Célestin Freinet (1896-1966)
A Qui est Freinet ?
Freinet est un pédagogue français, il a participé de façon fulgurante à l’essor
de la pédagogie nouvelle. On ne peut évoquer son nom sans que viennent à
l’esprit toutes ses techniques et outils novateurs tel que la correspondance
interscolaire, le journal scolaire, le texte libre, l’imprimerie, les conférences
d’enfants, l’autocorrection, le plan de travail, le cahier de vie… Trois ans après
son entrée à l’Ecole Normale de Nice, en 1915, Freinet est obligé d’interrompre
ses études d’instituteur à cause de sa mobilisation pour la première guerre
mondiale. Il rejoint le front en 1916. Un an plus tard il est grièvement blessé
aux poumons : il devient blessé de guerre à 70%. La paix revenue Freinet
insiste pour reprendre une classe et devenir enseignant. En 1920 on lui accorde
une classe mais il ne peut enseigner de manière magistrale car ses poumons le
font souffrir. Certains pensent que c’est l’une des raisons pour lesquelles il a
institué une nouvelle pédagogie. Ainsi Freinet organise le principe de la classe
promenade. En 1922, il fait un premier voyage à Hambourg pour visiter les
écoles libertaires. Un an plus tard, il participe au Congrès de la Ligue
internationale pour l’Education nouvelle en Suisse. En 1928, il est nommé à
Saint-Paul-de-Vence, municipalité très conservatrice où on est très hostile aux
Rouges (communistes). En 1932, les gens veulent le chasser et une campagne
de conservateurs relayée au niveau national s’engage contre lui, Freinet est
déplacé d’office un an plus tard. Il démissionne de l’enseignement public.
Quand il ouvre son école de Vence, celle-ci est déclarée inégale par les
autorités administratives. En 1936, il crée le Front de l’enfance en liaison avec
le surgissement du Front populaire. Il reçoit alors une autorisation officielle
d’ouverture de l’école de Vence par le ministère de l’institution publique du
Front Populaire. A partir de 1937, il reçoit dans son école des enfants de
réfugiés de la guerre d’Espagne. En 1940, la police de Vichy arrête Freinet en
tant que militant communiste. Il est interné, son journal « L’imprimerie à
l’école », devenu ensuite « L’éducateur prolétarien » puis « Educateur » cesse
de paraître. Il ne réapparaîtra à nouveau qu’en 1945, amorçant ainsi la
restructuration du mouvement de Freinet. Il a fallu attendre 1964 pour que son
école de Vence soit reconnue officiellement comme une école expérimentale.
La même année, les techniques de Freinet de l’école moderne sont publiées.
Après sa mort en 1966, son épouse Elise a poursuivi son œuvre.
B Contexte d’émergence de la pédagogie de Freinet
Il est important de garder à l’esprit qu’au départ, il y a chez Freinet une
infirmité qui l’empêche de parler fort et toute la journée dans sa classe. Malgré
son handicap, son désir d’enseignant est plus fort que lui, il va le pousser à
inventer une pédagogie qui met en avant d’autres procédures que celles
, qu’utilise la pédagogie frontale traditionnelle. Il est vrai que sa recherche
d’outils pour construire sa pédagogie est créative, cependant on ne peut
affirmer que Freinet a inventé des formes spécifiques de travail. Les formes que
Freinet met en avant existent déjà depuis fort longtemps, ce qui caractérise
Freinet est plutôt l’enquête qu’il fait pour connaître la manière dont les autres
ont déjà résolu les questions qu’il se pose. Par exemple cette idée de « classe
promenade » comme point de départ d’une observation qui permet d’élaborer
des connaissances est déjà présente chez Marc-Antoine Jullien (Essai sur une
méthode, 1808). On trouve déjà dans cet ouvrage les fondements de l’écriture
du journal comme moyen de capitaliser au jour le jour ses observations. Par
contre, le génie de Freinet se situe plus dans sa capacité à transposer, à
transformer dans son contexte pédagogique à lui (une classe française de
primaire en milieu rural après la guerre) des moments d’une pédagogie
élaborée dans d’autres contextes. Ainsi, l’originalité de Freinet réside, d’une
part dans l’articulation qu’il fait des différentes techniques et d’autre part dans
son désir de créer une collectivisation de sa réflexion concernant le travail
pédagogique. Ceci s’explique plus tôt, Freinet ne peut pas parler longtemps
alors il stimule le travail de groupe des élèves, il les organise en petits groupes
pour apprendre.
C La pédagogie de Freinet
Pour penser sa pédagogie, Freinet part d’un constat, lequel l’amène à
poursuivre sur d’autres fondements la pédagogie qu’il veut au service d’une
éducation nouvelle. Constat de Freinet : « Techniquement parlant, l’école
traditionnelle était centrée sur la matière à enseigner et sur les programmes
qui définissaient cette matière, la précisaient et la hiérarchisaient. A
l’organisation scolaire, aux maîtres et aux élèves de se plier à leur exigence.
L’école de demain sera centrée sur l’enfant, membre de la communauté. C’est
de ce besoin essentiel, en fonction des besoins de la société à laquelle il
appartient, que découleront les techniques manuelles et intellectuelles à
dominer, la matière à enseigner, le système de l’acquisition, les modalités de
l’éducation. Il s’agit d’un véritable redressement pédagogique rationnel
efficient et humain qui doit permettre à l’enfant d’accéder à un minimum de
puissance à sa destinée d’Homme » (Ecole moderne française). Freinet
mélangeait les filles et les garçons et favorisait l’entraide entre élèves. A partir
de ce constat, l’enfant devient pour Freinet le centre de l’action pédagogique.
L’enseignant doit apprendre à connaître avant tout l’enfant dans le but
d’adapter les apprentissages en fonction de son développement et de sa
sensibilité personnelle. Freinet exige des éducateurs l’élaboration pour chaque
élève d’un curriculum vitae. En effet, tenir compte du désir et des expériences
de l’enfant est pour Freinet la clé qui permet à l’enseignant de s’adapter à ses
centres d’intérêt, et favorise pour lui l’envie de trouver du sens et de la