Références – Géopolitique.
Ouvrages sur l’Afrique.
Jean Ziegler, D estruction M assive. G éopolitique de la faim (2011).
Toutes les cinq secondes un enfant de moins de dix ans meurt de faim et pourtant l’agriculture mondiale d’aujourd’hui
serait en mesure de nourrir 12 milliards d’êtres humains.
Exem ple : en 2011, crise de sécurité alimentaire dans la Corne d'Afrique notamment dû à la hausse des prix records
alimentaires (maïs jaune augmente de 117 % en Éthiopie). Selon la FAO le « boom des agrocarburants » de première
génération (dont biodiesel et bioéthanol) les dix dernières années, « a eu un impact majeur sur l'évolution de la demande
mondiale en céréales et huiles végétales » car il a fait concurrencer ces productions avec les cultures alimentaires.
L'industrie des agrocarburants utilise aujourd'hui « près de 40 % de la production de maïs aux Etats-Unis et les deux
tiers de la production d'huile végétale de l'Union européenne ». Il y a donc une forte concurrence entre une
agriculture destinée aux biocarburants, une autre destinée à l’alim entation des anim aux d’élevage, et
une agriculture véritablem ent destinée à nourrir les hom m es .
La thèse de Jean Ziegler s’énonce simplement : le m onde a faim parce que le capitalism e accapare les terres
des pays du Sud pour y produire des agrocarburants et parce que la spéculation boursière a investi d e
dom aine des denrées alim en taires. Il qualifie de « crime contre l’humanité » le fait d’abandonner les cultures
vivrières au profit des agrocarburants. Le propos s’organise en six séquences, chacune au nom évocateur. « Le massacre ».
Des dizaines de millions sont victimes de la malnutrition, avec ses atroces séquelles physiques et psychologiques. Les
mécanismes de la faim sont saisis dans leur mise en œuvre concrète et cynique. La sanction est prononcée. Ceux des pays
du Sud qui ont cherché le plus énergiquement leur intégration dans le marché mondial sont aujourd’hui les plus durement
frappés.
Aujourd’hui les institutions des Nations Unies ne soulèvent plus guère l’intérêt de l’opinion publique. Certaines ont trahi
leur mission. L’attaque est cinglante contre le Fonds monétaire international (FMI), l’Organisation mondiale du
commerce (OMC) et la Banque mondiale (BM) – « les trois cavaliers d e l’A pocalypse » – derrière lesquels se
profilent sournoisement les deux cents transnationales de l’agroalimentaire, dont la plus influente et la plus omniprésente,
Cargill. Il est exact que la position oligopolistique de quelques grands exportateurs (dix États dans le monde assurent
actuellement 60 % des exportations agroalimentaires mondiales, explique la grande volatilité des prix, la défaillance de
l’un a des incidences sur l’équilibre général des échanges et des prix) dans un contexte marqué par l’abandon depuis
vingt ans des politiques de régulation des marchés et de protections agricoles.
« La ruine du PA M ». Il parvient difficilement à assurer ses missions d’urgence et l’impuissance de la FAO condamnée
à la ruine s’expliquent par l’absence de moyens. La FAO est l’institution internationale impuissante s’il en fut. D’abord
dénoncée pour ses frais de fonctionnement exorbitants (son budget se décompose en 70 % en salaire, 15 % en frais de
consultation, pour ne laisser que des miettes pour ses projets) et son manque d’efficacité, ce que l’observateur impartial
remarque aisément dans les pays où il se rend.
« Les vautours de l’or vert ». Ils sont légion. L’accaparement des terres est un sujet connu des lecteurs d’Afrique
contemporaine qui a consacré son numéro 237 aux « investissements agricoles en Afrique ». Jean Ziegler lui ne fait pas
dans la nuance sur les agrocarburants : « Non seulement les agrocarburants dévorent chaque année des centaines de
millions de tonnes de maïs, de blé et autres aliments, non seulement leur production libère dans l’atmosphère des millions
de tonnes de dioxyde de carbone, mais, en plus, ils provoquent des désastres sociaux dans les pays où les sociétés
transcontinentales qui les fabriquent deviennent dominantes » (p. 261). Il développe le cas du programme Pro-alcool au
Brésil pour dénoncer l’esclavage dont sont victimes les coupeurs de canne à sucre.
Les « spéculateurs » enfin. Ils sont toujours à rechercher du côté des sociétés de l’agrobusiness et des hedge funds qui
spéculent sur les prix des denrées alimentaires. « La cupidité illimitée des oligarchies prédatrices du capital financier
globalisé l’emportent – dans l’opinion publique et auprès des gouvernements – sur toute autre considération, faisant
obstacle à la mobilisation mondiale ».
