24/01/13 Semestre 2
THEORIES DU CINEMA
Les théories du cinéma depuis 1945, Francesco Casetti (commentaire sur les théories du
cinéma)
Avoir lu certains textes théoriques des auteurs cités. Placer dans la dissertation le commentaire
d’une théorie imposée.
Il existe 2 grandes théories qui représentent la matrice de penser, de manière diamétralement
opposée, du cinéma. Bazin et Eisenstein en sont les deux auteurs représentatifs.
La théorie du cinéma est aussi ancienne que le cinéma lui-même. En effet le cinéma n’est jamais
« née » au sens où il n’y aurait rien eut avant et d’un coup il apparaît. On parle plutôt d’émergence
du cinéma. Ce qui émerge autour de 1895 c’est le cinématographe.
Le cinéma c’est autre chose, c’est un langage, une rhétorique, un mode d’expression dont les outils
se mettent en place progressivement jusqu’à Griffith. Le cinéma en tant que mode d’expression
apparaît vraiment dans les années 1900. Les premiers textes théoriques apparaissent après la
première guerre mondiale parfois dans des pays où on ne l’attend pas. En occident, fin 1916, on a un
ouvrage phare qui essaie de penser le cinéma The photoplay : a psychological study d’Hugo
Minsterberg.
Très tôt on ressent (dans un certains milieux érudits) le besoin de comprendre, d’analyser, de
nommer ce que l’on voit à l’écran. La théorie du cinéma peut prendre des directions différentes :
optique psychologique (qu’est ce qui se passe chez un être quand il regarde un film ?), sociale,
économique…Il faut tout de suite remarquer la situation de concomitance entre l’émergence du
cinéma et des théories. Dans les autres arts, les théorisations sont beaucoup plus tardives (la
renaissance) que leur apparition (souvent datant de l’antiquité). Un art est théorisé à partir du
moment où il rentre en crise. De plus rares sont les artistes théoriciens aussi doués dans les 2
disciplines (Pissarro est un grand théoricien impressionnisme mais pas le plus grand peintre
impressionniste, pareil pour Alberti et la perspective). Dans le cinéma des grands cinéastes comme
Eisenstein, Bresson, Pasolini...sont aussi des théoriciens incontournables.
Comment fait-on de la théorie en général ?
La théorie c’est :
- Un objet (de quoi on parle ?)
- Une méthode (comment en parle-t-on, avec quels outils ?)
- La finalité (pourquoi ?)
La résolution de l’objet, la méthode et la finalité du cinéma est complexe.
Son objet :
Le mot cinéma recoupe des réalités différentes. Quand on parle de cinéma, parle-t-on de films ?
Dans ce cas théorie des films. Le cinéma peut-être également de l’industrie, la salle (« je vais au
cinéma »). La salle donne lieu a des problèmes politiques, économiques ou territoriales (les cinémas
ont des formes qui différent d’une époque à l’autre). Le cinéma peut aussi être traité d’un point de
vue sociologique si on s’intéresse au public. Polysémie du terme.
,Dans ce cours on fera de la théorie de films : Qu’est-ce que c’est qu’un film ? Les films promotionnels
passés dans les entreprises ou les colloques sont-ils du cinéma ? Films qui auraient le droit au nom de
films et d’autres pas ? Selon Christian Metz le cinéma c’est le cinéma de fiction. Si le film de fiction
est le film par excellence il y a 2 façons d’envisager le film de fiction. 2 types de conceptions du film
déclinées différemment :
1. Conception formaliste des films :
Cette distinction on la trouve expliciter dans un ouvrage de Krakauer la théorie du film de 1960. Les
formalistes mettent l’accent sur le film comme forme. Ils analysent les films, les images en terme de
composition, de construction visuelle et/ou sonore dans la continuité des arts visuels antérieurs
notamment de la peinture. C’est l’intervention subjective du cinéaste et de son équipe qui compte.
(Dans la peinture ce qu’on aime c’est tout ce que le peintre met en pus que ce que la réalité
propose). Cette conception met l’accent sur le caractère artificiel du cinéma. Les formalistes
considèrent le cinéma comme un intermédiaire stylistique entre la réalité et le spectateur.
2. Conception réaliste des films :
Les réalistes mettent l’accent sur la transparence photographique du médium. Pour eux, la capacité
novatrice du cinéma c’est sa puissance « reproductionnelle » de la réalité. Les meilleurs cinéastes
sont ceux qui interviennent le moins (le plan séquence chez Bazin). Les réalistes mettent l’accent sur
ce que l’on appelle l’ontologie du cinéma. Au cinéma on a à faire à une image qui nous montre les
choses telles qu’elles sont.
