L’ordre politique 1
LES REGIMES POLITIQUES
Un régime politique est un ensemble d’éléments idéologiques, institutionnels, sociologiques qui
concourent à former le gouvernement d’un pays. Il se définit à travers une combinaison de critères
différents. Les 3 éléments cachent une grande diversité :
- élément idéologique ; ce qui constitue la culture politique. L’autoritarisme par exemple se
distingue des autres régimes par la mise en avant de certaines valeurs, d’ordre, d’autorité,
d’une culture de la violence. Chaque régime promeut des croyances, valeurs culturelles et
autres qui constituent le ciment d’un régime.
- Elément institutionnel ; montage des relations entre un exécutif et un législatif.
- Eléments sociologiques : type de rapport entre la société civile et le gouvernement. Il y a une
sorte de mobilisation. C’est la manière dont est organisé le gouvernement dans chaque pays
La notion est très ancienne. Platon, dans la République ou Aristote dans la Politique s’y intéressait
déjà. On pouvait construire le pouvoir autour de combinaisons et avaient montré que le régime était
évolutif ce qui était intéressant à voir.
Aujourd’hui, on a pris l’habitude de distinguer 3 catégories :
- démocratique
- autoritaire
- totalitaire
Si on fait des études, on s’aperçoit que la diversité est énorme même à l’intérieur de chaque
catégorie. Par ailleurs, pèse sur notre jugement le fait que nous vivons en démocratie et qu’elle est
placée de manière normative comme le meilleur régime, ce qui biaise un certain nombre de
raisonnements.
Leçon 7 Les régimes totalitaires
Ils constituent la forme majoritaire des Etats aujourd’hui. Si l’on fait le détour par l’histoire, on
reconnaît une masse important de régimes autoritaires. Ce sont les régimes 1 ers par lesquels nos
sociétés démocratiques se sont construites. Ils ont pour les plus anciens 200 ans au maximum. Les
monarchies, féodalismes étaient des formes de régimes totalitaires. Mais ceci ne les empêche pas
d’exister dans les instances internationales. Moralement, cette forme de régime est moins
acceptable que les autres. Il pèse une pression démocratique, une pression à la démocratisation sur
les régimes totalitaires. Aujourd’hui, on voit des pays qui se retrouvent embarqués dans des
pressions fortes qui les entrainent à se transformer par la force. Exemple de la Birmanie sur le
fondement de pressions, boycott, pressions économiques contre la junte militaire. C’est une forme
très hétéroclite de régime et c’est une catégorie très fluide en raison du terme universel
d’autoritarisme. L’ « autoritas » a été employé jusqu’à la Renaissance pour définir les régimes
souverains et étaient un critère positif. L’autoritarisme définit un excès d’autorité.
I- Les caractéristiques de l’autoritarisme politique
Juan Linz, espagnol (a connu le régime de Franco) les régimes totalitaires sont des « systèmes
politiques au pluralisme limité, sans idéologie élaborée, sans mobilisation politique excessive et dans
, L’ordre politique 2
lesquels un leader ou un groupe exerce le pouvoir à l’intérieur de limites mal définies. » La définition
qui est la plus classique montre l’embarras de l’auteur, le brouillage.
4 éléments s’adossent sur cette définition
A- Le verrouillage institutionnel
L’autoritarisme politique se manifeste par une volonté de contrôle pour empêcher l’émergence
d’alternance, pour garantir une permanence. Ces régimes totalitaires possèdent des institutions. Le
paradoxe est qu’ils ont des institutions copiées quasiment sur celles des régimes démocratiques.
Mais, le fonctionnement de ces institutions est totalement différent car elles ne travaillent qu’à
maintenir un homme, ou une junte au pouvoir. Le verrouillage institutionnel est donc essentiel. Par
exemple, facilité de ces régimes à adapter les règles constitutionnelles. En France, changer un article
de la constitution est très difficile et long. Dans les totalitarismes, on va la changer facilement.
Poutine a changé la constitution pour pouvoir poser un mandat d’un an pour son PM pour alterner le
pouvoir. Au Burkina Fasso. Les règles institutionnelles sont vari ables alors que dans les régimes
démocratiques, la constitution doit être protectriste d’un Etat de droit.
Il y a aussi le verrouillage électoral. Là encore, les élections existent mais n’ont rien à voir dans les
régimes démocratiques. Elles ne sont pas pluralistes, ne montrent pas des opinions divergentes. Chez
nous, « voter c’est choisir », en régime autoritaire, « voter c’est ratifier ». Dans la Tunisie de Ben Ali
(près de 25 ans au pouvoir) il a été réélu 5 fois avec des suffrages très élevés.
C’est un jeu permanent mené par le pouvoir autoritaire pour détourner les règles formelles. Ils ont
tout pour être des régimes démocratiques mais l’utilisation des institutions font qu’ils sont
autoritaires et vise à rendre le pouvoir inaccessible à d’autres.
Les régimes autoritaires jouent avec la temporalité
B- Le pluralisme limité
Le régime totalitaire se caractérise par un parti unique. La démocratie se concrétise par le pluralisme
des opinions contrairement au totalitarisme. Il empêche que se crée, de manière institutionnelle. Il y
a un empêchement à institutionnaliser la pluralité. Mais il y a la possibilité d’avoir des opinions
contraires. Dans le cadre de la société civile, il y a une certaine marge de manœuvre pour organiser
ses oppositions, une pensée contraire. Nous ne sommes pas dans des régimes totalitaires où un parti
unique est incarné dans une puissance d’Etat. Par exemple, en Pologne, il y avait deux espaces de
pluralité : espace de l’Eglise catholique et le théâtre qui incarnait un espace politique de contestation
par des pièces ou jeu très subtil de métaphore. Il y a donc un pluralisme social et culturel plutôt
qu’institutionnel. Il est laissé à la société tant que ça ne déborde pas des limites. Cela ne doit pas
déboucher sous une forme organisée, d’un parti politique par exemple. En Union Soviétique, les
dissidents sont des individus et mouvements très peu organisés qui ont réussi à se faire entendre
dans des petits espaces de liberté mais ce n’était pas possible sous le régime stalinien.
C- un faible encadrement de la société civile
Les régimes autoritaires se distinguent des régimes totalitaires par le fait qu’ils ne cherchent pas à
encadrer la société. Ils ne disposent pas non plus des organes répressifs capables d’encadrer
quotidiennement la société. Il n’y a pas d’encadrement car ils se satisfont de l’apathie. Il y a une
dépolitisation de l’apathie. Il y a un encouragement à ne pas se mêler de la politique. Il y a une
volonté de créer des divertissements populaires pour les éloigner de la politique. Par exemple, le
foot.