Régime et transition
4/ Les facteurs prédictifs de la démocratie
On va s’intéresser en particulier à deux questions, d’abord, quels sont les facteurs qui favorisent
l’implémentation, la démocratie et la stabilisation ? Les études empiriques depuis la Seconde
Guerre Mondiale se sont beaucoup intéressées aux facteurs prédictifs de la démocratie. Pourquoi
certains pays sont-ils démocratiques et d’autres ne le sont pas ? Pourquoi la démo est souhaitée dans
certains pays et pas dans d’autres ? On cherche à expliquer le régime : on cherche des variables
indépendantes. On cherche des variables et facteurs explicatifs. Dans cette approche, la démocratie
est notre variable dépendante, c’est-à-dire une variable expliquée, on cherche la variable
indépendante.
Il y a une part de facteurs conductifs. Pourquoi s’intéresser à cette question ? Ce questionnement est
typique de l’après seconde Guerre Mondiale. Les chercheurs se demandent alors si il est possible
d’œuvrer pour stabiliser les démocraties dans des pays nouvellement indépendants. Peut-on susciter
les démocraties ? On se penche sur les facteurs économiques sensés stabiliser les démocraties. Il
faudrait donc fournir une aide économique pour stabiliser les démocraties. L’entre-deux-guerres a
été le théâtre de l’instauration et de la chute rapide de démocraties, comme en Allemagne (nazisme),
en Italie (fascisme), l’Espagne (franquisme). On dénombre plusieurs facteurs de renforcement de la
démocratie. On démontre une pluralité de causes. Les travaux empiriques ont mis en évidence le
rôle des 8 variables principales. La plupart de ces variables explique aussi bien l’émergence des
démocraties que leur stabilité.
Certaines démocraties ont eu des prédispositions culturelles, d’autres économiques. Aucun facteur
n’est alors suffisant, ni déterminant et nécessaire pour instaurer une démocratie. C’est la raison pour
laquelle on va les qualifier de « facteurs prédictifs », plutôt que de « conditions ». Nous allons
comparer les démocraties et autocraties en fonction de ces facteurs pour étudier la force de certaines
démocraties.
Section 1 - Une culture politique démocratique
Le modèle de Robert Dahl montre qu’il y a deux procédures majeures que les démocraties ont suivi,
d’abord la « competition preceding participation » ou la « liberalisation preceding democracy ». Le
scénario de la démocratie se compose en deux étapes : Au tout début des démocraties on observe la
création d’élections libres et de compétitions avec un suffrage censitaire, c’est le cas des régimes
électoraux oligarchiques (France, Angleterre, Etats-Unis…). Donc la compétition précède le
suffrage universel. La compétition n’a pas toujours été parfaite mais il y a dans ces pays un
embryon de démocratie libérale mais avec un suffrage censitaire. Donc au début il y a plus de
libéralisation et moins de démocratie, mais elle s’affirmera avec l’universalisation du suffrage. En
1928, on compte 21 démocraties et la plupart le sont devenus avec le modèle de Dahl.
En France, les premières expériences de démocratisation ont plutôt mis en avant le suffrage
universel au dépend d’une compétition libérale d’expression du vote. Après la révolution, on a
d’abord des régimes avec des suffrages censitaires mais quand même très ouverts, avec Napoléon
III, on a un suffrage universel véritable mais des conditions de tenue des élections pas du tout
libérales. La France a plutôt tendu à convier beaucoup de monde aux élections mais sans une
compétition libérale. Les autres critères sont venus d’un seul coup, suffrage universel masculin et
compétition dans les trois années de la Seconde République. Puis en 1848, on observe la liberté de
la presse, d’expression qui ont permis aux élections d’être compétitives. La France est un peu
atypique dans ce cadre.
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Pour que la Démocratie résiste au temps, il faut un attachement politique à la démocratie. On peut
distinguer 2 acteurs fondamentaux :
- La classe politique/les leaders politiques : c’est la variable individuelle. Par exemple, l’Inde est
une démocratie car son héritage anglais a ancré les valeurs de la démocratie. Gandhi, par
exemple, ou Nehru, ont su montrer leur attachement aux valeurs démocratiques.
- La population. La France, à la Libération de 1944, était attachée au retour de la démocratie. Si la
population n’est pas en faveur de la Démocratie, la population peut alors voter pour des partis
peu démocratiques.
On remarque d’ailleurs un affaiblissement progressif de notre attachement aux valeurs
démocratiques. On constate cette baisse significative surtout chez les jeunes, probablement parce
qu’il n’ont jamais connu de régime autocratique, ni leurs parents. La performance de la démocratie,
sur l’emploi et les inégalités, est aussi plus faible.
Section 2 - L’armée
En quoi certaines caractéristiques de l’armée peuvent-elles présenter un obstacle à l’instauration
d’une démocratie, ou une menace sur une démocratie déjà instituée ? L’armée ne doit ni constituer
un obstacle, ni une menace. Mais peut-elle être un facteur promoteur la démocratie ? Il y a trois
conditions pour qu’elle ne nuise pas à la démocratie :
- Une armée limitée en nombre : moins elle a de membres, moins elle peut contrôler le pays à
travers un coup d’Etat (ration armée/population du pays). On peut avoir une armée puissante sans
avoir beaucoup de soldats en étant juste très bien équipée (Etats-Unis).
- Une faible armée de métier : elle peut s’isoler du reste de la population avec un sentiment de
supériorité.
- La culture démocratique de l’armée : il est important qu’il y ait dans la formation militaire une
sorte d’éducation à la démocratie. Dans certains pays d’Amérique latine, l’armée était vue
comme l’ultime arbitre politique donc pas très favorable à l’instauration de la démocratie.
I. Numériquement faible
L’armée ne représente pas une menace pour la démocratie si elle est numériquement faible par
rapport à la population. L’Amérique latine connaît une grande instabilité démocratique : le Costa
Rica a aboli son armée en 1948 et est un pays très stable démocratiquement. En 1994, le Panama a
également supprimé son armée. Il y aussi le Japon qui ’a pas réellement d’armée, comme les Etats-
Unis leur ont imposé après la seconde Guerre mondiale. L’interdiction d’avoir des forces militaires
permanentes de type maritime, terrestre est instaurée dans la constitution japonaise. Ce qui compte
c’est le rapport entre l’importance num de l’armée et la population.
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