En peinture le tableau est une troisième réalité entre le spectateur et la réalité alors que l’image au
cinéma est le modèle. (On peut peindre sans que le tableau soit devant nous). En photographie on ne
peut pas faire ça. La tradition réaliste rompt avec la tradition picturale. Ici on parle de reproduction
cinématographique alors qu’on parle de représentation chez les formalistes.
Sa méthode :
Casetti distingue 3 grandes catégories, 3 grandes façons de penser le cinéma, dans son ouvrage.
Toutes ces pensées ont un point commun : on les appelle des théories. Qu’est-ce qu’une théorie ?
C’est une pensée organisée sous forme d’un système plus ou moins cohérent définit comme un
ensemble de thèses plus ou moins explicites et plus ou moins contraignantes. Ce système sert de
référence à un groupe d’individus pour comprendre et expliquer en quoi consiste un phénomène.
Pour qu’il y ait théorie il faut qu’il y ait un savoir qui se présente comme un patrimoine commun. Les
3 catégories distinguées par Casetti :
1- Théories ontologiques :
C’est le noyau dur de la religion cinéphile. Elle cherche à répondre à une question précise : Qu’est-ce
que le cinéma ? Qu’est-ce que le cinéma en tant que tel, dans sa pureté, son authenticité ? Théories
qui s’intéressent à l’essence du cinéma et à sa singularité par rapport à d’autres arts. Théories qui
sont souvent le fait de critiques de cinéma (individu qui ne viennent pas d’un autre champ
universitaire que le cinéma). Il existe 3 grandes catégories de théories ontologiques :
Le cinéma est réaliste
Le cinéma est un imaginaire
Le cinéma est un langage
2- Théories méthodologiques :
Théories qui interrogent le cinéma selon un point de vue particulier qui emprunte sa méthode à une
autre discipline de la connaissance (sémiologie, psychanalyse…). Réponds à la question : comment le
cinéma apparait-il sous cet angle-là ? Ces théories reposent sur le choix explicite d’une potique qui
, leur donne sa méthode. Là où les ontologistes cherchent ce qui est essentiel pour penser le cinéma,
les méthodologistes cherchent ce qui est pertinent. Essentiellement des textes universitaires.
3- Les théories de champs :
Elles vont être déployées par des intellectuels mais pas forcément dans le cadre universitaire mais
sous la forme d’un livre. Théories qui répondent à la question : Quels sont les problèmes non
cinématographiques que soulèvent le cinéma ? De l’ordre de la philosophie (Deleuze), l’économie, la
politique, l’histoire (Marc Ferro)…. (Théories de spécialités dans le livre de Casetti).
Tous les types de théories auxquelles Casetti fait référence sont des théories déductivistes qui
supposent l’existence d’affirmation générale.
Déduction -> affirmation générale au cas particulier (les maths)
Induction -> du cas particulier au général (physique)
Démarches inductives : partir de la pensée propre aux images sans présupposer une autre forme de
pensée. On travaille sur le hors-champs, le décentrement, le déconstruction de la perspective….
La finalité :
Qu’elle que soit le type de théorie, la finalité est toujours la même = clarifier une dimension propre
au cinéma. « La théorie du cinéma a-t-elle peur des films ? » sujet de l’année dernière.
I- Les théories ontologiques
1) Le cinéma est un réalisme
Le réalisme ontologique d’André Bazin en particulier. Trois textes conseillés :
-> « Ontologie de l’image photographique » 1945
-> « Le montage interdit » 1953-1957
-> « Défense de Rossellini » 1955
a- L’image photographique :
Bazin part assez logiquement du commencement : Le cinéma, c’est quoi ? Qu’est ce qui fait sa
spécificité ? Qu’est ce qui fait que ce n’est pas de la lanterne magique, du praxinoscope ou du dessin
animé ? L’originalité du cinéma comme art, ce qui fait qu’il ne peut pas être rabattu sur un autre art.
Théorie ontologique.
La réponse est claire selon lui : c’est son mode de production photographique, c’est-à-dire
enregistrer la réalité dans une série de photogramme statique. Rapport à la réalité extérieure et
référentielle contenu du mode d’enregistrement analogique de la photographie qui fait l’originalité
du cinéma. Le mouvement que le cinéma possède par rapport à la photographie ne vient pas
invalider cette thèse. Au contraire le mouvement vient conforter la relation entre l’image
photographique et la réalité (on pourrait dire que le mvt n’est pas photographique mais dans la
réalité il y a du mvt). Ce phénomène est appelé par Bazin de « vérité ontologique de l’image
photographique ».
Le cinéma est « l’art de la réalité » dit Bazin. C’est le plus court chemin de la réalité à la réalité.
L’image est la réalité. Bazin entend ontologie comme la science de la réalité matérielle (≠ de
