Notes de cours
Introduction à la science politique
- Établissement
- Lille II (UL2)
Cours / prises de notes : introduction à la science politique
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25/01/21INTRODUCTION À LA SCIENCE
POLITIQUE
Chapitre introductif : Science (et) politique
I - Le repérage du politique
On repère si certains domaines ont un aspect politique ou non.
EX : JO en Corée du Sud = Russie interdite = décision politique alors qu’on est dans un cadre
sportif = le sport fait-il parti de la politique ?
EX : la vie sexuelle des H politiques = n’appartient plus réellement au domaine privé
A quel moment un enjeu devient-il politique ?
Il n’y a pas le même rapport à la politique selon les pays, les époques.
La frontière entre le politique et le non-politique est mouvante.
Parler de la politique ne consiste pas seulement à s’intéresser aux institutions, aux événements
politiques…
A) Politique : une notion polysémique
Le mot « politique » = mot ambigu :
- ambiguïté de genre : sens masculin (le politique) et sens féminin (la politique)
Le politique : désigne l’ensemble de l’espace politique
La politique : plus restreint, désigne la vie politique qui attrait à l’activité électorale,…
- ce mot a plusieurs sens possibles : politique par opposition à technique (=décision neutre qui
repose sur des faits) : lorsqu’on invoque une décision technique = le mot politique ici apparaît
comme étant une décision qui ne se repose par sur des connaissances neutres, c’est une
décision qui repose sur une idéologie, des rapports de force,…
Décision prise par le parlement ou par le gouvernement : décision politique en fonction de
l’institution émettrice
- ce mot a une dimension « noble » / péjorative : quand on dit d’un phénomène, un pb qu’il est
éminemment politique = dimension noble car c’est un pb important qui concerne tout le monde /
à l’inverse quand on dit que c’est une décision politique : péjoratif : décision motivée par des
considérations égoïstes de compétition électorale
1) Le Politique comme espace de résolution des conflits
Le Politique (en anglais polity) : désigne l’instance qui assure le maintien de la cohésion sociale
(M.Weber)
Le Politique est ce qu’il permet à la société de vivre ensemble et de résoudre ses conflits dans la
mesure où ces conflits ne se résolvent pas spontanément.
Le Politique se manifeste de 3 manières différentes :
- Il a une fonction pacificatrice : permet à des individus de s’organiser, de respecter une certaine
forme d’ordre pour leur mettre de vivre ensemble
- Il exerce une contrainte sur les individus : pour aider la société, il doit exercer une contrainte
sur les individus et donc il faut y avoir une forme de sanction possible
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,- C’est une phénomène social particulier qui traverse toute le société et dans toute les sociétés.
Il est au coeur de l’organisation des sociétés humaines. Il s’exerce dans l’ensemble de ces
secteurs. Toutes les sociétés sont concernées par ce politique. Aristote = « L’Homme est un
animal politique ».
La science politique : étude de la façon dont les sociétés gèrent le pb de la contrainte liée à la vie
sociale = la science politique permet de comprendre la manière dont les sociétés définissent les
règles de leur organisation, comment elles se gouvernent, comment elles construisent des
instances politiques.
Toutes les sociétés humaines sont politiques mais elles n’ont pas du tout la même manière de
s’organiser, elles n’ont pas les mêmes règles,… ce sont des choses qui varient en fonction des
sociétés. Pas les mêmes rapports entre gouvernants/gouvernés.
2) La politique comme lutte pour l’exercice du pouvoir (en anglais politics)
Renvoie à la vie politique et à toute l’actualité politique.
La politique : ensemble des activités spécialisées menées par des acteurs (spécialisés : élus,
ministres,…) en compétition pour exercer le pouvoir ou influencer le gouvernement
▶ Le monde de la politique est composée d’acteurs particuliers qui ont leur propre compétence,
qui définissent leur propres règles de fonctionnement
▶ Il y a aussi des acteurs non spécialisés qui participent aussi au jeu politique comme les
électeurs, les journalistes, certains groupes d’intérêt,…
▶ La science politique étudie le rapport entre les acteurs spécialisés et non-spécialisés.
