CPGE scientifques, thème « le travail »
FICHE N°3 : TRAVAIL & IDENTITÉ
Travail comme élément central de la vie de l’homme. Inhérent à sa condition humaine.
C’est dire que le travail a nécessairement un impact sur l’homme et sur son être, sur son
identité.
Impact peut être de deux natures : soit bénéfque, alors le travail rend heureux, est
bénéfque pour l’homme, il le comble, remplit son être et le satisfait / soit néfaste, alors le
travail est aliénation, ie il altère et dégrade et il vide de toute substance.
Ambiguïté fondamentale : en quoi le travail apporte-t-il
quelque chose à l’individu ? en quoi le détruit-il ?
Travail soit facteur de libération et d’épanouissement mais
possiblement aussi instrument d’asservissement sociale et de perte
d’identité personnelle.
Le travail : oppression ou libération ? aliénation ou épanouissement ?
Alain, propos sur le bonheur, 1925
« Le travail est la meilleure et la pire des choses ; la meilleure, s’il est libre, la pire, s’il est
serf. J’appelle libre au premier degré le travail réglé par le travailleur lui-même, d’après son
savoir propre et selon l’expérience, comme d’un menuisier qui fait une porte. Mais il y a de
la différence si la porte qu’il fait est pour son propre usage, car c’est alors une expérience qui
a de l’avenir ; il pourra voir le bois à l’épreuve, et son œil se réjouira d’une fente qu’il avait
prévue.. Un homme est heureux dès qu’il reprend des yeux les traces de son travail et les
continue, sans autre maître que la chose, dont les leçons sont aujourd’hui bien reçues.
Encore mieux si l’on construit le bateau sur lequel on naviguera ; il y a une reconnaissance à
chaque coup de barre, et les moindres soins sont retrouvés.(...) La peine alors fait justement
le plaisir ; et tout homme préfèrera un travail diffcile, où il invente et se trompe à son gré, à
un travail tout uni, mais selon les ordres. Le pire travail est celui que le chef vient troubler ou
interrompre. La plus malheureuse des créatures est la bonne à tout faire, quand on la
détourne de ses couteaux pour la mettre au parquet ; mais les plus énergiques d’entre elles
conquièrent l’empire sur leurs travaux et se font ainsi un bonheur. L’agriculture est donc le
plus agréable des travaux, dès que l’on cultive son propre champ. La rêverie va
continuellement au travail, aux effets, du travail commencé au travail continué ; le gain
même n’est pas si présent ni si continuellement perçu que la terre elle-même, ornée des
marques de l’homme. C’est un plaisir démesuré que de charroyer à l’aise sur des cailloux
que l’on a mis. Et l’on se passe encore bien des profts si l’on est assuré de travailler toujours
sur le même coteau. C’est pourquoi le serf attaché à la terre était moins serf qu’un autre.
Toute domesticité est supportée, dès qu’elle a pouvoir sur son propre travail et certitude de
durée. En suivant ces règles, il est facile d’être bien servi, et même de vivre au travail des
autres. Seulement le maître s’ennuiera, d’où le jeu et les flles d’opéra. C’est toujours par
l’ennui et ses folies que l’ordre social est rompu ».
Quelle est la thèse d’Alain ?
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, CPGE scientifques, thème « le travail »
I. Libération et épanouissement : le travail comble
1. Le travail est source de l’ estime de soi > ferté
Le travail peut être une souffrance féconde (cf le « travail » de l’accouchement), nous
l’avons vu dans la fche précédente. Si la souffrance du travail est celle de l’effort vers un but
désiré, elle peut offrir une satisfaction et combler.
VIRGILE : le texte des pages 45-47 suppose la ferté de l’homme parvenant par les « arts »
(techniques) à dominer certaines réalités naturelles. Fierté liée à la domination de la nature.
WEIL :le texte de la page (GF) suppose que si l’ouvrier voit que sa souffrance lui
donne le sentiment de « dominer la matière » alors il pourra en ressentir une certaine ferté.
p. : cette joie est de dominer la matière, action à laquelle l’homme est voué par
nature, on l’a vu. Cette joie et possible si l’ouvrier a conscience de participer à un processus de
transformation de la matière conduisant à une œuvre utile à tous (la création du métro par
exemple).
p. : ainsi l’ouvrier pourra établir un lien évident entre sa « peine » et sa
« ferté » de créateur.
Weil rappelle à plusieurs reprises que l’activité industrielle rend possible, à certaines
conditions « la ferté du devoir accompli » (p. ) donc l’estime de soi qui donne
une raison de vivre.
Parallèlement le chômeur à la recherche d’un emploi « laisse une bonne partie de sa
ferté » : ne travaillant pas, il ne peut attendre aucune forme de reconnaissance (p. ).
VINAVER : le travail apparaît clairement comme l’activité qui domine ou doit dominer la vie
des personnages. A contrario, le chômage est une petite mort. Anéantissement de la confance
en soi et vide de toute substance vitale .
p. 90 : Benoît appelle les employés au « don de soi » à l’entreprise.
p. 219 : le licenciement est pour Lubin un drame, travailler est une nécessité vitale. « le
travail c’est toute ma vie » « il me faut la route le contact avec la clientèle »
p. 208 : remarque de Passemar sur le taux de mortalité au moment de la retraite
p. 232 : allusion à celle qui a fait une hémiplégie deux mois après la retraite (madame
Bachevski)
2. Le travail apporte une reconnaissance sociale à l’individu (élévation /
augmentation du rang)
Besoin de gratifcations. Discours de la louange.
VIRGILE : p . 127 : le travail paysan mérite la « gloire » (« laudem » = louanges OU
renommée due à une action valeureuse).
WEIL : l’ouvrier a besoin de voir la valeur de son travail reconnue par des récompenses
morales telles que le « remerciement » ou l’ « éloge » (p. 237)
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