Philosophie morale
Plan du cours
I. Métaphysique des moeurs de Kant
II. Philosophie de la religion chez Kant dans La religion dans les limites de la simple
raison
I. La Métaphysique des moeurs
Introduction : A travers la philosophie aristotélicienne
Il écrit la Métaphysique des moeurs en 1797 et la Critique de la raison pure en 1781
(deuxième édition en 1787). La Métaphysique serait son ouvrage de maturité, de vieillesse, il y
intègre le transcendantal dans le domaine de la moralité. Les ouvrages critiques de Kant sont les
plus fondamentaux car ils rompent avec les philosophies des moeurs pré-critique. Les écrits sur la
manière de bien vivre fondamentaux : Aristote, les épicuriens… Ces textes influencent la
philosophie jusqu’à Kant. Lorsque Descartes écrit dans ses correspondances sur des questions
morales il s’inspire de la philosophie stoïcienne. En Europe le christianisme influence grandement
la philosophie morale. Les scolastiques font une sorte de synthèse entre ces philosophies antiques
et religieuses. Cette tradition se prolonge jusqu’à l’école écossaise qui serait fondée par de
véritables penseurs du sentiment moral → Hutcheson. La CRP a inclut l’ensemble de ces théories.
Chez Aristote, Epicure la question est éthique, elle porte sur la manière dont on doit se
comporter, se construire, quelles habitudes raisonnées faut il prendre pour agir comme il faut. Il
faut comprendre pourquoi il faut agir de cette manière. Cela se fonde sur l’idée de la prudence, de
la phronesis → capacité de déterminer la vertu dans tous les cas. Dans l’Éthique à Nicomaque on
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,cherche ce qu’il faut faire, on agit toujours selon une fin qu’on estime être dans le bien (fin =
bien). Il y a une multitude de fins, existe-t-il donc une multitude de bien ? Oui mais ces biens
n’ont pas le même statut, certaines choses sont un bien en elle-même, et d’autres sont un bien en
référence à autre chose. L’utile est bon mais il est bon à quelque chose, jamais en lui-même, il
permet de faire quelque chose. Par conséquent si ‘lutile est bien c’est parce qu’il me permet de
faire quelque chose qui quant à lui est le véritable bien. Certains bien sont voulus en eux-mêmes,
par ex toutes les actions vertueuses comme le courage. Celui qui a ces vertus (courage,
magnanimité, libéralité…) atteint le bonheur. Certains biens valent pour eux-mêmes mais ils se
réfèrent à quelque chose d’autre, le bonheur. Même s’il y a toute sorte de fins il y a un bien
suprême, le bonheur. L’éthique est une théorie qui permet d’atteindre le bonheur, comment
peut-on acquérir les vertus qui nous permettront d’être heureux ? Telle est la question de
l’ouvrage. Si on s’intéresse à Epicure il propose lui aussi une théorie pour être heureux, si j’atteins
le bonheur alors je suis vertueux. La réalisation du bonheur est la réalisation de la vertu. Chez les
stoïciens c’est le fait d’être vertueux qui va me permettre d’être heureux. dans un cas bonheur →
vertu et dans l’autre vertu → bonheur. Dans les deux cas je cherche à être heureux. L’éthique est
donc une doctrine qui vise à déterminer les conditions qui permettent à l’homme d’être heureux,
les sages savent comment pratiquer la vertu pour être heureux → discipline de vie chez les
épicuriens. La vertu en grec est l’excellence, lorsque l’on atteint cette excellence on est heureux
chez Aristote. Quelle est cette excellence chez Aristote ? C’est l’excellence qui me permet d’être
au mieux ce que je suis. Qu’est ce que je suis ? Je ne suis pas un être destiné à se nourrir et à
croître, je ne suis pas défini par le fait d’avoir des sensations agréables comme les animaux.
L’excellence se caractérise par la raison. Aristote la distingue en raison théorétique et en raison
pratique. La première est contemplative, elle est commune avec les dieux, le dieu est pure activité
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,mais cette activité ne va nulle part. Lorsque nous contemplons nous sommes dans une activité
sans mouvement, ce serait du domaine des mathématiques, de la philosophie… La raison pratique
(nous rappelle les intitulés kantiens) correspond à la prudence, elle ne vise pas une science, à des
vérités éternelles déterminées et nécessaires. Elle veut fixer les conditions de l’excellence, elle
cherche à s’exercer elle-même de la meilleure façon possible, c'est la partie strictement humaine
de notre raison. On ne peut pas contempler indéfiniment, on ne peut vivre dans la
contemplation. Nous essayons autant que nous pouvons à devenir divin mais nous ne pourrons
jamais l’être complètement. En revanche la raison pratique est atteignable par l’homme prudent.
