Philosophie des sciences et techniques de la connaissance
--- Edgar Morin et la théorie de la complexité ---
La pandémie est une application de la complexité car il arrive qqc que personne n’avait anticipé et comme tout le monde est relié,
tout le monde est impacté.
Edgar Morin : encore vivant (08/07/1921)
La connaissance est une renaissance : on prend qqc qui nous transporte et nous transforme.
Tout intellectuel se construit sur d’autres pensées : il est issu d’une tradition de pensée avec des gens qui l’ont nourri mais aussi
des gens qui l’ont fait réagir.
François Rabelais :
un individu n’a jamais trop de connaissances et d’informations : le cerveau est illimité et plus on apprend des choses, plus on
pense bien, moins on est manipulable.
Qu’on soit qqn de scientifique ou un citoyen on a toujours intérêt à se poser des questions.
« L’ignorance est mère de tous les vices. »
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. »
Gaston Bachelard : la formation de l’esprit scientifique (1934)
Avant toute solution nait la question.
Cf Einstein : sa plus grande qualité n’est pas les mathématiques mais le fait de s’être poser une question que les autres ne se
posent pas : si je chevauche un rayon lumineux est ce que je peux me voir dans un miroir ? Or il nous apprend qu’il y a une
courbure de l’espace et du temps.
Alors qu’on nous explique que les choses sont simples : il faut comprendre ce qu’est un pb complexe nous permet d’avoir un autre
rapport au monde.
PREMIERE PARTIE : La modélisation analytique
La simplification a été le corolaire de la pensée classique alors que Morin essaye de proposer une pensée complexe qui doit
dépasser cette pensée.
Descartes : « pour connaitre il est nécessaire de diviser chacune des difficultés que j’examinerai en autant de parcelles qu’il se
pourrait et qu’il serait requis pour mieux les résoudre »
Ex : une boite avec 1000 cailloux : je dois analyser chacun des cailloux individuellement donc il faut les connaitre
individuellement, collectivement
Pascal : « Que toutes choses causées et causantes, aidées et aidantes, sont par un lien naturel liées, et que je tiens pour impossible
de connaître le tout sans connaître les parties et les parties sans connaître le tout. »
Ordre, séparabilité et raison : les piliers de la « science classique »
- La notion d’ordre : conception statique, mécaniste et déterministe du monde ; tout désordre est le symptôme d’une
ignorance provisoire.
Tout ce que je ne sais pas jusqu’à présent je dis que c’est du désordre mais le but du scientifique est de trouver l’ordre du monde.
- La double notion de séparabilité :
o l’étude d’un phénomène peut être exclusivement réalisée en le décomposant en entités simples,
o Une réalité objective peut être observée sans tenir compte de son observateur.
Quels sont ces interactions et comment faire en sorte qu’elle génère qqc de positif ?
- La disjonction : principe de pensée qui isole les objets non seulement les uns des autres, mais aussi de leur
environnement et de leur observateur.
- La raison définit les principes de déduction, induction et d’identité (principe de disjonction : une chose ne peut pas être à
la fois « elle-même » et son contraire) comme instruments de preuves et de certitudes absolues.
Dépasser une pensée ne veut pas dire dissoudre ou annuler mais plutôt améliorer.
La modélisation analytique
- Le principe ontologique : serait vraie « une proposition qui décrit ainsi effectivement la réalité » : Le réel existe.
Ex : en science sociale tout n’a de sens qu’à travers une pensée subjective : la France existe parce que c’est une subjectivité
partagée par beaucoup de monde : il faut que les gens qui composent ce pays se reconnaissent comme appartenant un pays et que
les gens qui ne la compose pas la reconnaisse aussi.
Le réel est en grande partie construit. Le réel a de sens que par rapport au sens que je lui donne.
, - Le principe d’objectivité : Le réel existant par lui-même (principe ontologique), il est par conséquent indépendant du
sujet connaissant.
