Ce cours traite des différentes Corée : Corée du Sud, Corée du Nord et les diasporas coréennes dispersées à travers le globe. Il passe en revue leurs histoires, leurs spécificités ainsi que les différentes manières de voir et d’aborder la Corée - ou plutôt les Corées.
Mercredi 21 septembre 2016, professeur Thévenet Stéphane.
Les 3 Corée désignent la Corée du Nord, la Corée du Sud et les différentes
diasporas étendues dans le monde entier. La culture coréenne est très difficile
à définir : qui peut être appelé coréen ? En quoi la culture coréenne consiste-t-
elle ? N'existe-t-il qu'une seule culture ? Toutes ces interrogations sont
essentielles dans ce cours pour savoir distinguer ce que les médias diffusent et
la réalité des choses, comprendre pourquoi les différents médias donnent de
telles images à telle population et interroger l'envers du décor des films,
dramas, et musiques populaires coréennes.
Nous pouvons donner un exemple permettant d'illustrer l'existence de
plusieurs cultures coréennes : le 김장, qui désigne la coutume de fabrication et
de partage de kimchi par un grand nombre de personnes. Le 김장 du Sud a été
inscrit au patrimoine culturel et immatériel en 2013, tandis que celui du Nord a
été inscrit au patrimoine culturel et immatériel en 2015. Cette coutume, à la
base la même, a été déclinée en tellement de variations qu'il est faux de dire
qu'il existe une seule manière de préparer des kimchis.
Mercredi 28 septembre 2016, professeur Thévenet Stéphane.
Source : Article de Marie-Orange RIVE-LASAN, « La péninsule coréenne, source
d'incompréhension », 2013
Les divisions des 3 Corée sont assez récentes (fin XIXe – XX e siècle). Les
tensions étaient auparavant intra-régionales mais la péninsule gardait tout de
même une unité culturelle, politique et linguistique. À partir donc de la fin du
XIXe siècle, il y a un profond désir d'indépendance et de valorisation de sa
propre identité culturelle, principalement des deux Corée de la péninsule.
Nous assistons à un phénomène d'hypermédiatisation de la Corée, notamment
de la Corée du Nord. Les médias étrangers représentent la Corée du Nord
comme une menace militaire et nucléaire et occultent volontairement ses
autres aspects. Nous observons le même phénomène en Corée du Sud, surtout
avec la culture populaire, qui occulte ainsi par exemple l'aspect militaire du
pays.
Les 3 Corée sont donc les 2 états indépendants et divisés de la péninsule (la
République populaire démocratique de Corée et la République de Corée),
séparés au 38e parallèle, et les différentes diasporas. On compte à peu près 75
millions de coréens sur la péninsule (50 millions au sud et 25 millions au nord)
et à peu près 7 millions de populations d'origine coréennes d'après le
gouvernement sud-coréen.
La plus grosse diaspora est celle de Chine, les 조선족, qui sont regroupés
principalement dans la province de Jilin (frontalière avec la Corée du Nord),
préfecture de Yanbian (연변). C'est l'une des 55 minorités chinoises, qui compte
à peu près 2,5 millions de chinois d'origine coréenne. Dans cet espace, il y a
des territoires qui appartenaient auparavant à la Corée sous les anciens
royaumes.
La seconde plus grosse diaspora est celle regroupée aux Etats-Unis, qui compte
plus de 2 millions de personnes. C'est une diaspora beaucoup plus récente que
, toutes les autres.
La diaspora la plus connue est sans doute celle d'Asie centrale, les 고려사람 ou
고려인. Leur population varie entre 450 et 500 000 représentants selon les
chiffres, dans les pays majeurs comme l'Ouzbékistan, le Kazakhstan, le
Kirghizstan et la Russie. On compterait à peu près 174 000 personnes en
Ouzbékistan, 105 500 au Kazakhstan et 18 400 au Kirghizstan. Ces individus
sont issus de la déportation massive organisée par Staline, qui voulait peupler
les steppes de l'Asie centrale sous l'URSS mais également pour les éloigner de
la Corée, puisqu'il les considérait comme une menace, les prenant pour des
partisans japonais.
Nous pouvons également évoquer la diaspora japonaise, les Zainichi. Ils sont
plus de 900 000 à l'heure d'aujourd'hui, descendants de déportés et de
personnes ayant volontairement migré vers le pays voisin. Ces personnes ont
cependant un problème d'identité, surtout celles qui sont arrivées sur le
territoire japonais avant la division des deux Corée et qui n'ont pas pris parti ni
pour l'une, ni pour l'autre, se retrouvant ainsi apatride puisque la nationalité
japonaise est extrêmement compliquée à avoir, notamment à cause du
racisme.
한국말 / 조선말 ?
Les langues sud-coréenne et nord-coréenne sont grosso modo la même langue,
mais avec des différences assez notables au niveau surtout lexical (un peu
comme le français et le québécois). Les principales raisons de ces divergences
sont expliquées par la différence de politique dans l'introduction des mots
étrangers, notamment anglais et chinois (la Corée du nord a effectué une
purification et une coréanisation de la langue après la création de l'état), et le
poids de l'idéologie communiste dans la langue nord-coréenne. Prenons un
exemple concret : la plupart des mots d'origine sino-coréenne commençant par
ㄹ seront orthographiés au sud avec un ㅇ si il est placé avant les voyelles ㅣ,
ㅓ, ㅕ et avec un ㄴ devant les autres voyelles, alors qu'au nord le ㄹ sera
conservé.
Exemple : Le président Lee Myeongbak sera orthographié au sud comme 이명박
et au nord comme 리명박, ou le mot 여자 (qui vient du caractère chinois 녀 ) sera
conservé comme 녀자 au nord.
Mercredi 5 octobre 2016, professeur Thévenet Stéphane
Le problème des romanisations
Il existe 2 systèmes de romanisation officiels au sud, et un au nord, mais ce ne
sont pas les seuls systèmes au monde. Le système McCune-Reischauer a été
inventé par George M. McCune et Edwin Reischauer en 1937 et a été utilisé de
1984 à 2000 en Corée du Sud. De nos jours, il est en grande partie utilisé par
les chercheurs. Le système nord-coréen ressemble beaucoup au système
McCune-Reischauer, sauf qu'il ne comporte pas de signes diacritiques.
La romanisation revisitée est le système sud-coréen utilisé depuis 2000.
La romanisation de l'université de Yale a été inventée en 1942 et est un
système de translittération (chaque lettre correspond à un jamo).
La romanisation de la bibliothèque nationale de France est un système opaque
et étrange, qui est utilisé uniquement pour les livres qu'elle propose.
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