Fiche de lecture Les Lettres persanes Montesquieu 1721
En mai 1721, dans les gazettes et dans les salons de Versailles on ne parle plus que d’un livre
paru en Hollande sous le titre Les Lettres persanes. L’anonymat de l’auteur est vite percé et
Montesquieu réussit une fracassante entrée sur la scène littéraire.
Mouvement Littéraire :
Montesquieu s’inscrit dans le courant littéraire des Lumières. Cela désigne le mouvement
culturel et philosophique qui a dominé, en Europe et en France, le XVIIIe siècle qui est
d’ailleurs devenu le siècle des Lumières. Les penseurs, les scientifiques et les écrivains ont
marqué cette époque par leur esprit critique. Ils voulaient éclairer, par la "Raison" , la
réflexion et l’expérimentation, une humanité, qu’ils disaient, plongée aussi bien dans les
"ténèbres" de l'ignorance, que dans l’"arbitraire" politique, aveuglée par l’"obscurantisme", la
"superstition" et le "fanatisme" religieux autant que par les "préjugés" moraux.
Les membres de ce mouvement, se voyaient comme une élite avancée travaillant pour le
progrès de l'humanité. Ils refusent de reconnaître, sans preuve ce qui était affirmé par les
« anciens » et les coutumes. Ils ont procédé à un renouvellement des connaissances
scientifiques, et à une refondation de l’éthique et de la société de leur temps. L’influence de
leurs écrits a été déterminante dans les grands événements de la fin du XVIIIe siècle que sont
la Déclaration d'indépendance des États-Unis d'Amérique et la Révolution française.
La figure idéale des Lumières est le philosophe, qui est un homme de lettre dont la fonction
sociale est d’exercer sa raison dans tous les domaines pour guider les consciences, prôner une
échelle de valeurs et militer dans les problèmes d’actualité comme le fait Voltaire lors de
l’affaire Calas. C’est un intellectuel engagé qui intervient dans la société, voici la définition
qu’en fait Diderot : un « honnête homme qui agit en tout par raison » (Encyclopédie), « qui
s’occupe à démasquer des erreurs ». Montesquieu déclare dans la préface de L’Esprit des lois
« Il ne s’agit pas de faire lire, mais de faire penser. »
Parmi les figures des Lumières certains ont critiqué :
-La politique : comme dans Le mariage de Figaro, paru en 1778, où Beaumarchais critique et
dénonce les privilèges de l’aristocratie et donc les injustices sociales.
, -La condition des femmes : ainsi dons son œuvre Sur l’admission des femmes au droit de cité
publiée le 3 juillet 1790, Condorcet démontre les inégalités que subissent les femmes.
-La religion : notamment grâce à Voltaire et son conte philosophique Micromégas.
-L’esclavage et la colonisation :comme Denis Diderot dans le Supplément au voyage de
Bougainville, ou Voltaire dans Candide.
-La justice et l’injustice : comme dénonce Jean Jacques Rousseau dans Les Confessions en
1782.
Contexte politique :
A la mort de Louis XIV en 1715, le régime politique en France est une monarchie absolue de
droit divin, où tous les pouvoirs sont concentrés dans les mains du roi, qui exerce une censure
sur tous les écrits qui lui sont défavorables. C’est pourquoi, un certain nombre de philosophes
vont détourner cette censure par des genres littéraires différents : romans épistolaires, contes
philosophiques ou récits d’aventures. La régence puis le règne de Louis XV vont entraîner
des changements dans la société française avec un déclin de la noblesse et une montée en
puissance de la bourgeoisie. Cette dernière détient le pouvoir économique et financier et
cherche à détenir un certain pouvoir politique, pour se faire elle envoie ses enfants dans les
meilleures écoles, et cela va constituer une élite intellectuelle. De plus, les penseurs ne sont
plus à la cour du roi (qui est de plus en plus libertine et frivole) mais dans les Salons littéraires
notamment celui de Madame Lambert qui l’aidera à devenir membre de l’Académie Française
en 1727. Au 18ème siècle naît donc un esprit nouveau, l'esprit philosophique, en rupture avec la
pensée traditionnelle d'un monde jusqu'alors dominé par la noblesse. La bourgeoisie impose,
peu à peu, ses idéaux: liberté et tolérance dans le respect de la personne humaine, foi en la
raison, développement des biens matériels qui doivent assurer le bonheur ici-bas. Les
philosophes transmettent ces idées nouvelles, sans mépriser pour autant le culte des passions
et de la sensibilité, annonciateur du 19ème siècle.
L’auteur et sa vie :
Il nait en 1689, dans une famille de la noblesse bordelaise. Il étudie chez les Oratoriens qui le
forment à une pensée plus moderne que celle des jésuites, c’est un haut lieu de la philosophie
de Descartes basée sur l’expérimentation et la réflexion, d’ailleurs beaucoup de
révolutionnaires seront passés par cette congrégation par exemple Robespierre. Il étudie