, R ené D um ont, L'A frique noire est m al partie (1962).
René Dumont, ingénieur agronome, montre les faiblesses de l'agriculture africaine au lendemain de la décolonisation, et
met en garde contre les problèmes de la dépendance alimentaire. L’Afrique piétine car elle n’a pas choisi les bonnes
solutions pour se développer, or elle en a les moyens. Il faut qu’elle accorde plus d’importance à la transformation
industrielle et agricoles. Dumont propose :
Des solutions internes : éducation pour arrêter de produire une élite sociale au détriment de tous les autres, et
une socialisation de la production s’accompagnant d’un plein emploi. Les pays doivent reprendre le contrôle de
leur économie pour se développer.
L’Afrique doit aussi s’unir pour faire contrepoids à l’Europe
Le départ de l’Afrique a été mauvais parce que trop précipité, calé sur les modèles coloniaux.
Sylvie B runel, L'A frique est-elle si bien partie ? (2014).
Elle rétablit le balancier entre l'afroptimisme des années 2000 et l'afro-pessimisme des années 1990 : « N on l'A frique
n'est pas si bien partie. Elle connaît certes une em bellie, d es redressem ents spectaculaires. M ais la vérité
c'est que d e vraies réu ssites s'individualisent en tâches de léopard sur une toile de fond qui reste celle
du sous-développem ent et de la précarité ».
À apprendre par cœ ur :
« L'ampleur de la croissance africaine signe leur grand retour du continent, fort de ses ressources naturelles et de son
nouveau marché de consommation, sur la scène internationale. Il existe désormais une Afrique émergente porteuse de
tous les espoirs avec sa classe moyenne immense et ses progrès. Mais ce redressement est-il durable ? Jam ais l'A frique
n'a été plus injuste : sa croissance économique s'accompagne d'un creusement des inégalités porteur de graves tensions.
La grande pauvreté persiste y compris dans les pays émergents. La plupart des Etats continuent de tolérer qu'un petit
nombre se réserve le meilleur au détriment de l'immense majorité. »
C itations en désordre :
L’impasse de l’Union Africaine : « l'A frique n'existe pas, sauf en tant qu’ensem ble g éologique. »
Elle dispose d'une arme redoutable : l'avenir lui appartient. Tandis que le vieux monde sombre dans une crise
de sénescence, elle s'éveille au contraire et entame son développement.
Le m ade in A frica doit être d'abord un m ade for A frica.
Elle est plus que jamais le continent où faire des affaires.
La violence couve sous les paillettes d'une croissance accaparé par quelques-uns seulement.
Les vraies réussites s'individualisent en tâches de léopard sur une toile de fond qui reste celle du sous-
développement et de la précarité
En Afrique s'applique la loi du doublement : pour une population qui croît d'un facteur 𝑥, la ville croît d'un
facteur 2𝑥, le bidonville d'un facteur 4𝑥.
Alors que la Chine investi l'Afrique dans une optique de profondeur stratégique et d’opportunités, les États-Unis
l'aperçoivent surtout comme un danger qu'il faut sécuriser.
L'Afrique est assise sur un tas d'or.
Alors que les 4D de la mondialisation avaient propulsé des économies occidentales et émergées, l’Afrique souffre
de ses propres 4D : détournem ent, dette, drogue, djihad.
L'A frique : des pauvres assis sur un tas d'or exploité par d'autres.
L'Afrique fait face à un paradoxe bien intrigant : alors que le continent dispose d’immenses réserves foncières,
la « faim des terres conduit des peuples privés de leur ancien vase d'expansion à s'affronter férocement pour le
contrôle des champs et les pâturages ».
Jacques D iouf, ancien directeur général de la FAO, avait coutume de dire qu'en Afrique « le meilleur ministre
de l'Agriculture c'était la pluie » : la responsabilité incombe à des gouvernements incapables.
Le Sahel est devenu l'angle mort de la globalisation actuelle, centrée sur les grandes îles de l'archipel
métropolitain mondial.
La solution appartient aux Africains. Pour la première fois de son histoire, l'Afrique se trouve aujourd'hui à la
croisée des chemins.
La « jobless generation » va alimenter les réseaux terroristes. 17 millions de jeunes arrivent sur le marché du
travail par an.
Dénonciation de l'instrumentalisation cynique des famines : les Etats instrumentalisent les famines pour
conforter leur pouvoir.
Les fem m es, les bêtes de somme de l’Afrique (les « H ercule aux pieds nus » selon Sylvie B runel).