Philosophie de l’éducation
Exam : étude de texte (2H)
Préambule : 1. La philosophie en général
2. La philosophie de l’éducation
Première partie : Qu’est ce que l’éducation ?
Deuxième partie : Problème contemporain : autorité et transmission
Troisième partie : La philosophie au risque de la pédagogie.
-> Doctrines : Platon, Pestalozzi et Condorcet.
Préambule .
1. La philosophie en général La philosophie est une discipline multi millénaire (7ème
ou 8ème siècle av JC). Pythagore aurait inventé le mot « Philosophie ». Le propos est de
s’interroger sur l’ensemble des choses. Interrogation sur les pratiques, les idées, les
institutions,.. L’homme est un animal pensant qui produit des idées. La philosophie s’interroge
sur des choses qu’elle se propose de penser. La connaissance est le travail des sciences. Elle
apporte la connaissance de la connaissance. Penser c’est s’interroger sur le sens des choses,
leur valeur.
Le propre de la philosophie c’est le questionnement des choses. La philosophie questionne,
interroge, elle n’affirme ou n’infirme pas. Elle discute les vérités, elle exerce l’esprit critique.
Critiquer c’est examiner, faire la part des choses.Une pensée est un éclairage dans le monde
mais dans l’éclairage il y a toujours une part d’ombre; l’oeil voit mais ne se voit pas voir; toute
pensée doit donc être critiquée.
Les moyens du questionnement sont la conceptualisation : ramener les pratiques au grand
concept. Il faut aussi problématiser : repérer le problème.
KANT : Toute la philosophie se ramène à la position de trois questions : Que puis-je connaitre ?
Que dois-je faire ? (morale) Que m’est-il permis d’espérer ? (religion). Ces trois questions
ramènent à une seule : Qu’est ce que l’homme ? L’homme est un être qui cherche à connaitre.
Ce qui distingue l’attitude philosophique de l’attitude commune (l’opinion = dexa) c’est que
l’opinion est toujours péremptoire tandis que le philosophe interroge. La philosophie commence
avec le sens de l’étonnement; philosopher c’est s’étonner.
Max WEBER : Le questionnement correspond à un besoin. Tout homme, quel qu’il soit, a besoin
de comprendre ce qui lui arrive. Tout ce que l’on fait, tout ce que l’on pense correspond à une
réponse fondamentale sur le sens de la vie.
André COMTE-SPONVILLE : Philosopher c’est penser sa vie et vivre sa pensée.
La philosophie se déploie en plusieurs domaines de réflexion : la philosophie de la science, de
l’art, de la religion, de la technique, du sport,... L’éducation est un objet philosophique à part
entière.
2. La philosophie de l’éducation L’éducation pour la philosophie n’est pas un objet
comme un autre. C’est un objet privilégié parce que les deux sont intimement liés. La
philosophie c’est l’éducation de l’homme. Ces deux notions sont conceptuellement et
historiquement intimement liées parce que dès l’origine de la philosophie, on a un
questionnement sur l’éducation. Chez Platon on trouve un théorie complète sur l’éducation. Leur
rapport est consubstantiel. KANT : L’homme ne devient homme que par l’éducation. Etre homme
c’est viser la sagesse, qui est la philosophie elle-même. Traditionnellement la philosophie est
conçue comme étant l’éducation par excellence; l’éducateur par excellence c’est le philosophe.
L’amour de la sagesse = philosophie. Le sage c’est celui qui pense bien et qui fait bien.
L’éducation de l’homme se fait selon les principes de la raison; la raison est notre seul guide
fiable parce que la raison peut rendre compte d’elle même. L’homme est un animal tout autant
rationnel que raisonnable : rationnel parce qu’il suit les principes de la raison théorique et ainsi il
peut construire des sciences; raisonnable coté action.
