Politiques environnementales
Séance 01 : Introduction :
Quand la nature devient ressource
La Science Politique ne s’est saisie que récemment des questions environnementales,
en conséquence de quoi, très peu de cours n’en sont dispensés. L’objectif principal est
d’interroger les fondements politiques de la crise écologique, permettant ensuite d’influer
dessus.
En Anglais, « Environment » inclus les conditions physiques et naturelles dans lesquelles on
évolue, mais également des conditions sociales. Tandis qu’en Français, l’environnement
désigne essentiellement ce qui est extérieur aux hommes. L’environnement étant extérieur à
l’homme, il serait donc extérieur aux enseignements humains. L’enseignement des cours,
avec des masques, des visio-conférences illustre l’omniprésence de l’environnement dans le
monde humain. C’est en ce sens que la Science Politique en est parvenue à tenir compte de
l’Environnement dans son enseignement, ce dès les années 70. En 1972 s’est notamment
tenu le club de Rome, dans le cadre de nombreuses interrogations sur la croissance et ses
conséquences négatives sur l’environnement. Dans ce contexte s’en suis une entrée
progressive de l’écologie dans la compétition partisane et l’ensemble de la scène politique,
ce qui favorise la popularisation des questions environnementales et des débats publics
autour de ce sujet. Certains spécialistes s’illustrent en cette matière dans la sociologie
politique, la sociologie environnementale, les relations internationales, la question des
réfugiés climatiques… Somme toute, l’environnement est donc, aujourd’hui un sujet à part
entière revenu dans la Science Politique.
Au premier abord, les politiques environnementales semblent correspondre à la manière de
limiter le réchauffement climatique, de limiter la production de produits toxiques. Dans les
faits, on distingue politics, policies, polity… La question environnementale peut être
politisée, entrer dans l’arène gouvernementale, afin de définir la façon dont on doit régir
l’homme et ses liens avec la nature. L’action publique, ancrée dans les institutions en tant
que domaine d’action gouvernementale est relative à la productions d’une action
gouvernementale, qu’elle soit locale, nationale, Européenne, ou internationale. C’est
pourquoi les relations internationales jouent un rôle prépondérant en terme d’analyse.
L’action publique n’est pas uniquement relative aux acteurs publics, mais également aux
acteurs privés, intermédiaires, de la société civile et autres (mise à l’agenda, entreprises,
compagnies transnationales). Enfin, il peut exister un ordre institutionnel avec des acteurs
internationaux qui exercent des emprises sur la Cité. La vision des rapports de pouvoirs
entre l’Homme et la nature varie et influe sur notre manière de nous représenter et de traiter
notre environnement. En résumé, il s’agit d’une approche de la sociologie politique, en lien
avec l’Histoire, l’anthropologie, les rapports sociaux, les mobilisations, qui se structurent en
lien avec la question environnementale. L’environnement est influé et influent sur différents
aspects. Cette trajectoire va mener à des approches ouvertes à l’Histoire, sur le temps long,
notamment marqués par des processus de colonisation (spécifiquement en Amérique
Latine). La nature apparaît, à la fois comme une source de réservoir à l’activité humaine,
mais également, et de façon de plus en plus marquée, comme un environnement à préserver.
,L’action publique environnementale contemporaine renvoie à différents enjeux en termes de
jeux d’acteurs, de pouvoirs, à concilier entre l’impératif environnemental et l’impératif
économique. Enfin, nous pouvons évoquer un lien entre l’écologie et l’inégalité sociale, qui
affecte inégalement les populations (changement climatique, pollution industrielle…).
L’environnement devient alors un enjeu de contestations sociales, aux caractéristiques
particulières (domaine associatif, participatif).
Dans un premier temps nous allons interroger nos représentations dominantes vis à
vis de la nature, et de la façon dont elles se manifestent dans des processus de nos rapports à
l’environnement.
cf une photographie de Carolina ARANTES « Steak fric » parue dans la rubrique « 06
mois », comparée à une photo d’autochtone recruté pour éteindre les incendies par le
gouvernement Brésilien dans « Une forêt à terre » également parue dans 06 mois en 2020.
+ documentaire C dans l’air sur la gestion de la forêt Amazonienne par J.BOLSONARO
I) L’imposition d’une pensée prédatrice sur « la nature »
A) « Exploiter le ventre de la Terre » de Carolyn MERCHANT en 2016.
Un savoir géographique, théorique est produit et façonne notre façon de concevoir et
de traiter la nature. Carolyn MERCHANT est également l’auteur d’un livre illustrant le
changement de rapports de l’Homme à la nature, passant d’une logique de la Terre Mère à
une logique exploratrice/exploitante de ses ressources. Suivant son analyse de façon plus
approfondie, elle s’intéresse aux controverses des philosophes du XVIe et du XVIIe siècle
ayant impulsé le changement de concevoir les ressources de la nature. Premièrement, en
héritage de la pensée Grecque et Païenne, la Terre est conçue dans une pensée géo-cosmique
qui compare alors la Terre au corps humain avec son souffle, sa sueur, ses systèmes
d’élimination etc (les flux marins et les vaisseaux sanguins de l’Homme, la naissance des
métaux et des roches comme la naissance d’un enfant par la Terre-mère). La Terre est
conceptualisée comme une femme qui donne la vie, comme une mère qui nourrit son enfant.
