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Histoire-Géo-Géopolitique
M. DURAND
Lycée du Parc – ECS – 921* – 2021/2022
Les États-Unis
L’ADN de la puissance américaine
I. Les ressorts biologiques et id éologiques perm an ents.
A . P lus de 300 m illions d’A m éricains.
1. La croissance dém ographique des États -U nis.
La croissance démographique paraît exceptionnelle au regard de l’évolution en Europe. Pour 150 millions d’habitants en
1950, les États-Unis ont dépassé les 300 millions en 2006 (324 millions en 2017). Le compte augmente toutes les 7
secondes. Elle repose sur une triple dynamique : l’allongement de l’espérance de vie (ce qui provoque un vieillissement –
en 2030 20% de la population aura plus de 65 ans), la fécondité (1,88 en 2012) et enfin l’immigration, très importante
sur le sol américain. Le dynam ism e am éricain contraste fortem ent avec les évolu tions constatées sur le
V ieux C ontinent (qui, à défaut de l’être historiquem ent, est en passe de le deven ir dém ographiquem ent)
à tel point qu’on estime que vers 2050, les États-Unis seront le seul pays développé à figurer parmi les vingt pays les
plus peuplés.
2. U ne population toujours m obile.
La population est polarisée par un phénomène hydrotropique. Les quatre “littoraux” (Atlantique, Pacifique, golfe du
Mexique, Grands Lacs) attirent la population au détriment de la diagonale du vide, du Dakota du Nord à l’Alabama.
On distingue trois types d’espace :
▪ Le New Sun Belt (Sud-Est), qui compte 13 États et 21% de la population, où la population augmente beaucoup
grâce aux migrations internes en provenance du Nord-Est,
▪ Les 9-12 États qualifiés de “Melting Pot” (Pacifique, Atlantique, Grands Lacs) qui concentrent 40% de la
population et accueillent l’essentiel des immigrés,
▪ Les États du « heartland », 25-28 États où la croissance démographique est faible (immigration faible) et qui
concentrent 39% de la population.
3. D e nouveaux équilibres spatiaux.
La répartition est inégale. Les densités sont globalement faibles, sans doute à cause d’une dilution évidente d’une grande
population au sein d’un immense territoire. Seul le Nord-Est américain (la « mégalopolis ») est comparable à l’Europe
de l’Ouest en termes de densité démographique. Les grandes concertations correspondent à des foyers métropolisés (Los
Angeles, Dallas, Houston), ou des oasis de peuplement isolés (Denver). Le clivage s’explique par l’attractivité économique
mais il est moins net aujourd’hui.
, Les agglomérations du Nord-Est ont un poids écrasant. Elles concentrent les centres décisionnels : c’est la « decisional
belt » (12 des 33 entreprises dans le top 100 mondial y ont leur siège social, comme G eneral Electric ou Pfizer). New-
York héberge l’ONU, le NYSE et le NASDAQ. Boston, ancêtre et petite sœur de New-York, conserve des fonctions de
commandement et rayonne académiquement (Harvard, MIT). La « Main Street America » complète la Megalopolis,
dans un couloir transfrontalier reliant les États-Unis des Grands Lacs (Chicago, Detroit) au Canada suivant le fleuve
Saint Laurent (Toronto, Montréal, Québec).
Mais une nouvelle donne géographique émerge. Ainsi les firmes pétrolières du Texas côtoient maintenant des firmes
informatiques (D ell).
Plusieurs « belts » sillonnent le territoire :
La « Rust Belt » est marquée par le déclin industriel et démographique : de 33% des emplois industriels en 1950,
elle est passée à 15%. Après la crise du système fordiste, une reconversion est nécessaire. Pittsburgh, par exemple,
s’est réinventée par le biais de l’aménagement urbain.
La « Sun Belt » est une périphérie attractive, avec des pôles plus ou moins dynamiques. La Metrolina (de
Richmond à Atlanta en passant Raleigh et Charlotte) prolonge la Metropolis, on y délocalise le complexe
militaro-industriel. Le pôle d’Atlanta est une métropole dynamique (C N N , C oca C ola, les JO de 1996 et un
aéroport parmi les premiers rangs mondiaux). Le pôle texan (Houston-Dallas-Austin) est composé de deux
capitales de l’industrie pétrolière, dispose d’un hub aéroportuaire et de bonnes universités. Une logique de
technopôles se distingue à l’Ouest (Phoenix, Denver), avec la Californie : San Francisco est le pôle le plus
dynamique (Silicon Valley), San Diego concentre la recherche et Seattle (siège de M icrosoft) est un pôle en
pleine croissance. Le pôle métropolitain de Miami bénéficie de sa situation d’interface pour devenir la 2ème place
financière après New-York. La C alifornie est une grande puissance (7e m ondiale si indépendante).
L’urbanisation est importante. 80% de la population américaine vit dans 274 aires urbaines de plus de 100 000 habitants
qui structurent le territoire, 25% vivant même dans des villes de plus de 5 millions d’habitants. Une hiérarchie des villes
se dessine : trois métropoles dominent le territoire (New York, Los Angeles et Chicago), et sont suivies par des métropoles
qui dominent leur région et structurent de plus en plus l’espace et l’économie (San Francisco, Philly, Detroit, Boston,
Dallas, Houston, Miami, Atlanta). L’urban sprawling (l’étalement urbain) est important (10% du territoire en 1970
contre 16% aujourd’hui). Les edge cities (“les banlieues devenues villes” selon Joël G arreau) et les suburbs connaissent
une importante croissance démographique. Le taux d’urbanisation du pays est 78% (Californie 94%, New Jersey 95%,
Massachussetts 91%).