La Musique pour piano
GÉNÉRALITÉS
Au 19ème siècle, le piano est l'instrument roi, à la fois
instrument de concert et instrument de salon, et qui se décline et
évolue sous de très diverses formes (du piano forte au piano
carré...). Au cours du siècle, sa facture se développe très
intensément et rapidement dans des intérêts à la fois mercantiles
et professionnels, vers une production plus industrielle et non
plus artisanale. Il devient également un meuble incontournable
chez les riches bourgeois, symbole de bonne éducation et de
culture, témoignant également de l'extension de la pratique
amateure.
C'est entre 1830 et 1847 que les plus grands progrès sont
effectués dans la facture, chez Pleyel, Érard ou encore Pape. En
1822 est mise au point la mécanique de double échappement, à la
fin des années 20 Pape innove en créant un système de cordes
croisées... Les pianos sont des instruments très individualisés
selon le facteur et le client, un artiste particulier étant souvent le
porte étendard d'une marque de piano précise.
La piano subit une normalisation, un élargissement de Renoir, Jeunes filles au piano, 1892
son étendue, un perfectionnement, il devient plus lourd... Toutes
les innovations sont au service de l'élargissement de son champ
d'expression.
Des pianistes compositeurs : HUMMEL, CLEMENTI, FIELD, CRAMER, HELLER,
MOSCHELES, ALKAN, KALKBRENNER, THALBERG, CZERNY... Avec généralement une
carrière qui commence par des tournées de solistes (Mozart, Clementi...).
2 grandes capitales : Londres et Paris.
LISZT développe le soliloque musical, le « mono-concert »,
1ère forme de récital.
Au départ, plusieurs solistes sont réunis (formule initiale)
avec un orchestre → ils vont jouer des concertos, des
symphonies, des ouvertures d'opéra, conformes aux goûts
attentes du public.
Puis il se passe de l'orchestre des autres solistes. Liszt est
le 1er à jouer en concert les œuvres des autres (innovation)
par ses propres transcriptions, notamment des opéras qui
sont à la mode.
→ C'est l'avènement de la pièce de genre, souvent affublée d'un titre,
d'essence purement programmatique, et qui s'ouvre au salon par le biais du
piano. Cette même pièce est souvent destinée à un jeu dans l'intimité du salon
mondain, pouvant être à la fois très technique ou très sobre.
, L'ÉCOLE ROMANTIQUE
Inspiration de son œuvre 2 Concertos, un Konzertstück, 4
Carl Maria von dramatique. Usage fréquent du Sonates, 2 Polonaises, Rondo en MI
WEBER tremolo ainsi que du glissé en b et la célèbre Invitation à la Valse
octaves. op.65
Plus novateur, tout en se 16 Sonates, 8 Impromptus, 6
laissant aller à une inspiration Moments musicaux, 2 Fantaisies –
d'une émotion intense et celle en UT op.15, dite «Wanderer
Franz SCHUBERT discrète. Phantasie» est une des 1ères
compositions de forme cyclique pour
le piano. + plusieurs séries de
danses, Ländler, Valses nobles, etc.
Reste foncièrement classique. 3 Sonates, des Fantaisies, Caprices,
Son écriture élégante et pure, Scherzi, Études, Concertos, etc. 6
souvent sensible, tient du Préludes et fugues. 48 Romances
Félix romantisme par un côté rêveur sans paroles.
MENDELSSOHN ou pittoresque. Technique
voisine de celle de Weber.
Usage particulièrement brillant Staccato : Rondo capriccioso op.14,
du staccato Variations sérieuses op.54
D'inspiration plus fantaisiste, Concerto op.54 en la → se distingue
Schumann reflète au piano de la virtuosité gratuite habituelle
l'âme romantique qu'il s'est Études symphoniques op.13, 3
forgée au contact de la sonates.
littérature de son temps. Écriture Davidsbündlertänze op.6
d'essence polyphonique, qui Carnaval op.9
Robert SCHUMANN dédaigne toute virtuosité Phantasiestücke op.12 et 111
démonstrative. Kreisleriana, Album pour la
Rythmes inquiets, mélodies Jeunesse...
mouvementées ou rêveuses,
harmonies audacieuses et
originales.
