CHAPITRE 7 : Comment lutter contre le chômage ?
I. LES SOURCES DU CHÔMAGE
1 - Définir et mesurer chômage et sous-emploi
Chômage : le fait pour un individu de ne pas avoir d’emploi, d’en rechercher un et d’être disponible pour
travailler. Peut également désigner l’ensemble des chômeurs.
Au sens du BIT: être sans emploi, disponible pour travailler, rechercher de manière effective un emploi sans avoir
travaillé ne serait-ce qu’une heure dans les deux dernières semaines.
Au sens du Pôle Emploi: les inscrits dans les diverses agences. Le Pôle Emploi recense les Demandeurs d’Emploi en
fin de mois (DEFM) qui sont répartis en 5 catégories dont la A se rapproche le plus du chômage au sens de la BIT.
Le flou entre le BIT et le Pôle Emploi c’est ce qu’on appelle le halo du chômage dans lequel on classe toutes les
personnes dont leur état d'activité est difficile à distinguer entre chômage, emploi et inactivité (chômeurs
découragés).
On calcule ainsi le taux de chômage c'est-à-dire le nombre de chômeurs divisé par la population active qui permet
de comparer les pays.
Le taux d’emploi c’est le rapport entre la population active et la population en âge de travailler et il permet de
mesurer la capacité d’une économie à générer des emplois.
La population active c’est l’ensemble des personnes qui travaillent et des personnes qui souhaitent travailler.
Enfin, le sous-emploi désigne la situation d’individus qui travaillent à temps partiel tandis qu’ils voudraient
travailler davantage: ils sont sous-employés.
2 - Les causes du chômage conjoncturel
Les fluctuations économiques (c'est-à-dire la variation à la hausse ou à la baisse de la croissance à court terme)
expliquent le chômage conjoncturel. C’est John Maynard Keynes qui théorise cette idée. Pour lui, lorsque le PIB
s’accroît en période d’expansion ou qu’il diminue durant les récessions, le volume d’heures de travail nécessaire
est affecté dont le niveau d’emploi aussi. Le niveau d’emploi serait ainsi directement lié au niveau de la
production. Le chômage serait involontaire: il trouverait sa source dans l’insuffisance de la demande globale (=
demande de consommations et de biens de production anticipée par les entreprises en économie fermée). Si les
entreprises anticipent une faible demande globale, elles fixent un faible niveau de production, diminuent leurs
embauches voire licencient, faisant ainsi augmenter le chômage. Cette idée sera ensuite soutenue par Okun et sa
“loi d’Okun” qui explique qu’il existe une forte corrélation entre la variation du taux de croissance du PIB et la
variation du taux de chômage. À partir d’un certain seuil (1,5% de croissance pour la France), toute augmentation
du taux de croissance réduit le niveau de chômage et inversement. En effet, à court terme, les gains de
productivité sont faibles ce qui fait que la croissance entraîne directement la création d’emplois et donc diminue
le chômage. On peut donc imaginer deux situations qui feraient chuter la croissance de manière abrupte: un choc
d’offre négatif comme pendant la crise du covid qui a rendu toute production difficile voire impossible ou un choc
dans la demande globale comme lors de la crise financière de 2008 durant laquelle les banques ont dû réduire de
manière drastique leurs prêts aux entreprises et aux ménages, entraînant une baisse de l’investissement et de la
consommation soit une baisse de la demande globale, induisant une baisse de la production globale donc une
réduction des embauches voire des licenciements. Le chômage a donc logiquement augmenté.
3 - Les causes du chômage structurel
Dans le modèle néoclassique de marché du travail, le temps de travail est une marchandise comme une autre: les
offreurs de travail sont les actifs désireux d’allouer une partie de leur temps à une activité productive en échange
d’un salaire; les demandeurs de travail sont les employeurs qui ont besoin de cette marchandise pour réaliser une
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, production. En situation de concurrence pure et parfaite (CPP), la confrontation des deux agents (offreurs et
demandeurs) doit conduire à la formation d’un salaire d’équilibre, pour lequel il n’y a ni offre de travail
insatisfaite (chômage) ni demande de travail insatisfaite (pénurie de main d’oeuvre). Cependant, lorsqu’on
observe les taux de chômage à long terme, on se rend compte qu’il ne disparaît jamais: en France par exemple, il
reste toujours entre 7 et 8% de chômage au minimum: c’est le chômage structurel c’est-à-dire une chômage
relativement permanent résultant de l’action conjuguée de plusieurs facteurs.
A) Problèmes d’appariement entre offre et demande de travail
On parle de problème d’appariement entre offre et demande de travail lorsqu’il y a inadéquation entre la
quantité de travail offerte et la quantité demandée.
a. Le chômage structurel est causé par le temps nécessaire à la recherche d’emploi et à la lenteur de
l’ajustement entre offre et demande. Les offreurs de travail doivent chercher les informations et les
caractéristiques des emplois disponibles tandis que les demandeurs de travail doivent lire les CV
reçus, faire passer des entretiens etc. c’est ce que l’on appelle le chômage frictionnel. C’est le
chômage des salariés entrant pour la première fois sur le marché du travail après leurs études ou
de tous ceux qui transitionnent entre deux emplois.
b. Le chômage structurel résulte aussi d’inadéquations spatiales entre lieux d’emplois des offres
d’emplois et lieux d’habitations des demandeurs d’emploi. La mobilité géographique des
travailleurs étant limitée, un emploi vacant à Lille ne fera pas un chômeur de moins à Marseille. On
observe des forts taux de chômage dans le Nord de la France tandis que de nombreux emplois sont
créés en Île-de-France.
c. Le chômage structurel résulte enfin d’inadéquation entre les qualifications des demandeurs
d’emplois et celles dont les entreprises ont besoin, ce qui explique pourquoi certains chômeurs
restent au chômage malgré le fait qu’il y ait de nombreux emplois non pourvus; c’est le cas dans la
restauration notamment. On a donc non seulement une offre de travail insatisfaite (chômeurs)
mais également une demande de travail insatisfaite (pénurie de main d'œuvre).
B) Asymétries d’information
Des économistes, comme Joseph Stiglitz, affirment que le marché du travail n’est pas parfaitement
concurrentiel, entre autres à cause de l’existence d’asymétries d'information (= le fait que tous les agents ne
disposent pas des mêmes information et que certains soient en possessions d’informations que l’autre n’a
pas) entre offreurs et demandeurs de travail. En effet, au moment de l’embauche, les employeurs ignorent la
productivité, l’expérience réelle, les motivations et le temps que comptent rester dans l’entreprise les
candidats. Dès lors, les employeurs ont intérêt à proposer un salaire, le salaire d’efficience (= salaire
supérieur au salaire d’équilibre, incitant les salariés à accroître leur productivité), supérieur au salaire
d’équilibre. Cela permet d’attirer les meilleurs postulants, de les garder, et de les inciter à donner le meilleur
d’eux-mêmes. Par contre, au niveau macroéconomique, le salaire d’efficience étant supérieure au salaire
d’équilibre, il réduit la demande de travail (à ce niveau de salaire certaines entreprises n’embauchent plus) et
augmente l’offre de travail (ce salaire plus élevé attire de nouveaux actifs) donc il produit de façon
structurelle du chômage.
C) Le rôle des institutions
À ces premières causes il faut ajouter les effets produits par les institutions c’est-à-dire les règles et
organisations qui encadrent le fonctionnement réel du marché du travail.
a. L’existence d’un salaire minimum
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