On appellera cinéma noir américain, celui où les films sont produits ou au moins réalisés par des noirs,
définition parfois sujette à débat.
Ancré dans sa société, le cinéma noir américain n’a cessé d’évoluer depuis les années 70 et de changer de
tons. En lien direct avec ses dirigeants politiques et les moeurs de son époque, il raconte, crée et frappe la
société qu’il subit parfois autant que les acteurs qui le font, ou ses protagonistes, érigés en porte parole des
combats. Lorsque l’on plonge dans la filmographie des oeuvres afro-américaines, il apparaît très
clairement le besoin de raconter, de sortir du silence les années d’esclavage qui ont marqué l’Histoire du
pays et de rendre hommage aux victimes, aux héros et aux figures marquantes de cette période. Le cinéma
comme devoir de mémoire dans les heures les plus sombres de l’Histoire, des films de guerre aux films
d’esclavage, les drames humains ne font pas toujours de bons films mais ont le mérite de créer du débat et
des émotions, souvent contradictoires.
S’emparer de sujets aussi sensibles, c’est aussi prendre un risque et se mettre en danger lorsque l’on est
artiste. Mais là où les films noir-américains restent pertinents, c’est dans la vérité et la réalité que retracent
les scénaristes ou réalisateurs, ayant souvent à coeur de rendre hommage à leur communauté. Rétablir la
vérité alors, défendre ses droits aussi, puis lutter surtout. C’est ainsi qu’ils ont fait du cinéma, montrer ce
qui était caché ou oublié, en rappelant quelle était la réalité.
Dans les années 70, le cinéma afro-américain connaît son âge d’or avec les films de la Blaxploitation. Les
Noirs y sont alors totalement revalorisés dans des premiers rôles et bien que beaucoup soient réalisés par
des cinéastes blancs, quelques figures marquantes émergent. Gordon Parks fait le premier film
hollywoodien avec Les sentiers de la violence puis enchaîne avec Les nuits rouges d’Harlem. Les genres se
mélangent, beaucoup de séries voient le jour dans lesquelles la violence a une part importante. L’époque
cinématographique reflète la lutte des années 60-70 pour les droits civiques, et les films sont empreints de
l’ambiance qui règne dans cette Amérique raciste : les Noirs sont tués par la police ou jugés injustement
coupables d’actes criminels. Même lorsque les films visent à divertir, ils sèment subtilement ou non, leurs
revendications et colères. Que ce soit dans des films d’action, ou dans des comédies plus légères, on peut
alors difficilement séparer les films afro-américains de la situation vécue par la communauté tant les deux
sont liés.
Les années 70 voient tout de même ce qui peut être considéré comme le premier film véritable sur
l’esclavage avec Mandingo, de Richard Fleischer. Ce film n’hésite pas à donner la vérité en plein visage au
spectateur. Fleischer n’hésite pas et présente la monstruosité d’une époque avec une honnêteté abjecte mais
réelle.
Après avoir connu une période plutôt calme où la naissance des blockbusters aura fait mal à la production
des films afro-américains, l’Amérique verra alors de nouveaux visages émerger avec l’un de ceux qui ne
quittera pas le pays de si tôt, Eddie Murphy.
En 1986, Spike Lee réalise son premier film avec Nola Darling n’en fait qu’à sa tête dans lequel il fait
s’affranchir une femme de toutes les contraintes qu’on lui impose. Dans ce manifeste féministe, Spike Lee
pose les points de départ de son cinéma contestataire et intelligent à la base du New Jack Cinema des
années 90. Très vite, ces années là donnent la parole aux ghettos jusqu’à présents assez méprisés au
cinéma. Do the right thing, Boys N the Hood, New Jack City, que ce soit dans les images ou les dialogues,
les films noirs s’urbanisent et n’ont plus peur de montrer la vie des ghettos. Cette vague de jeunes
réalisateurs rafraîchit le cinéma afro-américain en apportant un autre ton, pas moins enragé que
précédemment, mais dans une quête de la justice un peu différente. Si l’avant Reagan était marqué par
davantage d’optimisme et d’héroïsme, ici, on sent au contraire la révolte pure. Les années ont passé, les
gouvernements réprimants également, et rien n’a changé, si ce n’est empiré. Les années 90 voient alors un
repli communautaire se former, les émeutes éclatent et le cinéma est en colère. Les personnages réclament
justice et n’ont plus peur d’aller directement au front avec le gouvernement ou ceux qui les oppriment
quotidiennement. Là où la Blaxploitation était une libération des années de silence, le New Jack Cinema
est une période de rage et de violence où la vie dans les quartiers noirs est dépeinte au plus près de la
réalité et des rancœurs populaires et communautaires.
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