La raison pratique n’est pas fermée sur elle-même, elle est liée à la partie irrationnelle de l’âme, à
la partie désirante. L’autre partie de l’âme est la partie végétative, qui n’est pas liée à la raison
(notre âme fait fonctionner notre corps sans que nous en soyons conscient). La partie pratique de
la raison s’articule avec la partie désirante de l’âme pour produire des désirs conformes avec notre
raison. Notre raison pratique cherche les moyens de nous rendre heureux, elle cherche toutes les
actions qui nous permettront de nous rendre heureux de telle sorte que nous désirons ces actions
qui peuvent nous rendre heureux. On ne désire donc pas n'importe quel désir mais seulement
celui qui s’accorde avec notre raison et qui peut nous rendre heureux. On ne délibère pas sur la
fin, la fin est le bonheur. La question est de savoir comment être en bonne santé. Ce sont des
actions qui en elles-mêmes me rendent heureux, je les veux pour elles-mêmes. La raison
pratique va déterminer quelles actions je dois accomplir de telle sorte qu’elles soient bonnes
en elles-mêmes. ces actions se nomment praxis, c’est l’activité qui a en elle-même sa fin. Par
ex : jouer d’un instrument n’a pour fin que la musique, qui me rend heureux. Il peut y avoir
des usages utilitaires à la musique mais elle a bien souvent son sens en elle-même. Même la
raison pratique vaut elle-même puisqu’elle permet de réaliser des actions qui valent en elles-
mêmes. Aristote oppose la praxis à la poiesis, qui relève des actions utilitaires, qui ne sont
pas accomplies pour elles-mêmes. Par ex l’homme courageux est courageux parce qu’il est
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, bon d’être courageux mais aussi en vue de gagner le combat. Il faut réaliser un jeu entre
l’action et la disposition dont le résultat est l’habitude. J’agis, à force d’agir de la bonne
manière je deviens bon. Il me devient donc plus facile de bien agir. Je constitue donc une
habitude, et si j’ai l’habitude d’être courageux alors je suis courageux. C’est devenu une partie
de moi-même, je me suis construit en ayant cette habitude. L'éthique est une théorie de la
construction de soi pour être celui qui peut être heureux, et cela se construit tout au long
d’une vie. Il faut se construire de manière à avoir des habitudes qui permettent ce jeu entre la
disposition et l’action. Ainsi je construis mon bonheure n construisant mes habitudes, en
portant à l’excellence mes dispositions.
Kant dit que tout ceci est une doctrine de la prudence mais ce n’est pas une doctrine
pratique, il effectue une rupture. il estime que la morale ne conduit pas à être heureux mais à
être vertueux. Il disjoint ce que les antiques avaient joint, la vertu et le bonheur. C’est un des
aspects de sa critique des antiques. La Métaphysique et la CRP affirment que la raison pratique
n’a pas pour but le bonheur, la raison n’a qu’un rôle instrumental pour rendre heureux car
l’instinct est bien plus efficace dans ce domaine. Au début de la dialectique de la raison pratique il
évoque les stoïciens et les épicuriens pour montrer que le lien vertu-bonheur n’est pas légitime,
chercher à être vertueux ne rend pas heureux et chercher à être heureux ne rend pas vertueux. La
vertu et le bonheur n’ont rien à voir ensemble. Pourtant il s’accord sur le fait que nous voulons
que la vertu et le bonheur soient liés. Si nous pensons un homme vertueux, qui essaient de
toujours bien agir, qui est malheureux, alors nous pensons que c’est injuste. Cela montre
l’exigence en nous d’un accord entre la vertu et le bonheur. Mais l’homme vertueux est digne
d’être heureux, cela ne veut pas dire qu’il l’est. Notre raison établit un lien entre ces deux pôles
qui pourtant sont séparés. Selon Kant il y a chez les anciens une erreur de jugement, il fait la
distinction entre les jugements synthétique et les jugements analytiques. Le prédicat ne fait que
préciser une détermination du sujet, si x = y alors y est contenu dans x. “Tous les corps sont
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