Sauf que l’on aborde toujours un pb avec un projet. Rapport très actif par rapport au choix des sujets que l’on traite. Cf les
scientifiques qui poursuivent tous un intérêt personnel à travers leurs recherches.
- Le principe de l’univers câblé : Le but de la science devient la description exhaustive du monde réel (plan de câblage),
par décomposition en autant de sous-parties que nécessaire (réduction).
Si le monde existe je l’étudie dans sa globalité et je pourrais prédire le monde.
- Principe de naturalité de la logique : Axiome de l'identité (A est A) et ce qui n'est pas, n'est pas (non A est non A) ;
Axiome de la Non Contradiction : (A est différent de non A), Axiome du tiers exclu (pas de troisième terme qui soit à la
fois A et non A). Chat de Schrödinger
Il y a des règles de logique qui doivent s’imposer tout le temps. Une ne correspond pas à Morin : le tiers exclus quand 2 opposées
sont forcément opposées et ne peuvent pas être complémentaires. Or lui il voit des opposée et essaye de rechercher à l’intérieur
des complémentarité.
Ex : principe et théorie : logique classique ; la mort et la vie ne sont pas opposées
- Principe de moindre action : entre deux théories, il faut prendre la plus simple (principe de parcimonie).
Méfions-nous de la simplification : trouver une sol simple à un monde complexe or par définition il n’y pas de solutions simples
dans un monde complexe. Or les gens préfèrent une solution simple pas efficace à une solution complexe efficace.
La pensée complexe
On s’est nourrit de ce qu’ils ont fait et on va aller encore plus loin que tous les angles morts de la pensée classique. Angle mort car
imposé par une façon de penser.
Objectif : « Surmonter les limites de la science classique », Morin (1977, 1980, 1986, 1991, 2001)
Réintroduire les notions de désordre, d’incertitude, il veut redonner une place centrale au sujet !
Rompre avec les oppositions entre :
- les disciplines, les paradigmes, les traditions de recherche, les objets et les sujets, l’objectivisme / le subjectivisme
- Relâchement de la réduction/disjonction
DEUXIEME PARTIE : La modélisation complexe
1- L’œuvre de Morin : portée générale
Œuvre analytique et prescriptive, distanciée et engagée, temporelle et intemporelle.
Un mouvement dialectique (thèse/antithèse/synthèse) : dans la synthèse il y a une disparition de la thèse et de l’antithèse.
Ex : Karl Marx : dictature de la bourgeoisie doit être remplacée par une dictature du prolétariat et qui devait déboucher à un
monde sans classe. Or on voit que la notion de classe et dissoute dans la dialectique Marxiste.
Morin : ne pas faire opposer mais plutôt que les classes sociales discutent entre elles.
Sa vie est en quelques sortes un mouvement dialectique :
- l’événement et la temporalité (Les stars -1957- L’esprit du temps -1962- Commune en France : La Métamorphose de
Plodemet -1967-, La rumeur d’Orléans,1969),
Qu’est-ce que je peux repérer comme mécanisme universel qui vont me permettre de mieux comprendre ce que je viens
d’étudier ?
- une étape intemporelle : (Le vif du sujet -1969-, La méthode tome 1 -1977-, tome 2-1980-, tome 3 -1986-, tome 4 -
1991-, tome 5 -2001-, tome 6 -2004-)
Cette méthode va essayer d’aller repérer la complexité, de fournir des guides d’analyse de la complexité dans différents endroits
du vivant. Il en développe ensuite une grille de lecture complexe en terminant par le Tome 6 : l’éthique comment améliorer le bien
commun par les outils développé pour affronter la complexité.
- une réintroduction de cette complexité intemporelle dans la contingence (pour sortir du XXème siècle -1981-, penser
l’Europe -1987-, terre patrie -1993-, La voie -2011-, le chemin de l’espérance, avec Stéphane Hessel -2011-).
Cette 3e étape est un mélange des 2 : comment la théorie de la complexité doit nous permettre d’améliorer notre compréhension du
monde pour pouvoir améliorer le monde ?