Le produit d’une création terrestre dans le ventre de la Terre est donc beaucoup plus
ritualisée et limitée, en vue d’obtenir la rédemption du savoir divin, de profaner les
entrailles et d’exploiter cette Terre-mère. Par exemple, c’est ce qu’illustre le « Pillo » en
Bolivie, qui protège les mineurs et leur apporte leur soutien et son abondance économique.
Aujourd’hui, les mines ne sont plus exploitées, et le culte de cette divinité est devenue une
source lucrative.
Puis, par la suite, la révolution scientifique sert un idéal d’exploitation et de maîtrise totale
de la nature par la technologie : outils pour contrôler le cours de l’eau, construction de
moulins. La nature devient alors un système physique, passif, inanimé, laissant libre court à
toute sorte d’exploitation servant l’activité humaine. Les richesses semblent alors offertes à
Dieu pour les hommes, et leur permettre de les exploiter. Cette pensée mécaniste, pré-
mercantiliste se défait progressivement de son association à la femme, à la mère. A
l’inverse, la production grandissante des outils et grandes constructions sont davantage
associées à la masculinité. Dès lors, la nature et la culture sont opposées dans deux
conceptions différentes, suivant une pensée dualiste.
B) La force du dualisme Nature-Culture
, Le dualisme Nature/Culture serait producteur de hiérarchies et de rapports
d’exploitation. La pensée dualiste oppose la nature et la culture comme deux choses
grandissantes mais opposées. Le dualiste Nature/Culture est contemporain du changement
entre une conception nourricière et dominatrice. La pensée Cartésienne oppose le corps,
l’esprit, à la nature et à la culture. La nature doit être comprise par le biais des sciences
naturelles, en opposition aux sciences sociales. La culture semblerait être supérieure à la
nature. Plus on est développé, plus on est élevé dans les civilisations, plus on est capable de
contrôler toute sorte de phénomènes sociaux. De plus, au sein même de la nature, des
hiérarchies sont crées. C’est par exemple ce qu’illustre la série de dessins réalisés par
Ulysse GRY « Les animaux contre-attaquent » de « Fins de race » publié en 2020. Tous les
animaux sont, en fait, nécessaires à l’équilibre planétaire. C’est également ce qu’illustre le
fait de l’interdiction l’exploitation des animaux sauvages dans les cirques prononcée au
cours du mois d’octobre 2020. Ce courant s’appelle le spécisme, considérant que le règne
animal, les animaux, serait une espèce inférieure aux humains, à l’espèce humaine.
Au-delà de cette hiérarchie animaux-humain, ce dualisme Nature/Culture engendre
également une hiérarchie au sein même du genre humain. Suivant la pensée Cartésienne
(théorie de l’animal-machine de DESCARTES, les animaux n’ont pas de conscience ni
d’émotion donc doivent servir à servir les hommes) , la pensée est associée à l’esprit, à une
capacité de raisonner, tandis que la nature est renvoyée à l’exécution, à des choses étendues
incapables de s’articuler de manière réfléchie. Les pays les plus développés, tels que les
pays Européens ont alors réalisé un gradation, justifiée par cette pensée dualiste : les
Africains ne seraient pas civilisés, ce qui justifie leur exploitation.
II) La nature colonisée
C’est ce qu’illustre une gravure réalisée par Jan VAN DER STRAET réalisée en
1589, qui évoque la découverte de l’Amérique, à l’image d’une nature totalement préservée,
sans trace de la civilisation, avec une harmonie entre les hommes et les animaux. Les
hommes sont nus, les animaux sont libres. Le peuple colonisé est anthropophage. Les colons
sont habillés, donc civilisés, contrairement aux autochtones qui sont nus. L’homme vêtu
semble civilisé, avec son astrolabe, en opposition à cette autochtone nue. On constate une
marque culturelle de ces autochtone toutefois qui ne sont pas totalement égaux par rapport
aux animaux. On ressent une profonde relation de domination exercée entre les colons et les
colonisés (homme habillé face à une femme nue) . En parallèle duquel la colonisation
s’apparente à une quête de l’Eden.
A) Colonisation, science, et appropriation de la nature
Le savoir géographique : nommer et cartographier. La colonisation de l’Amérique a
eu un rôle prépondérant lors de la révolution scientifique du XVIe et du XVIIe siècle. A son
arrivée en Amérique, Christophe COLOMB pense avoir découvert la route menant aux
Indes. Il se rendra compte rapidement que ça ne sont pas les Indes avec des épices déjà
connues (Cannelle, clou de girofle) ne sont pas présents, mais qu’à l’inverse il s’agit d’une
description, d’une observation empirique permettant la compréhension du monde naturel, et
de son appropriation. Dans ce contexte colonial, la science devient alors une activité
politique ayant pour objectif de contrôler et de dominer la nature : observation,
appropriation, colonisation de l’Europe. La mise en oeuvre du savoir scientifique a permis
une valorisation du savoir géographique et scientifique, avant son exploitation et sa mise en