Benoît DEGEORGES
L2 - Psychologie du développement
Cours 5 : Développement affectif
Pour décrire les premières années du développement affectif, nous nous
appuierons essentiellement sur l'orientation psychanalytique, dans un premier
temps, puis sur les apports plus récents de l'approche éthologique, d'autre part.
Comme pour le développement psychomoteur et cognitif, il convient de prendre
deux précautions :
- Les différents aspects sensoriels, moteurs, cognitifs, affectifs et sociaux sont
intimement liés et interdépendants les uns des autres, notamment
développement affectif et développement social.
- Les étapes de développements ne sont jamais des marches d'escalier qui, une
fois atteintes, interdisent tout retour en arrière. Même dans les théories
psychanalytiques, les stades se chevauchent et s'étendent bien au-delà des
âges auxquels on les rattache. La régression est un phénomène constitutif du
développement. C'est un peu comme si les acquisitions étaient utilisées,
voire élaborées, (bricolées) tout au long de la vie.
1 –Le développement psychosexuel selon la psychanalyse
11 – Quelques concepts de base
S. Freud parle de sexualité infantile. Cette expression prête à confusion. La
sexualité des bébés et des enfants n'a rien à voir avec la sexualité des adultes pour
différentes raisons :
- d'abord, les régions du corps (zones érogènes) qui sont à la source de la pulsion et
qui provoquent du plaisir ne sont pas forcément les régions génitales.
- ensuite, le but recherché n'est pas la satisfaction génitale mais un plaisir lié à la
reproduction d'une satisfaction de base.
- Enfin, la recherche de satisfaction n'est pas dirigée vers une personne, un "objet"
dit-on, au sens d'objet d'amour, mais vers une satisfaction sur soi-même. On parle
"d'autoérotisme". Il faudrait même nuancer ce propos parce que le nouveau-né n'a
pas d'emblée conscience des limites de son propre corps et de qui est ce "soi-
même" qu'il faudrait satisfaire.
Il vaudrait mieux parler de pulsion, le terme de sexualité étant connoté sexualité
génitale adulte. La sexualité infantile n'a rien à voir.
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, Benoît DEGEORGES
L2 - Psychologie du développement
La pulsion est une sorte de poussée d'énergie qui se caractérise par sa source, son
but et son objet. La source est donc le lieu du corps où se manifeste l'énergie. Nous
verrons que ces lieux varient suivant l'âge des enfants. Le but est la satisfaction que
provoque l'apaisement d'une tension.
12 – Le stade oral
Pendant la première année environ, la vie du bébé est organisée autour du jeu, du
sommeil et de l'alimentation.
On a vu que le sommeil est une activité importante et que, outre ses composantes
cognitives, il est aussi une activité relationnelle, affective et sociale. On peut dire
que sur le plan du développement affectif, se jouent des processus importants
autour de la présence et de l'absence du parent. Pour faire court, disons que la
présence doit être suffisante pour permettre d'engager et poursuivre une relation
faite de demandes et de réponses. Mais l'absence doit être suffisante aussi pour
qu'une certaine distance permette de différencier l'autre (le parent) de soi-même. (il
pleure la nuit : pourquoi ? Quelles attitudes avoir ?)
L'autre activité importante est la fonction alimentaire sur laquelle s'appuie aussi le
bébé pour développer ses affects et ses relations (On parle "d'étayage", c'est-à-dire
une fonction de nutrition sur laquelle s'étaye une fonction libidinale (libido =
énergie pulsionnelle).
Quels sont les processus à l'œuvre ? Pour schématiser on peut dire la découverte
du plaisir et la découverte de l'autre (l'objet), de la relation à l'objet.
- Le plaisir
La faim produit, à coup sûr, un état de tension qui ne s'apaise qu'avec la prise
alimentaire. Ce qui se produit immédiatement, chez le bébé, c'est que le plaisir
naît de ne plus être dans un état de tension. Le plaisir naît de l'absence de
déplaisir.
Quel est ce plaisir ? Il prend sa source dans toute la zone du corps autour de la
bouche, de l'œsophage mais aussi autour de la respiration, de la phonation. C'est
la raison pour laquelle on appelle cette phase, le stade oral. Le plaisir prend donc
sa source dans ces zones orales dites érogènes (= qui provoque du plaisir). On
voit bien comme les bébés éprouvent du plaisir au moment de la tétée.
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