LECTURE LINEAIRE : MAI
Introduction :
Reprendre quelques éléments de l’intro de Nuit rhénane.
Mai est le deuxième poème de la section Rhénanes, comme dans Nuit rhénane, mais Apollinaire relie
ici l’évocation du paysage au souvenir d’un amour malheureux. L’évocation de la beauté du monde
peine à consoler le poète abîmé dans la mélancolie. Le paysage, en effet, est traité, à la façon de la
poésie romantique comme le porteur des émotions du poète, le paysage devient ici un état d’âme.
Projet de lecture : Nous allons voir comment Apollinaire relie la description du paysage aux
sentiments mélancoliques qui l’habitent.
Strophe 1 :
Le poème s’ouvre sur une note guillerette : « Le mai le joli mai », il s’agit du refrain d’une chanson
enfantine qui célèbre les joies du retour du printemps. Le poète évoque aussi implicitement le cadre
spatio-temporel ; il se trouve « en barque » sur le Rhin. La promenade est donc dynamique mais
également symbolique, il est « embarqué » c’est-à-dire en chemin vers le but ultime, victime comme
le dit la suite du poème de la fuite du temps marquée ici par l’avancée sur le fleuve.
Le vers 2 met en scène « Des dames », la désignation des femmes devenues ici des dames indique
une distance sociale, des dames inaccessibles par leur rang, cela indique aussi une distance courtoise,
des dames impressionnantes que l’on n’ose aborder. Mais ce sont aussi des dames qui sont à tout
jamais perdues, elles sont sur « la montagne », référence aux collines qui cernent le Rhin. A noter
que les dames « regardaient », le verbe n’a pas de COD, elles ne regardent pas le poète, il n’est donc
pas concerné par la promesse amoureuse, l’imparfait indique une durée dont le poète se sent exclu,
les dames regardaient mais ne le regardaient pas. L’opposition entre la verticalité et l’horizontalité
mouvante du poète en barque dit un éloignement tragique.
Au vers 3, le poète s’adresse, sans que les dames l’entendent, à ces dames, parole solitaire du poète
au style direct qui exprime non la joie mais déjà le regret l’adverbe « si » intensif indique bien que
leur degré de beauté est aussi un degré d’éloignement, cette promesse d’amour est là mais elle n’est
pas pour Apollinaire. D’ailleurs, la seconde partie du vers l’indique bien : « mais la barque s’éloigne »,
le poète poursuit sa course loin de ces dames, la barque étant aussi la barque qui conduit au
royaume des morts. La conjonction de coordination reprend le même son prometteur du mois de
mai mais ici la nuance d’opposition indique bien l’amorce d’un mouvement tragique.
Le vers 4 dit clairement la transposition mélancolique des sentiments du poète sur le paysage. La
question oratoire indique une tristesse communicative, les arbres du bord du Rhin ; les arbres
« riverains » que sont les saules-pleureurs participent au chagrin du poète par la personnification des
arbres qui pleurent. Apollinaire décompose le nom composé pour fabriquer la personnification et
crée une contamination entre le poète et le paysage, les arbres deviennent les compagnons
d’infortune du poète, leurs branches pleurent avec lui.
Strophe 2 :
La strophe 2 mêle l’évocation du paysage et de la femme aimée.
Le poète poursuit sa promenade sur le Rhin, le paysage défile mais le poète regarde « en arrière », ce
regard prépare une évocation nostalgique. Les collines plantées de cerisiers sont caractéristiques des