2- Du paradigme systémique…
Plusieurs influences :
- Leonard de Vinci et son ingénium : faculté mentale permettant de créer en associant ce qui est séparé :
Ex : le rock avec Elvis Presley : il a créé l’adolescence, avant lui ce n’était pas une population existante, il a donné corps à cette
population en inventant le rock. Son univers : blanc, pauvre, sud USA. Il a fait du blues, gospel, country et ça a fait du Rock.
L’interaction de tous ses éléments fait un terreau fertile qui fait que qqc émerge. Ils ont fait du neuf avec de l’ancien mais ont
surtout fait émergé qqc de nouveau.
, Les grands principes de la pensée systémique :
L’inséparabilité du sujet et de l’objet (rupture avec l’épistémologie positiviste ) :
- Processus circulaire de co-construction (Piaget, 1970).
Ex : cyclisme : Paris-Nice faire la course en moins de temps possible mais aussi de progresser en enchainant les kilomètres.
- La connaissance dépend du projet du sujet connaissant (Bachelard, 1934) : hypothèse téléologique.
Chacun a sa croyance et ses projets donc les scientifiques proposent chacun leur idées mais aussi pour améliorer leur carrière
les scientifiques ne sont pas en dehors des autres et restent intéressés.
- Son processus d’acquisition est lui-même une source de connaissance (Valéry, 1957).
o Piaget et structuralisme génétique
o
L’importance de la structure :
- système ouvert sur son environnement et composé d’éléments interdépendants qui interagissent (échanges, flux,
transferts…) et évoluent en fonction d’un projet identifiable.
- tout système qui n’échange pas avec son environnement tend à disparaitre (entropie, second principe de la
thermodynamique).
Ex : Corée du Nord va autant se détruire
La complexité est basée sur la nuance. A priori la complexité intègre les systèmes.
Les systèmes sont auto-organisateurs :
- possibilité de se stabiliser (boucles de rétroaction négatives) ou d’évoluer (Boucles de rétroaction positives ; cf. le
concept de structures dissipatives et de bifurcation, Prigogine et Stengers, 1979) en fonction des interactions avec leur
environnement et de leur finalité (Morin, 1977, p. 221).
- Plus encore, ils s’autoproduisent (auto poïese, Varela, 1979).
Mais ne peuvent pas se fermer sinon ils vont disparaitre.
3- A la pensée complexe
Morin s’est ainsi assigné trois missions :
- Défragmenter les savoirs en allant dénicher la complexité partout où a triomphé la modélisation analytique
(disjonction/ réduction/ simplification).
- Libérer la pensée des contraintes imposées à la raison (logique aristotélicienne) : les intégrer et les dépasser lorsque
c’est nécessaire.
Une chose peut être une chose et son contraire en même temps.
- Proposer des processus, des principes, des chemins (« méthode » est issu du Grec meta = par, à travers et d’odos = le
chemin) vers la complexité.
Ces principes qu’il nomme :
- systémiques,
- hologrammatiques,
- de rétroaction,
- de récursivité,
- dialogique,
- de l’auto-eco-organisation,
- de réintroduction du connaissant dans toute connaissance,
sont des outils conceptuels permettant d’appréhender la complexité, sans la réduire (Morin, 2990).
La méthode n’est pas
- une connaissance générale,
- une théorie unitaire,
- un programme (fermé et figé)
Stratégie : on s’adapte
Programme : on fait toujours la même chose
La méthode est :
- Un « pense bête » qui permet d’articuler ce qui est séparé, de relier ce qui est disjoint, tout en gardant les spécificités de
l’un et de l’autre.
On peut simplifier le monde si à la base on l’a approché de manière complexe.
- Une aide à la stratégie (adaptable, évolutive, ouverte)
- une ouverture épistémologique dont l’objectif est de donner à l’humanité les moyens conceptuels de dépasser « l’âge
de pierre » de la connaissance et de se refonder en suivant des principes éthiques (Morin, 2004, P. 13).
4- Les 7 principes de la pensée complexe :