Langue et écritures coréennes
Mardi 20 septembre 2016, professeur Jeong Eunjin (정은진).
Qui parle coréen ?
Source : www.ethnologue.com
Le coréen est parlé par environ 77,2 millions de personnes dans le monde
(dont 50 millions en Corée du Sud et 24 millions en Corée du Nord). Ce serait la
13ème langue la plus parlée au monde. Les diasporas coréennes les plus
importantes se trouvent en Chine, aux Etats-Unis, au Japon, au Canada, en
Ouzbékistan, en Russie, en Australie et au Kazakhstan.
Le fait qu'il y ait une forte population coréenne en Ouzbékistan et au
Kazakhstan vient de la déportation massive des populations habitant dans
l'Extrême-Orient russe en 1937 par les Russes. Ces populations se nomment
elles-mêmes les koryo-saram (고려사람), du nom de l'ancien état qui occupait la
péninsule coréenne du début du Xe siècle à la fin du XIVe siècle.
A lire : Fleur noire, de Kim Youngha, qui parle de l'émigration des premières
populations coréennes au Mexique au début du XXème siècle / Les romans de
Changrae Lee, écrivain américain né de parents coréens.
Coréen = langue altaïque ?
Le coréen, comme le japonais ou le turc, est considéré comme une langue
altaïque. Les langues altaïques se caractérisent par des structures
syntaxiques SOV (sujet-objet-verbe) et déterminant + déterminé (tout ce
qui détermine l'objet se place AVANT l'objet), l'ajout d'affixes (cf langues
agglutinantes), l'absence de pronoms relatifs et de genre grammatical,
et l'harmonie vocalique (certaines voyelles peuvent être combinées).
Cependant, cette thèse est contestée de nos jours puisque les langues qui
appartiennent à un même groupe se doivent d'avoir certaines similitudes entre
elles. Même si la grammaire coréenne et la grammaire japonaise sont très
proches, le lexique coréen est totalement différent de celui de ses comparses,
ainsi il serait au jour d'aujourd'hui considéré comme une langue à part.
La langue coréenne est donc de type altaïque et est une langue
agglutinante (dans la catégorie des langues flexionnelles) et est à opposer
aux langues isolantes comme le chinois.
Une langue agglutinante a des caractéristiques flexionnelles. Chaque affixe a
un rôle morphosyntaxique bien particulier (ex : mongol, turc, basque, hongrois,
finnois, coréen, swahili, langues caucasiennes... ).
Une langue synthétique ou fusionnelle comporte des affixes grammaticaux
variables attachés à des radicaux pour marquer (à la fois ou non) le genre, le
nombre et le cas, ou la personne, le temps, le mode, la voix, etc (ex : toutes les
langues européennes).
Dans le cas d'une langue isolante, tous les mots restent invariables quelle
, que soit leur fonction dans la phrase (ex : chinois, vietnamien).
Quel coréen ?!
La phrase neutre en français « J'apprends le coréen » ne peut
malheureusement être aussi impartiale lorsque vous essayez de le dire en
coréen. En effet, une distinction est nécessaire dans la langue en elle-
même entre le coréen du sud et le coréen du nord (qui ne sont pourtant
pas si différents l'un de l'autre).
La Corée du Nord, ou 조선 (조선민주주의인민공화국, République populaire
démocratique de Corée) parle donc le 조선말 / 조선어 (la langue de Corée du
Nord). La Corée du Sud, ou 한국 (대한민국, République de Corée) parle le 한국말 /
한국어 (la langue de Corée du Sud).
Il existe deux systèmes de romanisation en Corée du Sud encore en
vigueur : le Mc-Cune Reischauer et le Revisited Romanization of
Korean.
Le Mc-Cune Reischauer a été inventé en 1937 par deux américains, George
M. McCune et Edwin O. Reischauer, officiellement utilisé par les autorités
coréennes en 1984. Ce système n'essaye pas de translittérer le Hangeul mais
plutôt de représenter la prononciation phonétique de la langue.
Le Revisited Romanization of Korean a été développé par l'Académie
nationale de la langue coréenne à partir de 1995 et a été rendu publique le 4
juillet 2000 par les autorités coréennes. Ce système est similaire à l'ancien
mais beaucoup plus simple, puisqu'il n'utilise aucun signe diacritique.
Autres exemples de manière de parler de la langue coréenne : 문화어 (litt.
langue culturelle, c'est le coréen standard utilisé en Corée du Nord) ; 고려말
(langue utilisée par les koryo-saram) ; 한글 (l'écriture coréenne) ; 국어 (litt.
langue du pays, langue nationale. Les coréens l'utilisent donc pour parler du
coréen) ; 우리말 (notre langue) ; 우리글 (notre écriture).
A lire : 빨리, 빨리 , Jeong Eunjin, Patrick Maurus (livre d'initiation à la langue
coréenne).
한글
L'alphabet coréen a été créé en 1443 par le roi Sejong et promulgué après une
série de tests et de corrections en 1446. Il n'a pas toujours porté le nom de 한글
“grande/belle écriture » : en effet, ce nom a été adopté en 1910à sa
promulgation, il portait le nom de 훈민정음 “sons corrects pour l'instruction du
peuple ». C'est ici que nous pouvons trouver une des motivations du roi Sejong
pour créer un alphabet unique à la langue coréenne : auparavant, les nobles
coréens écrivaient avec les caractères chinois, bien que la langue parlée ne
suive pas ce modèle. Ainsi, lors de l'apprentissage de nouveau caractères, il
était très difficile de trouver la prononciation exacte. L'alphabet coréen a donc
été inventé à la base pour pouvoir lire les caractères chinois avant de servir au
peuple illettré, si l'on peut dire ça.
Les coréens disent souvent que leur alphabet est scientifique et qu'il répond à