Ce qui fait que l’éducation est aussi un objet privilégié de la philosophie est que l’éducation
est une réalité , une pratique évidemment problématique. Depuis que l’homme est homme, on a
,toujours eu besoin d’éduquer les enfants; ils ne s’élèvent pas eux-mêmes, or il n’y a pas
d’humanité sans génération. Or, personne n’a fourni un modèle d’éducation parfait. L’éducation
est donc nécessaire. Qu’elle est la meilleure éducation ? L’éducation est une tâche à la fois
nécessaire et impossible. L’éducation est impossible parce que c’est une tâche
fondamentalement perfectible comme la politique; qui sont susceptibles de se parfaire, de
s’améliorer. L’homme est le seul animal qui soit perfectible, susceptible de s’améliorer.
L’éducation est toujours soumise à un échec. Il faut intégrer l’échec et l’erreur dans le
mécanisme de la réussite, dans le mécanisme de la connaissance. L’éducation renvoie aussi bien
à ce qui est qu’à ce qui doit être. L’éducation est tournée vers ce qui doit être, comment former
l’homme.
La philosophie de l’éducation s’interroge sur le statut des savoirs qui sont produits en
éducation, sur la nature des pratiques éducatives, sur les rapports de l’éducation aux institutions
humaines, sur les politiques éducatives, sur les démarches pédagogiques, mais surtout sur les
finalités et les valeurs de l’éducation. La philosophie est tournée vers ce qui doit être. Ce qui
caractérise la philosophie de l’éducation c’est une méthode de pensée, qui se résume en un
questionnement de second ordre.
Jean-Claude FORQUIN, Michel FABRE
→ « Métalangage »
La philosophie de l’éducation se donne pour tache la mise en question des allant de soi, des
idées reçues de la pratique pédagogique.
Nanine CHARBONNEL, Olivier REBOUL, Daniel HAMELINE, Alain VERGNIOUX, Alain KERLAN,
Dominique OTTAVI. Ils s’interrogent sur les allants de soi : idée de créativité, de l’activité, de
l’autonomie,..
Michel FABRE distingue 3 fonctions cardinales de la philosophie de l’éducation :
- Une fonction élucidatrice : les réalités éducatives (discours, pratiques, systèmes,
fonctionnements) sont à déchiffrer -> Quelle figure de l’humanité induisent-elles ? Travail de
déconstruction, d’interprétation, d’herméneutique.
- Une fonction axiologique (axia = Valeur) : on s’intéresse à la question du sens
- Une fonction épistémologique (connaissance scientifique) : la philosophie de l’éducation
s’interroge sur la dimension scientifique des théories pédagogiques et des sciences de
l’éducation elle même.
Aujourd’hui on peut repérer 4 tendances au sein de la philosophie de l’éducation :
→ une tendance généraliste : dimensions politiques, éthiques, épistémologiques, esthétiques et
métaphysiques de l’éducation.
→ l’histoire des idées pédagogiques
→ les travaux qui étudient la nature des liens entre philosophie et pédagogie. Toute pédagogie
est imprégnée de philosophie et presque toutes les philosophies ont une dimension éducative.
→ les études des liens entre philosophie et sciences humaines et sociales.
Première partie. Qu’est ce que l’éducation ?
I. Considérations anthropologiques et philosophiques
1) De la nature à la culture
Est nature tout ce qui n’est pas le fait de l’homme. Est culture tout ce qui est lié aux activités
humaines. Cette distinction est elle-même problématique.
KANT : « L’homme est la seule créature qui soit susceptible d’éducation ». Les
animaux n’ont pas besoin d’éducation parce que les animaux ont l’instinct; ils ont besoin de soin
mais pas d’éducation. C’est par l’éducation que l’homme s’humanise. L’homme n’est pas
spontanément humain. C’est le travail de l’éducation d’assurer le développement et donc de
passer de la nature à la culture. Sans éducation, nous ne nous conduisons pas humainement.
L’homme ne nait pas homme mais le devient.
Le passage de l’homme naturel, biologique à l’homme humain, biographique se fait pas
l’éducation qui inspire l’individu dans une culture.
La culture philosophique se retrouve nourrie, innerve les interrogations à propos des réalités
éducatives.
