Introduction à la sociologie 1
Leçon 1
Introduction
LE PROJET SOCIOLOGIQUE
Tout le monde n’est pas d’accord en sociologie.
Auguste Comte va définir ce qu’est la sociologie, il fait apparaître sa nécessité. Pour la comprendre, il
faut en retrouver l’histoire. Ce n’est pas si vieux, environ 1830. Il y a des réflexions avant mais cette
discipline va mettre du temps à se développer et se reconnaître comme discipline universitaire (fin
19e siècle). Elle va se trouver confronter à la difficulté de se définir comme légitime. Pourquoi ces
difficultés ? Lepénis « troisième culture » - prétention à peindre la société, à la définir, la décrire. De
manière littéraire, certains décryptent la société. Quelle place entre la littérature et les
sciences dures ? qu’est-ce qui fonde le projet sociologique ? Quelle place pour la sociologie ?
Ce qui unit les sociologues n’est pas une méthode d’analyse, pas un objet, pas ses réponses (les
sociologues ne sont d’accord sur rien). Un élément qui les unit sont les questions. Ils avaient des
questionnements en commun sur justement le lien social ainsi que des oppositions en commun. Ils
s’opposent à des analyses de la société fournies par d’autres, économistes, anthropologues.
I- Un projet moderne
« Moderne » : qui renvoie à l’idée que la modernité s’ouvre avec la période de la RF, révolutions du
18 et 19e siècles. Valorisation du changement, conception de la société non figée, qui ne se reproduit
pas de manière toujours identique mais qui favorise l’innovation, l’idée que l’on peut changer les
règles du jeu.
A- La modernité comme inspiration et comme inquiétude
La sociologie est fille de la philosophie des Lumières, d’un moment particulier où la représentation de
la société change. Si on s’interroge sur elle, c’est qu’il n’y a plus d’évidence sociale. Avant la RF,
l’ordre paraît évident, sur un ordre divin. Il y a une théodicée : ordre de la société qui repose d’avord
sur des croyances divines. Mais il y a un « désenchantement du monde » (Max Weber). La religion ne
fonde plus complètement la société. Il n’y a plus d’évidence et qu’est-ce qui doit fonder la société ?
La sociologie nait de ces questions. Auguste Comte se situe directement dans cette croyance dans le
progrès, dans la raison, dans l’idée que ce sont des principes rationnels qui peuvent fonder la société.
Saint-Simon est l’un des théoriciens du socialisme naissant, entre le socialisme « utopique » et
socialisme « scientifique » - parabole de l’abeille et des frelons : dans la société, il y a des abeilles, les
producteurs et des frelons, personnes oisives. Le travail des abeilles est exploité par les frelons et
dans la société il y en a beaucoup, rentiers, généraux, etc. Il faut valoriser les abeilles. Il y a l’idée
d’une croyance dans le progrès, les scientifiques vont permettre de construire la société des abeilles,
l’industrialisme : la société doit être fondée sur les principes de la science, pour être la plus efficace
possible.
Comte s’inspire clairement de son maitre SS en développant l’idée que la sociologie doit être une
science positive. Cette science positive qui est établie sur l’analyse des faits, découle de la loi des 3
Etats : les sociétés passeraient historiquement par 3 Etats – les individus connaitraient 3 périodes :
- enfance (immaturité) – âge théologique
- adolescence – âge métaphysique, on n’invoque plus des puissances surnaturelles mais des
concepts abstraits, le Progrès, la Raison, les Idées
, Introduction à la sociologie 2
- âge positif où on abandonne ces grandes questions. On se poserait plus la question de comment.
On aurait des réponses à travers un savoir moins normatif, fondé sur l’expérimentation,
l’observation qui vont permettre d’établir des lois scientifiques, des rapports de causalité.
