Sciences politiques
Introduction ( à ne pas réviser)
I) La science politique est-elle une science ?
Afin de définir la science, on retient généralement quatre critères :
On considère qu’une science est un discours, autrement dit qu’elle est l’expression
par le langage de ce que l’Homme discerne en observant le monde.
Ainsi, la science ne dépasse pas les capacités propres de l’esprit humain.
C’est pourquoi, on parle souvent de science cognitive.
Toutefois, de nos jours, les enjeux liés à l’intelligence artificielle concurrencent cette
science humaine.
Ex : Un algorithme a scanné plus de 3000 œuvres de REMBRANDT et a reproduit un de ses
tableaux.
Les experts n’y ont vu que du feu et ont même authentifié l’œuvre comme étant une
œuvre authentique du peintre.
Ex : Dans le cadre d’un projet musical, un algorithme écoute les pistes des Beatles.
Il crée une nouvelle musique, dont la mélodie et les paroles s’apparentent vraiment au
groupe.
La science est un discours qui porte sur le réel
Ainsi, une science fait le pari d’atteindre une certaine réalité.
Ex : Quand deux personnes sont ensemble, la société considère qu’ils sont amoureux.
Le juriste, lui, y voit un concubinage.
, La science est contrôlable inter subjectivement
Une science n’admet aucun argument d’autorité, ce qui la distingue d’un discours
théologique ou d’un discours idéologique.
C’est pourquoi, tout ce qui a été démontré peut-être potentiellement réfuté.
La science est inachevée et donc révisable
Autrement dit, une science est continue.
Elle peut être remise en cause et améliorée car elle n’est jamais complètement acquise.
De plus, toutes les connaissances ne relèvent pas forcément de la science.
Il convient alors de distinguer les deux types de sciences :
Les sciences de la nature dégagent des lois, des théorèmes et des théories
suffisamment précises et générales pour permettre de prévoir de nombreux évènements.
Ex : Selon le principe physique de gravité de NEWTOON, si je jette quelque chose, il tombe.
Les sciences humaines qui ne permettent pas l’élaboration de lois générales, du fait
de la complexité des faits sociaux.
De plus, dans le cadre des sciences humaines, il est impossible d’expérimenter.
II) En quoi la science politique se distingue t’elle des
autres sciences ?
La science politique a vécu, au cours de l’Histoire, un certain nombre d’obstacles qui ont
permis l’émancipation de cette discipline en tant que telle.
A) Les obstacles à l’émergence de la science politique
1) L’obstacle terminologique
Dans un premier temps, on s’est longtemps questionné sur le choix de l’emploi du singulier
ou du pluriel du mot « science politique ».
,En effet, soit dans un cas, on considère que la science politique est une science à part
entière, soit on considère qu’il s’agit simplement d’un agrégat de sciences, parmi lesquelles
on la trouve.
La science politique était alors couplée à d’autres disciplines comme la philosophie
politique, la sociologie générale ou même le droit public.
2) Les obstacles disciplinaires
En tant que science, la science politique s’est heurtée à trois phénomènes :
La prééminence de la philosophie politique
En effet, à l’origine, l’examen des faits politiques est revendiqué par la philosophie
politique.
Ainsi, à l’époque, on analyse la science politique à travers de grands concepts de philosophie
politique.
Ex : Le libéralisme ou même le communisme.
L’indifférence quasiment généralisée de la sociologie à l’égard de la science
politique
Il n’y a pas de réelle réflexion sur le phénomène politique qui soit désengagé de la
sociologie politique.
La science politique est donc analysée de manière indirecte.
Ex : Karl MARX traite la science politique à travers l’économie.
De même, BOURDIEU traite la science politique avec une analyse sociologique.
La science politique a été captée par le droit public
En effet, comme personne ne voulait faire de la science politique, les juristes s’en sont
chargés.
Cette adoption s’est faite au prix d’une double influence à la fois intellectuelle et
institutionnelle.
, S’agissant de l’influence intellectuelle, la connaissance du phénomène politique dans sa
forme étatique, pendant longtemps, s’est confondue avec les branches administratives et
constitutionnelles du droit public.
Cette confusion a entrainé deux types de conséquences :
- Le droit public a légué à la science politique une vision essentiellement normative
de l’État
- Le droit public a légué une vision essentiellement institutionnelle du politique
On a ainsi très longtemps envisagé le phénomène politique au regard des institutions qui le
représentait, excluant du champ de la science politique tout élément annexe.
De même, s’agissant de l’influence institutionnelle, les juristes ont juridicisé la science
politique.
Cette juridicisation a eu deux conséquences :
- La science politique est conçue, au départ, comme une annexe du droit
constitutionnel
- La science politique est également conçue, au départ, comme une annexe de la
science administrative
B) L’autonomisation progressive de la science politique
L’autonomisation de la science politique relève de deux formes :
- L’autonomisation institutionnelle
- L’autonomisation scientifique
1) L’autonomisation institutionnelle
Au cours de l’Histoire, on assiste à l’émergence de penseurs de l’objet politique détaché de
son objet juridique.
Certains auteurs commencent donc vraiment à s’intéresser à la science politique.
André SIEGFRIED, considéré comme le pionnier de la compréhension des motivations et
des raisons de la véritable science politique, publie, en 1913, son analyse géologique du
vote.