Section 3 : Le genre :
I- Qu’est-ce que le genre :
A- Ce qu’il n’est pas :
Le genre n’est pas une théorie c’est un outil conceptuel
Le genre n’est pas « une théorie » qui mettrait en péril « l’avenir même de la civilisation en
déconstruisant ce qui existerait en soi : deux natures, l’une féminine et l’autre masculine, par essence
irréductibles, universelles et hétérosexuelles » Christine Guionnet et Erik Neveu, Féminins/Masculins,
Sociologie du genre, Paris : Armand Colin, 2021
En 2011, polémique : la « théorie du genre sexuel » serait imposée aux élèves de 1 ère via les manuels
scolaires
Chapitre intitulé « Devenir homme ou femme »
« Le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle mais ce n’est pas pour autant que nous pouvons nous
qualifier de masculin ou de féminin. Cette identité sexuelle, construite tout au long de notre vie dans une
interaction constante entre le biologique et contexte socio-culturel, est pourtant décisive dans notre
positionnement par rapport à l’autre »
Question de la construction de l’identité et des rôles masculin et féminin dans les sociétés
contemporaines
« On ne naît pas femme, on le devient » Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe => on naît femelle mais on
devient femme
En 2014 = nouvelle polémique : introduction des ABCD de l’égalité, destinés à s’attaquer à certains
stéréotypes
Objectif : lutter contre les stéréotypes qui amènent à penser que certaines disciplines sont faites
pour les filles et d’autres pour les garçons, que certains métiers sont pour les garçons et d’autres pour
les filles...
Ex : Les filles sont coquettes, soigneuses, dociles alors que les garçons sont courageux, indépendants,
énergiques
Il ne s’agit pas de nier l’existence de différences anatomiques, hormonales et chromosomiques mais
simplement de constater que la biologie n’explique pas tout...
A commencer par le changement social, l’évolution des pratiques et des représentations des hommes et des
femmes (comme groupes sociaux)
B- Construction et usages du concept du genre :
Les travaux fondateurs des anthropologues :
Margaret Mead 1901-1978
Courant culturaliste => importance de la culture / éducation / socialisation, au détriment d’une interprétation
en termes de déterminisme biologique
« Chez les Mundugumor, n’est artiste de plein droit que celui qui est né avec le codon ombilical autour du
cou... Point n’est besoin de s’attarder sur des cas aussi singuliers pour constater le rôle joué par l’imagination
dans la transfiguration de simples faits biologiques » M. Mead, Mœurs et sexualité en Océanie, Livre 1, 1935
Dans son livre Sex and Temperament in three primitive societies en 1935 inclus dans moeurs et sexualité en
Océanie en 1963, elle compare le « tempérament » (ensemble de traits de caractère) des hommes et des
femmes dans trois sociétés : Arapesh ; Mundugumor, Chambuli
Les Arapesh et les Mundugumor éduquent leurs enfants sans distinction de sexe
Chez les Arapesh, il y a une valorisation de la douceur, de la sensibilité, de la serviabilité : tous les enfants
filles et garçons doivent faire preuve de la douceur sensibilité et de la serviabilité
Chez les Mundugumor, une éducation qui privilégie la force, l’agressivité, la violence : tous les enfants
doivent faire preuve de la force l’agressivité et la violence
, 1er choc : Il existe des sociétés qui éduquent leurs enfants que ce soit filles ou garçons de la même façon
2ème choc : Existence de sociétés ayant de différentes valeurs : douceur vs agressivité
Les Chambuli éduquent leurs enfants en faisant des distinctions de sexe
- Les filles se voient transmettre des valeurs fondées sur le dynamisme et l’extraversion
- Les garçons se voient transmettre des valeurs fondées sur la sensibilité et l’introversion
3ème choc : Les valeurs transmises par l’éducation sont inversées par rapport à ceux qui étaient transmises
dans les années 30 aux Etats-Unis
Selon M. Mead, on a une rupture du lien entre sexe et « tempérament » masculin / féminin. Les stéréotypes
et les rôles de genre sont socialement construits
Edward E. Evans-Pritchard 1902-1973
Il mène des travaux dans le Sud-Soudan dans les années 1930 et 1940, sur les Nuer et les Azandés 1930-1940
Identification de situation de jeu entre sexe biologique et sexe social (rôles matrimoniaux et
parentaux)
Ouvrage Chez les Nuer publié en 1937
On trouve dans son ouvrage que chez les Nuer une femme ménopausée peut décider d’avoir des enfants
quand même en épousant une jeune femme qui lui fait des enfants par le biais d’un géniteur
Elle assume un rôle d’époux et de père (le géniteur biologique des enfants n’a aucun droit de paternité)
Sexe biologique féminin mais sexe social masculin : car elle joue un rôle d’homme
Ouvrage Chez Les Azandés publié en 1970
Il constate que chez les Azandés on est dans une situation de polygamie, et donc il existe une tension liée à
cela => des jeunes hommes assument des fonctions sociales et sexuelle d’épouse (et un sexe social)
- Des hommes veulent se marier mais ne trouvent pas de femme due à la polygamie et donc épousent
d’autres hommes ce qui ne les empêche pas d’assumer éventuellement, par la suite, un rôle d’époux
(et un sexe social masculin)
Sexe biologique masculin mais sexe social féminin puis masculin : parce qu’il y a des hommes qui
divorcent et après se marient avec des femmes
Le premier âge du genre :
John Money 1957
Une première occurrence du genre sous la plume du psychologue américain John Money 1957
- Inscrire la différence des sexes dans le domaine de l’esprit => réaffirmer la constitution différenciée des
hommes et des femmes
- Une « invention psy » du genre qui a partie liée avec le conservatisme mais va rencontrer « l’entreprise
féministe de dénaturalisation du sexe » - Éric Fassin (L’empire du genre, 2008) : La notion de genre va
commencer à être acceptée grâce au télescopage de cette invention par l’entreprise féministe de
dénaturalisation du sexe
Anne Oakley : Sociologue britannique, féministe
Dans son ouvrage, SEX GENDER AND SOCIETY 1972, on a :
- Une dénaturalisation du sexe => affirmation d’une partition sexe / genre
Sexe : distinction biologique entre mâles et femelles
Genre : construit social, distinction entre les attributs et les rôles associés au masculin et au féminin