion de libre-arbitre
laissée par Dieu montre que pour Machiavel, principauté et religion ne sont pas
dissociés. Une guerre « sainte » (car acceptée par Dieu) symbolise un pouvoir de type
tyrannique, un individu s'emparant du pouvoir sans droit légitime de descendance sur
le trône d'un territoire. Le tyran est la personne la plus qualifiée pour réunir l'Italie, il
faut donc pour Machiavel que le souverain exerce une certaine autorité sur le peuple,
passant notamment par la crainte du tyran (Chapitre XVII du Prince). Machiavel a donc
ici énoncé les valeurs qu'un Prince doit attendre de son armée, sa vertu politique : pas
nécessairement morale car il peut faire la guerre (même s'il doit conserver le respect
de son peuple par sa moralité apparente), mais il doit surtout être capable de
conserver le pouvoir selon un mélange de domination de son peuple et de respect de
celui-ci envers lui, et en agissant au moment le plus opportun, ainsi qu'en réformant
ses troupes pour une armée plus puissante.
Éléments positifs : la fortuna est du côté de l'unification de l'Italie, les italiens
sont prêts à être fédérés pour peu que quelqu'un se décide à le faire. Elle démarque
les limites de la maîtrise humaine et aussi grande que soit la virtu d’un acteur
politique, elle n’explique pas tout : Machiavel montre que la réalité crée des
contingences que l’on ne peut déduire ou anticiper avec certitude. On parle même
d'italianité/vertu italique, sentiment d'être italien. Le chef n'est pas virtuose, mais il y
a un déplacement de la virtuosité du chef vers le peuple, qui a compris qu'il est italien
(et non romain, génois, vénitien…).
L'armée dans Le prince :
Chapitre XV : Pour Machiavel l'art politique est l'art de la guerre, pas forcément un
prince qui est en guerre, mais un prince prêt à faire la guerre (ruse).
Chapitre XII : Comment fonder un régime pérenne ? Lors de la fondation d'un État, les
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, armes sont les plus importantes car la loi en elle-même est impuissante, la loi a besoin
d'être défendue, il faut réprimer ceux qui ne la respectent pas. Raison logique et
chronologique : il faut coaliser un peuple généralement de force, et ensuite faire
respecter l'œuvre législative. Il légitime ainsi sa perspective sur la politique, dans
laquelle il ne parle que des armes. On trouve écho de cela chez Pascal, avec la
coutume du caractère relatif des lois, les lois masquent toujours des rapports de force.
Les principaux animaux chez Machiavel sont le lion et le renard, le renard l'emportant
immanquablement (paradoxe car le lion a la force), car il est aussi la figure de la loi :
elle est une ruse pour l'emporter sur la force pour Machiavel. Le prince a un intérêt
pragmatique à instaurer des lois. La ruse est ce qui donne de la force aux faibles, mais
seulement si le fort ne réagit pas. La ruse est donc la capacité à capter la force de
l'autre, et donc quelqu'un de rusé est quelqu'un qui parvient à susciter de la crainte
chez celui qu'il craint, en le faisant douter, rendant donc le lion impuissant. La
première chose que fait quelqu'un de rusé est qu'il évalue précisément son
adversaire, mais le problème d'une force est qu'il y a un bon moment pour qu'elle
agisse, la force doit agir avant que la ruse trouve le moyen de la capter. Mais dès que
la force temporise, alors la ruse perd (illustration d'être toujours prêt à la guerre, il
faut être prêt à la guerre et faire la guerre avant que d'autres n'attaquent, pour ne pas
être soumis à la force). Pour Machiavel, même en étant faible il faut attaquer pour
faire croire que l'Etat est fort.
Chapitre XVIII : le fort se laisse ruser car les gens (et les princes) en restent à
l'apparence des choses, donc ils ont peur de l'attaquant, et ne sont pas du tout
capable d'analyser qu'ils ont une armée plus forte. Les gens voient ce qui apparaît et
non ce qui est. L'attaque est une forme de spectacle, et le spectacle répond à la
double fonction de la ruse : se faire craindre et donner confiance aux siens. La loi se
soutient par la force, il n'y a pas de loi sans le soutien de la force : une loi sans
menace de punition n'est pas respectée. La loi produit la crainte. Avec l'instauration
de lois, je cesse de craindre pour moi, la loi a une vertu protectrice, et Machiavel
étudie la dictature, mouvement politique précis chez les romains, c'est quand le
Parlement prononce un état d'urgence temporaire lié à des circonstances
exceptionnelles, et y oppose ce qu'a fait César en détruisant la dictature et instaurant
la tyrannie. Une excellente utilisation de la ruse est quand une force s'appuie sur la loi,
et de ce point de vue-là, la loi dissimule la force, la canalise, et la capte.
Pour Machiavel, il n'y a pas de politique violente durable. La loi correspond aux désirs
du peuple. Finalement, pour Machiavel, la ruse suffit pour accéder au pouvoir, et y
rester, car le Prince est capable de masquer sa faiblesse éventuelle sous des lois
favorables. Le virtuose est aussi capable de capter la force de l'autre.
Chapitre III : Il faut toujours attaquer en premier, vaut pour l'intérieur et l'extérieur.
Dès qu'il y a un désordre, il faut y remédier tout de suite, car il va s'augmenter si on
diffère la réaction. Il faut armer ses sujets, armer le peuple pour créer un sentiment
commun, lui faire confiance, l'unifier.
Chapitre XVII :
Il manque l'unification de l'Italie, et le sentiment d'unité. Pour résoudre les
problèmes contemporains de l'Italie, il faut mettre en place une discipline, des ordres,
càd des lois militaires, car le rythme de la vie des sujets dépend de la guerre, en étant
soldat les hommes apprennent à être ordonnés. Il faut des hommes simples, rudes et
soumis aux lois. Tout homme n'est pas forcément un soldat, c'est la faute du prince,
c'est parce qu'il n'a pas su créer de sentiment commun.
Machiavel propose une restructuration des effectifs militaires italiens, après une
étude sur ceux de ses voisins, car il considère que les échecs répétés d'hommes
comme César Borgia de réunifier l'Italie sont dus à une inefficacité des techniques
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