3) Les politiques comme programmes d’action publique (en anglais policies)
Les politiques publiques : dispositifs d’action publique, actions concrètes de pv publics désirés et
mis en oeuvre par des gouvernants au nom de l’ensemble de la société
Cette manière de faire permet de répondre à des pbs publics, des pbs arrivés sur l’agenda
(=ensemble des pbs qui sont perçus comme appelant à un débat public voire comme appelant
l’intervention des autorités publiques pour le résoudre)
B) Rien n’est politique par nature, tout peut le devenir
1) Contre une définition essentialiste
Une définition essentialiste = une définition qui fait comme si l’objet était toujours le même. On
aurait donc une réalité politique qui soit toujours la même, or ce n’est pas le cas.
La politique est toujours le produit d’un contexte sociale, d’une construction sociale.
Le rôle du contexte socio-historique qui politise ou au contraire peut dé-politise certains enjeux.
EX : ministère de l’environnement (création en 1971) : avant cette date, il y avait déjà des pbs liés
à l’environnement, simplement, cela veut dire qu’avant 1971, ces pbs environnementaux n’étaient
pas considérés comme des pbs publics et politiques.
La politisation du pb environnemental est du à plusieurs facteurs : rapports de force, militants
écologistes qui ont popularisés cette cause, mise en place d’un programme nucléaire qui a
engendré la création de ce ministère = POLITISATION
EX : politique de l’immigration : pendant longtemps, l’immigration n’a pas été considéré comme
un pb alors qu’elle existe depuis le 19e s, elle est monté en puissance sous le Second Empire
avec les travailleurs italiens, belges,… ces pbs migratoires n’ont été considéré comme de pbs
politiques que depuis les années 20/30 = POLITISATION
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,▶ Il existe des pbs qui sortent du débat politique.
EX : la question du régime politique était une question extrêmement politique.
Progressivement, avec l’instauration de la IIIe République et la 1ere GM, ainsi que l’apparition
d’autres pbs, cette question s’est dépolitisée = DÉ-POLITISATION
2) Processus de politisation
Un pb devient politique quand il met en question le gouvernement d’une société, quand il
concerne les règles de la société.
Plusieurs facteurs peuvent accélérer la politisation :
- Implication d’acteurs : ils peuvent médiatiser un pb et prendre l’opinion à témoin
EX : appel Abbé Pierre (1er février 1954)
- Perception sociale de la dimension symbolique de certains événements : l’opinion adopte une
lecture politique de certains événements
EX : match amical France-Algérie en 2001 : la Marseillaise a été sifflé, la pelouse a été envahi
par des supporters pour manifester leur mécontentement. Une lecture politique a été donnée
qui fait ressortir les rapports compliqués entre les 2 pays suite à la dimension coloniale.
- Le rôle de médias
EX : les gilets jaunes : c’est grâce aux médias qui ont donné une lecture politique à ces
manifestations
La politique = conquête des postes mais c’est aussi une définition du périmètre du politique
3) Construction sociale des problèmes publics
Les conditions nécessaires à cette construction sociale :
- Connaissances disponibles sur le pb
EX : le SIDA : pour que cela devienne un pb politique, il fallait des connaissances médicales et
scientifiques
- Normes sociales : on considère pour qu’un pb devienne politique : il faut que les normes
« normales » se retrouvent en difficulté = cela engendre une situation « anormale"
- Mobilisations d’acteurs : il faut des individus, des groupes, des partis qui cherchent à
constituer des enjeux en pb
- Solutions : un pb existe quand on commence à penser que quelque chose peut être fait pour
améliorer la situation / ce qui est considéré comme insoluble ne peut pas faire l’objet d’une
politisation
La manière dont un pb est construit définit le pb et conditionne les politiques publiques qui vont
être mises en oeuvre pour le traiter.
