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Histoire-Géo-Géopolitique
M. DURAND
Lycée du Parc – ECS – 921* – 2021/2022
Les Amériques
L’Amérique : un continent, deux mondes
I. La géographie n’est pas un facteur unificateur du continent am éricain.
A . U n continent aux prises avec les défis de l’im m ensité.
L’Amérique est un espace immense et peu peuplé. 2èm e continent par la taille (42 millions de km², 28% des terres
émergées), elle fait 20 000 km de l’Arctique à la Patagonie, 4 500 au plus large. Elle ne compte par contre que 900
m illions d’habitants (8% de la population mondiale), pour une densité moyenne de 22 hab./km², avec un taux
d’urbanisation de 81% au Nord et 79% au Sud, et 7 aires métropolitaines supérieures à 10 millions d’habitants. Dans La
Grammaire des civilisations, Fernand B raudel parle d’une “surabondance inhum aine de cet espace .” La
géographie pèse sur l’espace.
B . Les défis physiques : une organisation m éridienne.
1. D es spécificités com m unes à cet espace.
3 grands systèmes de reliefs découpent le continent selon l’axe Nord-Sud. A l’Ouest, les montagnes sont jeunes et élevées
(Les Rocheuses et les Andes) ; plus à l’Est se trouvent les grandes plaines (bassins sédimentaires du Midwest, bassin du
Mississippi, Orénoque, Amazone) ; sur les littoraux atlantiques les montagnes sont peu élevées, érodées (Appalaches,
plateau canadien, Patagonie dans le prolongement du plateau brésilien). Cette disposition n’a pas été une aide à
l’appropriation de l’espace et a même longtemps bloqué l’avancée coloniale (Appalaches).
2. U ne m aîtrise inégale de cette im m ensité : la puissance ou l’im puissance sur le territoire.
Le territoire est une dim ension essentielle de la puissance, sa base m ais p eut -être son tom beau aussi. Il
nourrit et enrichit, à condition d’être m aîtrisé et exploité à bon escient. Un territoire riche et vaste n’est pas
une garantie de puissance ; cette immensité doit être transformée en puissance, par des infrastructures.
⎯ A ux États-U nis.
L’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud sont à distinguer dans leur maîtrise de l’espace. Le défi a été vite et bien
relevé au Nord, ce qui explique la montée en puissance des Etats-Unis. Le relais de poste hippomobile de Buffalo B ill
le Pony Express fera rapidement place au prem ier chem in de fer transcontinental qui a permis le développement
du Far West. Au niveau des télécommunications, le télégraphe trouve un large essor aux Etats-Unis, puis le téléphone
voit le jour de la pensée de deux américains Bell et G rey (la première ligne reliant les deux extrémités des Etats-Unis,
San Francisco à New-York par A T& T en 1915), Le territoire américain a très tôt été dompté, contrairement à d’autres
espaces comme la Russie, qui n’est parvenue et ne parviendra jamais à maîtriser le gouffre sibérien.
, Le territoire américain a su rester un des plus maîtrisés : il constitue le 1er réseau aéroportuaire mondial, un réseau
routier de 6 millions de kilomètres, et ferroviaire de 300 000 kilomètres). Le réseau de pipelines (2 millions de km) assure
un approvisionnement énergétique efficace.
Y com pris le vid e intérieur des Etats-U nis a été m is en valeur : malgré les faibles densités de population (40%
du territoire américain ne dépasse pas les 5 habitants par km²), cette zone est cruciale en devenant peu à peu le grenier
du pays, tandis que certaines zones naturelles ont été préservées et classées en « parcs nationaux », comme celui du
Grand Canyon, de Yellowstone, du Yosemite et constituent une rente touristique en attirant plus de 50 millions de
visiteurs par an… La géographie américaine est celle d’un réseau structurant de grandes villes, interconnectées et réparties
sur l’ensemble du territoire.
Mais depuis le National Energy Plan de 2003, aucun espace naturel n’est un sanctuaire quand il s’agit de promouvoir
des intérêts économiques. Le Plan Horizon (2011) avait certes entraîné l’arrêt des nouvelles prospections dans le golfe
du Mexique, mais ces prospections reprendront sûrement quand la rentabilité du pétrole sera meilleure. On retrouve ce
“tout ou rien” du rapport fantasmé au territoire : soit sanctuarisé et inviolable, soit la prédation prend alors toute son
ampleur.
⎯ En A m érique Latine.
L’Amérique latine a une réalité politique d’éclatement ; il y a une incapacité à penser l’espace du point de vue continental.
La détérioration de la conjoncture économique a eu des conséquences intérieures. On constate une résurgence de menaces
d’origine interne, comme l’extension de zones grises à forte influence d élinquante (zone de la triple frontière
d’Argentine, Brésil et Paraguay); les trafics divers organisés en réseaux (stupéfiants, personnes, armes,véhicules) ; les
migrations massives de populations (du Pérou et de la Bolivie vers l’Argentine et le Brésil ; de Haı̈ti vers le Brésil ;
d’Equateur vers les Etats‐Unis) ; les crispations sur la défense de zones économiques mal contrôlées (A m azone vert et
A m azone bleu).
L’accès aux océans des Etats sud‐américains, et donc leur capacité de connexion au monde crée également des différences
notables. La Colombie a une double façade maritime, Atlantique et Pacifique. L’Equateur, le Pérou et le Chili ont une
côte Pacifique. Alors que le Venezuela, le Brésil, l’Uruguay et l’Argentine ont une façade atlantique. Bolivie et Paraguay
en revanche sont des pays enclavés. Il existe un vif contentieux entre la Bolivie et le Chili, qui a privé au XIXème siècle
cette dernière d’un accès du pays à l’Océan Pacifique.
3. D es défis clim atiques.
L’Amérique a des spécificités climatiques. Elle est divisée en 4 ensembles patio-climatiques : zones équatoriale, tropicales
(humide dans le golfe du Mexique ou aride dans le Nordeste brésilien), tempérées (Sud du Brésil, Etats-Unis) et de haute
altitude (influence polaire au Canada et en Alaska, où les montagnes sont des obstacles à l’activité humaine, a contrario
du Sud où on observe le phénomène des montagnes-refuges). La contrainte de l’aridité est moins nette au Sud (à
l’exception du désert chilien), avec des zones forestières, qu’au Nord (Mexique, Californie, Arizona).
⎯ A ux États-U nis.
Le dérèglement climatique est désormais perceptible dans ses conséquences : le rapport L’évolution climatique nationale
(2014) pointe par exemple du doigt la route n°1 en Louisiane, menacée par la montée des eaux, dont l’arrêt de
l’exploitation pendant 3 mois coûterait 8 milliards de dollars, ou la Californie, où les vagues de sécheresse se multiplient
et attisent des « mégafeux » toujours plus dévastateurs, ou les jours de smog qui augmenteraient de 60% à Atlanta ou
Baltimore.
Face à cette menace climatique, le problème est politique. Si C linton signe l’accord de Kyoto (1997), le Sénat refuse
de le ratifier à l’unanim ité . Les Etats-Unis ont pourtant une politique environnementale (EPA — dont les fonds
seraient réduits de 31% d’après le budget publié par Trum p en mars 2017, incitations fiscales pour investir dans les
renouvelables). Les Clean Power Act et Plan d’Obam a prévoient la réduction des émissions de gaz à effet de serre des
agences fédérales, la multiplication de production d’électricité éolienne, la participation au fonds vert pour le climat. A l-
G ore, ex-vice-président des Etats-Unis est devenu une des figures de la lutte climatique, qu’il met au jour avec ses