Ce qui caractérise la modernité c’est la prise de conscience de l’importance de l’éducation. La
, modernité est un mouvement de pensée et de pratique qui se caractérise par l’émergence de
l’individu perçu comme étant un sujet responsable de soi et autonome, un sujet de droit; et donc
la reconnaissance culmine avec la déclaration de l’homme et du citoyen. L’acmé (point
culminant) de la modernité se situe au tournant des 1! - 19ème siècles. C’est le principe de
raison qui se substitue à la grande catégorie de la foi.
Ce qui caractérise la modernité c’est un renversement des valeurs. Jusqu’à présent c’était
la foi. Les sciences se substitue à la foi. Les valeurs morales et politiques sont le fruit de la raison
humaine; c’est une Révolution dans les manières de regarder le monde. La modernité s’oppose à
la tradition. La modernité procède à une réévaluation de toutes les valeurs -> NIETZSCHE.
La modernité est contemporaine de ce que Max WEBER appel un processus de
rationalisation, aussi bien dans les connaissances du monde que dans les manières de se
conduire, dans les pratiques morales, éthiques, politiques et éducatives. Le projet de la grande
didactique par COMÉNIUS est d’enseigner tout à tout le monde -> Projet de rationalisation. On
compte surtout sur la puissance de la raison. => Processus de rationalisation qui provoque le
désenchantement du monde; le monde n’est plus fabuleux, il n’y a plus de divin. La religion est
une affaire de croyance intime, ce n’est plus une vérité universelle.
Notre époque hyper moderne ce caractérise par l’industrialisation modernisée, par la
marchandisation modernisée. Dans la modernité, l’éducation contribue à la formation de
l’homme accompli. La modernité retrouve une tradition plus ancienne que la tradition et la
réactualise -> Renaissance. On retrouve ce schéma dans le concept de Paideia = éducation =
formation (Bulding) = culture.
éducation
Homme Humain
« naturel » « civilisé »
animalité humanité
Former c’est donner une forme à ce qui n’en n’a pas. L’individu à l’état naturel n’est pas
humanisé, il n’est pas formé humainement; l’éducation permet de former humainement
l’homme. L’homme est un être perfectible. Dans son discours, Rousseau développe le concept
de perfectionnabilité. L'homme est le seul animal qui soit susceptible de devenir imbécile
(faible). L'éducation a pour tâche de rendre l'homme aussi perfectible qu'imbécile. On est
condamné à progresser parce que qui n'avance pas recule.
On entend par instinct tout ce qui est le fruit de l'hérédité. Aujourd'hui on parle plutôt en
terme de patrimoine génétique, de déterminisme biologique,.. Rousseau dit que ce n'est pas
forcément l'instinct qui guide l'activité humaine, mais c'est l'éducation. Les différences entre les
hommes ne s'expliquent pas par des causes humaines, mais par la différence d'éducation ;
expliqué dans le traité d'éducation par John LOCKE. La modernité met l'accent sur l'éducation.
Cette idée est reprise lorsque KANT dit que l'homme devient humain : activité
« instinctive » → discipline « rationnelle ». L'éducation est un dépassement constant de la
nature ; non pas en niant la nature mais en la confectionnant, en la cultivant. La culture c'est le
soin que l'on apporte à la nature. Etre éduqué selon KANT c'est passer d'une vie non humaine à
une vie menée par la raison, ce qui est proprement humain. Il faut donc élever les enfants car ils
n'ont pas encore la maturité nécessaire pour s'entretenir eux-mêmes. L'enfant est un être de
transition, il n'est pas totalement un animal mais il n'est pas non plus humain.
Les observations conduites au cours du 20ème siècle confirment cette interprétation
philosophique de l'éducation car on s'aperçoit que l'homme n'est humain que par éducation.
Claude LEVI-STRAUSS : ce qui distingue l'homme de l'animal, c'est le langage. L'homme n'est
homme que parce qu'il a accès aux symboliques. L'univers du symbolique se traduit par
l'obéissance à la loi qui se traduit elle-même par les interdictions. Les interdits sont des inter-
dits.
La normalité n'est pas forcément un signe pathologique. Nous semble tous éducables,
quelque soit notre degré d'intelligence. Même un être apparemment arriéré peut être éduqué.
Ne confondons pas pathologie et anormalité.