1/02/21
II - L’étude scientifique du politique
A) L’objet politique : une pluralité d’approches et de discours
1) Professionnels / amateurs, savants / profanes
Plusieurs approches :
- artistiques et littéraires : on en fait une représentation esthétique avec des impératifs (comme
au cinéma : critères de dramaturgie, de divertissement)
- Philosophiques : elles ont été longtemps dominantes, depuis l’Antiquité, on a une pensée
politique qui s’intéresse à l’organisation de la vie en société et qui s’intéresse à la manière dont
on pourrait organiser la société pour qu’elle soit idéale : Quel serait le mielleux régime
politique ? Quelle serait la cité idéale ? = approche normative car elle réfléchit en terme de
valeur, en fonction d’une horizon souhaitable à atteindre = cette approche est toujours actuelle
comme chez HABERMAS (qu’il appelle le patriotisme constitutionnel = il faudrait remplacer les
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, formes de nationalisme, càd les appartenances affectives à une entité commune comme la
nation).
- Professionnelles : cela peut être des professionnels élus, dirigeants de partis, les collaborateurs
d’élus,… cette approche peut être fine car ils travaillent dans ce secteur, avec des
connaissances pratiques et détaillées mais ils ont une approche de la politique qui est
appliqué, orientée par une recherche d’efficacité
- Journalistiques : elles proposent un récit des événements, càd qu’elles proposent de faire des
reportages, des documentaires, des analyses mais ce sont des analyses faites « à chaud »,
c’est une approche qui ne permet pas de remettre les événements dans un contexte plus large
et elles émanent de journaux orientés politiquement
EX : le Figaro : droite / la Libération : gauche
- « Profanes » : approche des citoyens ordinaires en disposant de certaines informations et qui
s’autorisent à donner des avis, des opinions
La science politique cherche à construire quelque chose de scientifique sur la politique.
Elle a recours à des méthodes particulières :
- Analyse sur le long terme (à la différence des journalistes ou de conseillers ministériels) : elle
recueille des données sur tel ou tel pb, phénomènes
- Recherche de facteurs explicatifs : elle recherche des explications, comprendre comment un
phénomène s’est mis en place
- Ambition théorique : on essaye de théoriser l’événement
EX : on a fait des grèves dû à une certaine frustration; grèves dû à un déséquilibre dans la
société etc...)
On essaye de fournir des explications à plusieurs événements similaires. On essaye de «
monter en généralité ».
- Données empiriques : permettent d’alimenter la théorie, issues de l’observation, elles appuient
la démonstration
- Distanciation : idée que l’on n’est pas pris dans l’action, donc on peut avoir un jugement plus
neutre
L’ensemble de ces caractéristiques se sont mises en place très progressivement.
2) La science politique comme savoir de gouvernement
QUELQUES DATES DE LA SCIENCE POLITIQUE EN FRANCE :
→ 1872 : création de l’École libre des sciences politiques
→ 1945 : création de l’Institut d’Études Politiques de Paris
→ 1951 : création de la Revue Française de Science Politique
→ 1954 : introduction d’enseignements de science politique dans les cursus de droit
→ 1965 : création de la section 40 Politique, pouvoir, organisation - sciences du politique du
CNRS
→ 1969 : création d’un département de science politique à l’Université Paris I (Sorbonne)
→ 1971 : création de l’agrégation de science politique
Cette ambition de traiter la science politique date de l’époque médiévale.
GILLES DE ROME :
L’un des fondateurs est Gilles de Rome : moine repéré rapidement par le roi de France (Philippe le
Hardi) qui sollicite Gilles de Rome pour faire l’éducation de son héritier, le fils du roi (Philippe le
Bel).
Gilles de Rome va donc écrire un devoir lié à la fonction de souverain : Du Gouvernement des
princes. C’est un immense succès.
C’est un livre qui compile différents domaines où l’auteur détaille les obligations militaires des
rois, des devoirs religieux,…
▶ Dans cette ouvrage, on a une 1ère définition de la science politique : science qui tend à
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