LES PIANISTES VIRTUOSES
Frederic CHOPIN (*1810) Sera opposé à Kalkbrenner.
Sommet de l'art pianistique. Son œuvre est presque consacrée
au piano, dont toutes les ressources sonores et expressives
sont exploitées.
Franz LISZT (*1811) Sera opposé à Thalberg.
Trouvailles techniques amplifiées, invente des procédés divers
propres à augmenter les capacités sonores : thèmes en
accords doublés aux 2 mains, attaques martelées, gammes en
octaves alternées ou trilles divisés aux 2 mains, trémolos,
notes répétées, sauts rapides sur de grands intervalles.
(Inspiration de Paganini). Nombre d'oeuvres immense.
Sigismund THALBERG (*1812) Nombreux procédés faciles d'effet :Études, Fantaisies,
Variations sur des thèmes d'opéra, morceaux de concert
brillants – Prière de Moïse.
+ œuvres de F. HILLER et du hongrois S. HELLER.
, FRANCE
Virtuose et pédagogue laissant Les Mois, Jean qui pleure et
des pages de grande difficulté, Jean qui rit, L'Incendie au
études de concert dont la village voisin, Le Chemin de
Charles Valentin ALKAN plupart portent des titres fer.
(1813-1888) caractéristiques. Veut rompre Variations dites Le Festin
avec le romantisme et d'Ésope.
renouer avec la tradition
française.
Établit les bases de l'école Pièces en général de grande
française du piano. Revient à difficulté : Le Caprice sur des
l'esprit du pur classicisme, airs d'Alceste (1867), Allegro
s'élevant contre la « manie du appassionato (1884)
jeu expressif, la monotonie du 2 recueils d'études, 5
Camille SAINT-SAËNS
legato », et insiste sur le concertos, la Rhapsodie
caractère percutant de d'Auvergne, Africa, Wedding
l'instrument. Cake pour piano et orchestre et
nombreuses pièces pour 2
pianos.
Variations chromatiques,
Georges BIZET recueil pour piano à 4 mains
Jeux d'enfants.
Après avoir sacrifié à la Les Djinns, poème
musique de concert au goût du symphonique pour piano et
jour (Variations brillantes, orchestre (1884)
Caprices, Églogue, etc), il Variations symphoniques pour
revient au piano dans ses piano et orchestre (1885)
dernières années avec une
César FRANCK
écriture toute personnelle, 2 œuvres magistrales pour
exempte de virtuosité piano seul : Prélude, choral et
démonstrative, parfaitement fugue (1884) et Prélude, aria et
équilibrée, ingénieuse en sa final (1886).
construction comme en sa
fantaisie ou sa poésie.
Parmi ses disciples, c'est lui qui Nombreuses pièces pour piano
fait la plus large part au seul : Poème des montagnes,
piano, lui réservant une partie Tableaux de voyage, Sonate en
Vincent d'INDY
concertante dans mi, Thème varié, fugue et
l'orchestration de sa chanson, et la Fantaisie sur un
Symphonie cévenole. vieil air de ronde française.
+ franckistes :
Alexis de CASTILLON – Concerto dont la 1ère audition fut défendue par Saint-Saëns en 1872,
Ernest CHAUSSON – Quelques danses (1896), Pierre de BRÉVILLE – Introduction, fugue et
finale (1888), Stamboul, Portraits de maîtres, Sonate en ré b en 3 mouvements enchaînés (1923)
Guy ROPARTZ – Scherzo, Croquis d'été, Jeunes filles, Dans l'ombre de la montagne
Charles BORDES – Fantaisie rythmique, Caprice à 5 temps, Rhapsodie basque
Guillaume LEKEU – Sonate en sol mineur
Emmanuel CHABRIER – 10 pièces pittoresques (1881), Bourrée fantasque (1891), Valses
romantiques (1883)