Gargantua
Introduction:
Né au XVIeme siècle, l’humanisme connaît un essor considérable chez différents écrivains
qui placent l’homme au centre des préoccupations. En effet, les humanistes souhaitent sortir du
Moyen-Âge qu’on considère alors comme un ère d’ignorance et de barbarie, en mettant le savoir, et
tout particulièrement les lettres, au cœur de l’existence humaine.
Parmi eux, Rabelais, sous l’anagramme Alcofribas, publie en 1534 Gargantua, un chef-
d'œuvre de l’humanisme qui suit la vie du personnage éponyme comme celle d’un roman
chevaleresque. En effet, le roman suit la succession chronologique des événements de la vie du
géant: sa généalogie, son enfance, son éducation et ses hauts faits guerriers. L’auteur, dans son
roman, invite le lecteur à entrer dans l'œuvre par le biais du rire, rappelant que le rire est un remède
à la tristesse et aux maux de la vie, comme il écrit dans sa célèbre maxime: “Le rire est le propre de
l’homme”. Ainsi, Gargantua est une œuvre destinée à faire rire, qui n'hésite pas à utiliser toutes les
formes du comique, de la plus raffinée a la plus grossière. Toutefois, dans cette œuvre comparable à
celle de Pantagruel, le rire ne serait ainsi l’aspect que le plus superficiel du texte, qui cacherait en
réalité un savoir profond. L’auteur se questionne sur le rapport de l’homme au savoir, mais cherche
également à transmettre un savoir par l'intermédiaire de son œuvre. Il s’agit d’apporter certaines
connaissances au lecteur mais aussi de l’inciter à mûrir une véritable réflexion personnelle sur le
monde qui l’entoure.
Questionnement: L’œuvre de Rabelais a-t-elle pour seule fonction le divertissement par le
rire ? Le rire est-il seulement au service du divertissement ? Le divertissement ne mène-t-il pas à la
réflexion ? En quoi finalement le divertissement est-il au service des idées ? Quelle valeur accorder
au divertissement, donc au rire ? Comment le comique rabelaisien se met-il au service du savoir
humaniste de l’auteur ?
Mens sana in corpore sano
Le rire
a) La présence du rire
Rabelais, en choisissant, comme l’indique son titre, de raconter « la vie très horrifique du grand
Gargantua » impose d’emblée sa volonté de divertir ses lecteurs : voir le prologue
- Le gigantisme
⇒ Le rire est à relier au gigantisme aussi des personnages avec les scènes comiques qu'il
, engendre. Rabelais perpétue une tradition folklorique qui associe le gigantisme au grotesque par
effet de disproportion entre les géants et les humains, fondée sur la démesure généralisée qu’elle
engendre.
⇒ Chap 6: Grandgousier a invité tous les habitants de alentours pour assister à la naissance
extraordinaire: Gargamelle accouche au bout de 11 mois et comme elle a mangé trop de tripes,
Gargantua doit sortir par l’oreille. Tout est dans l'excès, à la limite du ridicule.
⇒ La description de la taille du héros suscite le rire, de son corps jusqu’aux besoins énormes pour le
vêtir et l’alimenter. Pour transporter le bébé G, on a besoin d’une grande charrette et pour
l’habillement on a utilisé des mesures colossales
⇒ Plus que sa taille, c'est la goinfrerie de Gargantua qui fait de lui un être démesuré. Un géant et
d’abord quelqu’un qui mange et boit beaucoup, d’où les qualités astronomiques de lait et de vin
qu’on lui donne dès son jeune âge: « dix sept mille neuf cent treize vaches ».
⇒ Etymologie: Son nom provient de “que grand [gousier] tu as”, une formule prononcée par son
père pour qualifier son gosier énorme à la suite de son premier cri “À boire!”. Ainsi, le comique peut
paraître gratuit en apparence et n’apporter aucun savoir. Ganathon des Caractères de La Bruyère.
⇒ Des objets surdimensionnés qu’il utilise aux détails scabreux liés à sa taille comme les effets
dévastateurs de ses excréments sur les hommes…Son voyage à Paris est l’occasion d’une autre
péripétie cocasse, qui occupe plusieurs chapitres, la façon dont il noie les parisiens en urinant sur la
ville du sommet des tours de Notre-Dame, avant d’en voler les énormes cloches, pour les mettre au
cou de sa jument.
- Comique de mots
Le langage:
⇒ Rabelais utilise des termes vides de sens qu’il met dans la bouche de ses personnages
pour susciter un rire moqueur
⇒ (Ch 19): Passage de la restitution des cloches de Notre-Dame: l’Envoyé spécial de la Sorbonne
prononce un discours, sous l’apparence d’une harangue sérieuse, Maître Janotus réalise une
succession de phrases interrompues par des interjections et des connecteurs logiques qui rendent le
propos incompréhensible : « nac petetin petetac, ticque, torche, lorgne ».
Les noms caucasses:
⇒ Frère Jean des Entommeures: moine des “entamures” = morceaux découpés (de la nourriture
qu’il apprécie tant? des ennemis?). D'autres comme Toucquedillon, Basdefesses, Merdaille…
⇒ Rabelais, par ces jeux sur le langage et sur les sonorités, touche là, comme fréquemment dans son
œuvre, au comique de l’absurde.
- Les noms des personnages:
Frère Jean des Entommeures: moine des “entamures” = morceaux découpés (de la nourriture qu’il
apprécie tant? des ennemis?). D'autres comme Toucquedillon, Basdefesses, Merdaille…