Remarquons d’emblée que le simple fait d’interroger l’État et la vie en commun de société, c’est déjà
supposer que ce ne sont pas des réalités nécessaires absolues et nous pouvons poser la question
de la légitimité de l’État, du caractère juste ou injuste. Cette question fait la différence essentielle
entre les formes de société animales (⇒ grégarité) et les sociétés humaines. Les sociétés animales
sont aussi bien dans leur ordre/ origine purement naturelle et nécessaire (les abeilles ne siègent pas
au Parlement afin d’élire leur reine, c’est un ordre immanent). Là où au contraire les sociétés
humaines sont instituées, c’est-à-dire sont inséparables du choix d’un ensemble de lois et de
normes qui déterminent des rapports au sein de cette société et de l’autorité et de distribution.
Les sociétés humaines sont inséparables d’un principe de liberté (ce qui ne veut pas dire que nous
sommes forcément libres) car procèdent d’un choix, elles sont travaillées par la liberté, inséparables
d’une histoire et tel que l’ordre qui constitue ces sociétés est toujours un ordre remis en cause,
modifié et jamais défini.
En ce sens le propre des sociétés humaines sont des sociétés dont l’ordre est toujours polémique,
non évident et source de lutte/ conflits/ débats entre les membres de la société. De ce fait, le propre
de l’homme en tant qu’être social est qu’il ne cesse de transformer son existence en un problème
politique.
Il ne cesse d’interroger le lien qui l'unit à ses semblables et la légitimité des lois, le propre de
l’homme serait d’être cet être dont la vie en commun est inséparable d’un dialogue avec ses
semblables sur les fins de ces buts au destin collectif des hommes. La politique serait le nom de ce
dialogue.
Pourquoi les hommes font-ils le choix de s’associer, de vivre en commun, quels en sont les buts ? Qu’est ce
qui motive/ légitime l’obéissance des hommes à une autoroute commune et un pouvoir souverain ? Quelles
sont les fins de l’État, les buts qu’il est censé servir ? Quelles sont les limites du pouvoir de l’État ? Est ce que
l’État est bel et bien la condition de notre liberté ou bien la limite ?
I. La question de l’origine des sociétés : pourquoi les hommes vivent-ils en commun ? Quel
est le but des hommes quand ils cherchent à s’assembler ?
Quel est le but à vivre en commun ?
, Remarque : Une telle question des origines de la société n’est jamais purement innocente car selon
que nous allons définir la société comme naturelle et nécessaire ou bien soumise au travail de
l’histoire, cela change le concept des sociétés.
Si je fais l’hypothèse que ces sociétés sont naturelles, il faudra les accepter comme un ordre aussi
fatal que immuable et n’est ainsi pas un objet polémique.
Au contraire, si on estime que ce sont des sociétés historiques, ce seraient donc des sociétés qui
peuvent être remises en cause tel que leur ordre ne s’impose jamais aux membres de la société.
Qu’est ce qui donne forme aux sociétés humaines et qui lui donne son sens/ caractère humain ? Qu’est ce
qui l’oppose à une société grégaire ? De toute évidence, on pourrait estimer que le premier lien qui
unit les hommes est d’ordre naturel et que nous serions donc aussi grégaires si les hommes
s’associent en vue de satisfaire leurs besoins et tel que leur vie en commun ne soit faite que pour
satisfaire ces besoins pour chacun supérieurs à l’effort individuel.
Le lien le plus naturel entre les hommes est qu’ils entretiennent une relation d’échange dans un
effort partagé sur les biens matériels.
La forme la plus naturelle et utile d’une société est un marché où les biens circulent ce qui pousse
les hommes à vivre en commun. De ce fait Platon rapporte les paroles de Socrate et définit les
hommes dans le Chapitre 1 de la République. Si les hommes vivent en commun c’est grâce à une
logique naturelle parce qu’ils sont poussés par la nécessité de satisfaire leurs besoins, de combler
un manque, et tel qu’ils cherchent une satisfaction en vivant en commun « La cité se forme parce que
chacun d’entre nous se trouve dans la situation de ne pas suffire à lui même et de manquer de beaucoup
de choses ». Autrement dit, nous serions poussés à nous rassembler avec les autres. La première
forme des sociétés est que ce sont des machines à produire des richesses selon un principe «
l’union fait la force ».
Or, selon Socrate, est ce qu’on peut toutefois réduire une société proprement humaine par le fait qu’elle
satisfait les membres de cette société ? Est-ce que le lien social entre les autres n’est rien d’autre qu’un lien
économique ? Si les hommes s’associent juste par le lien économique (afin de satisfaire en commun
des besoins), rien ne dissocie les sociétés animales des sociétés humaines. Ainsi les sociétés
humaines sont des sociétés animales mais plus raffinées, plus modernes.
Si on réduit les sociétés humaines à la satisfaction des besoins et une logique économique, notre
société, notre vie serait semblable à la vie des porcs qui se goinfrent.
Dès lors, la question que se pose Socrate est: “Est ce la logique du besoin qui pousse les hommes à
s’assembler ?
Comme il le relève, on ne peut réduire une société humaine à la logique du besoin et ce qui les
pousse à s’assembler. Le besoin menace l’ordre de la société parce que rien n’arrête la logique du
besoin car chacun cherche à satisfaire au mieux ses besoins et ne se soucient point des autres. Si
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