Or pour lui, à partir de cette idée, on peut établir une classification des sciences selon leur degré de
positivité et la socio n’a pas encore atteint le stade d’une positivité importante et va être appelée à
développer un savoir positif. Elle sera amenée à devenir même la reine des sciences car elle est la
science qui concerne l’humain, la société et donc la plus importante. Il considère que la sociologie est
une médecine du social. Ajd, Comte est très peu utilisable en sociologie car ça paraît conceptuel mais
il est le 1er philosophe à dire qu’on a besoin d’une science de la société pour l’améliorer, dépendante
de la religion et tout.
La modernité, c’est une aussi une inquiétude qui va nourrir la nécessité d’une sociologie. La
modernité est aussi éco, sociale et politique. Avec la disparition de l’Ancien Régime, on a des
bouleversements politiques avec les révolutions démocratiques qui ne mettent pas en avant la
stabilité cependant. La société ne sait donc pas quel modèle elle veut et des mouvements
contestataires apparaissent. On a l’impression que la cohésion sociale est fragilisée. Il n’y a plus
d’évidence sociale mais aussi la crainte que la société se disloque. Il y a aussi des bouleversements
éco comme les révolutions industrielles qui affaiblissent les anciens cadres, et tout. Les cadres vus
comme les protecteurs s’affaiblissent et interrogent et ceci donne lieu à des questions qui sont celles
du lien social. Comment vivre ensemble ? Comment créer une société avec des fondements stables ?
Comment une société d’individus est-elle possible ? Et certains penseurs sociologues du 19 e ont une
certaine nostalgie de l’ordre ancien, communautaire. C’est une réaction Lumières car la pensée des
Lumières repose sur l’individu. Certains disent qu’il faut retrouver la religion, chez d’autres, il y a une
forme d’envie communautaire, par exemple le communisme. On a souvent comparé le communisme
à une religion. En tout cas, l’opposition entre communauté et société va un être un des éléments
socles de la pensée sociologique.
F. Tönnies est le Pdt de la 1 ère société de sociologie en Allemagne. Communauté et Société :
opposition fondamentale entre les relations communautaires et celles de type sociétaire. La
communauté est un lien social qui repose d’abord sur une cohésion affective, sur des liens de
proximité (familiale, parenté, affective, ethnique, voisinage). Mais dans la société moderne, on
passerait à des relations plus sociétaires. La société est l’opposition des relations communautaires,
avec l’idée que les liens sociaux sont fondés sur l’intérêt des individus, sur la liberté de choix, de
l’autonomie individuelle. Tönnies dit que p-e la société émancipe les individus, que l’homme
devienne un loup pour l’homme, que la société devienne le règne de la relation de conflits. Il a une
image très négative de la grande ville. On retrouve Tönnies dans tous les grands sociologues.
Durkheim a une vision assez proche, même s’il va le critiquer.
B- La découverte du social
Il y a des phénomènes proprement sociaux qui ne peuvent se réduire à un ordre individuel. On va
découvrir le social, la question sociale. Avec la RI, on observe que des individus vont partager
ensemble des conditions de vie relativement identiques et souvent difficiles. On découvre les classes
populaires, ouvrières. Il y a une pauvreté qui se développe et des ouvriers se retrouvent regroupés
dans des usines, dans des grandes villes, ce qui fait poser des questions en termes sanitaires, de
justice sociale et un certain nb de personnes font des enquêtes sociologiques pour régler les pb. Elles
peuvent être inspirés par des préoccupations politiques. Il faut se préoccuper du sort – Louis-René
Villermé, médecin à qui on va commander des rapports sur la condition des ouvriers de l’époque. Il
va dans des manufactures. En 1840, du coté de Roubaix, il tire un rapport qui entraine la loi du travail
sur les enfants, etc. pour se préoccuper du sort, il faut enquêter.
Engels dénonce violemment la condition des ouvriers anglais et en appelle à la révolution.
Frédéric Le Play fait le 1er grand ouvrage sociologique – ouvrage comparé sur la condition des
ouvriers sur 5 pays en Europe, à travers des techniques modernes : étude de budgets, techniques