Histoire du XXème siècle,
Tome 3 – 1973/années 1990
La fin du monde bipolaire
De Serge Berstein et Pierre Milza
Chapitre 1 : La longue crise insolite des années 1970
➢ En germe dans les déséquilibres de la croissance économique dans les années 1960,
qui se sont manifestés par l’apparition du chômage et de l’inflation, la crise se révèle
dans toute son ampleur dans la décennie 1970 par un ensemble de dérèglements qui
affectent successivement le système monétaire international issu des accords de
Bretton-Woods, le marché pétrolier mondial et une gamme étendue d’industries
anciennes ou parvenues à maturité. La crise frappe plus durement l’Europe occidentale
et les Etats-Unis que le Japon, et elle révèle l’hétérogénéité du tiers-monde. La
combinaison inédite du chômage et de l’inflation, désignée par le néologisme de
« stagflation » met en échec la plupart des politiques de lutte contre la crise, et montre
en particulier les limites des mesures de relance de la croissance par la consommation
inspirées de Keynes. Par sa dureté et ses caractères originaux, la crise des années 1970
marque une véritable rupture dans l’histoire de l’économie mondiale depuis 1945.
Face aux lourdes conséquences sociales de la crise, les Etats ont su résister à la
tentation du repli protectionniste, mais si les relations économiques internationales ont
pu être préservées, elles n’ont pas permis pour autant de mettre en place une
concertation efficace contre les effets de cette crise insolite.
• L’évolution de la crise se déroule comme un scénario en cinq actes avec :
- deux signes avant-coureurs que sont le chômage et l’inflation
- la fin du système monétaire de Bretton-Woods (1971-1973)
- le premier choc pétrolier et la crise économique de 1975
- l’insaisissable reprise (1976-1979)
- la rechute de 1979-1982
• Cette crise à laquelle le monde est confronté durant ces années est insolite car elle se
caractérise par l’invention d’une anomalie : la « stagflation ». Dès lors, on a une crise
industrielle majeure et des économies nationales inégalement touchées.
• La crise révèle les limites de la gestion « keynésienne » et marque ainsi le passage à
une gestion par le libéralisme suite à la prise de conscience de mutations structurelles.
Parallèlement, la coopération internationale est maintenue mais limitée.
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, Chapitre 2 : La rénovation du capitalisme à la fin du XXème siècle
➢ La quête de solutions contre la crise de stagflation conduit dès le début des années
1980 à un retour en force des principes et des pratiques du libéralisme économique
qui, dans le but de libérer les forces du marché, vise à limiter le recours à
l’interventionnisme des gestions keynésiennes. Inauguré dans les pays anglo-saxons,
ce néolibéralisme se diffuse rapidement à travers le monde, influençant jusqu’aux pays
communistes. La « révolution libérale » coïncide avec des mutations techniques qui se
cristallisent dans une véritable révolution de la communication et l’avènement d’une
nouvelle économie impliquant une profonde réorganisation des structures de tous les
secteurs productifs, et un développement sans précédent des activités de service. Au
confluent de cette double révolution, les entreprises qui sont au cœur du capitalisme
libéral se doivent d’adapter leurs modes de fonctionnement aux mutations en cours.
Ces transformations rapides ont un impact direct sur la répartition de l’emploi et
l’organisation du travail dans un sens qui remet en question les équilibres et
protections hérités des Trente Glorieuses, et n’est pas toujours synonyme de progrès
social, alors même que le syndicalisme recule devant la gestion libérale.
• A partir de la révolution néolibérale de 1979-1980, on assiste au retour en force
du libéralisme économique, à la diffusion du néolibéralisme et à l’ouverture des
frontières ainsi qu’à la libération des échanges.
• Une époque de progrès techniques débute, elle correspond à la révolution de la
communication. Aux progrès de la recherche, se couplent la rénovation des industries
anciennes, la révolution de l’informatique ainsi que la tertiarisation et l’affirmation du
capitalisme financier.
• Parallèlement, la rénovation des entreprises s’observe dans le passage du fordisme au
toyotisme. Avec le rétablissement du pouvoir des actionnaires, la réorganisation du
grand capitalisme et l’essor des nouvelles entreprises de la communication,
l’entreprise s’organise en réseau.
• Les conséquences sociales des mutations de l’économie sont la redistribution de
l’emploi, le développement du sous-emploi, le recul du syndicalisme et la « flexibilité
du travail » qui s’accompagne de conséquences sociales.
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