£tre libre, est-ce faire ce que l'on
veut ?
Exemples pour commencer
() J'examine le sens commun
-Affiche dufilm Avengers : I'ère d'Ultron (2015)
a) Cette imagereprésente-t -elle bien I'idée de la liberté ?
b) Pourquoi les super-héros paraissent-ils plus libres que nous ?
c) Ces pouvoirs leur permettent-ils d'agir vraiment sans aucune limite ?
(2) Je remets en cause mes présupposés
-Leschéma des goûts personnels : l'exemple du coup de foudre
a) Que présupposent les expressions de « goûts personnels »» et de «préférences»?
b) Par quoimes goûts peuvent-ils être influencés ?
c) Suis-je libre d'aimer telle chose plutöt que telle autre ?
Définitions des termes
1) Libre ’ Liberté =
a) Ne pasêtre esclave ou prisonnier = état de celui qui fait ce qu'il veut et non ce
que veut un autre que lui ; elle est absence de contraintes étrangères (par
opposition au déterminisme).
b) Le degré d'indépendance que possède I'individu à l'égard du groupe social
dont il fait partie.
c) (Sens moral] Etat de l'être qui, soit qu'il fasse le bien, soit qu'il fasse le mal,
se décide après réflexion, en connaissance de cause ; qui sait ce qu'il veut, et
pourquoi il le veut, et qui n'agit que conformément aux raisons qu'il approuve
(par opposition àl'inconscience, à la pulsion, à la folie, à l'iresponsabilité
morale).
d) Etat de l'être qui réalise dans ses actes sa vraie nature, considérée comme un
être essentiellement caractérisé par la raison et la moralité.
2) Faire ce que l'on veut =
a) Si on entend par volonté un synonyme de désir, c'est-à-dire si volonté = désir,
alors on verserait dans la licence et le caprice.
’LICENCE = absence de toute limite conduisant àun comportement
déréglé.
b) Sion entend par volonté quelque chose qui ne se réduit pas au désir, alors il
faut, pour faire ce que I'on veut, renoncer à ce que l'on désire.
Enjeux du sujet
" Étre libre consiste-t-il dans le fait de n'êre déterminé par rien d'autre que ses envies ?
(D° Licencc/Autonomie)
" Ya-t-il une place pour la libertéhumaine ou bien tout est-il déteminé ?
" Faire ce que l'on veut, est-ce faire preuve de licence ou de réflexion, d'autonomie?
, INTRODUCTION
«- Iln'apas I'air hcureux, reprenait àpart soi Lafcadio. II doit souffrir d'une fistule
oude quelquc affection cachée. L'aiderai-je ! Iln'y parviendra pas tout seul... » écrit Gide
dans Les caves du Vatican. Dans le train qui les conduit à Rome, Lafcadio se pose unc
question en regardant son compagnon Amédée Flcurissoire : suis-je libre de le tuer étant
donné que cela luipermettra sans doute d'être davantage heureux ? Et, ce faisant, il le jctte
sans hésitation par la fenêtre sans raisons, sans autre motif que son bon vouloir:I'acte est
gratuit, c'est-à-dire déterminé par rien, et il est la manifestation de la plus grande liberté. C'est
pourquoi,d'après le sens commun, être libre, c'est évidemment faire ce que l'on veut.
Ainsi, la liberté est assimilée àune absence de contrainte, d'obstacle ou de limite rencontrés
dans I'accomplissement de nos désirs. C'est ce que l'on voit avec l'exemple des super-héros.
En effet, leurs pouvoirs leur permettent de véritablement agir sans aucune limite (ils peuvent
par-exemple voler, grimper après les murs, avoir une force surhumaine...). Certes, nous
savons que cette liberté n'est pas réelle. Nous rencontrons quotidiennement des contraintes de
toutes sortes : les lois de la nature, les lois civiles, la présence d'autrui, la condition mortelle,
le conditionnement social, etc. Elles sont autant d'obstacles à l'épanouissement d'une liberté
absolue. Le déterminisme nous empêche ainsi d'être parfaitement libres. La liberté parfaite
serait donccelle-ci:la licence, c'est-à-dire le pouvoir de faire ce que j'ai choisi sans
considération autre que mes envies.
Cela dit, si nous étions libérés de toute contrainte, que ferions-nous ? An'en pas douter, nous
nous adonnerions à nos activités favorites celles qui occupent notre < temps libre ». Nous ne
ferions donc que ce dont nous avons envie : nous laisserions libre cours à nos passions. Or, si
je m'adonne à mes passions, je cours le risque d'en devenir dépendant (addictions). Ainsi
l'expression la plus intime de la liberté devient, paradoxalement, la cause de sa disparition : à
vouloir faire ce que je veux, me voilàdevenu esclave de moi-même. De plus, si le choix est
un pouvoir et la manifestation de ma liberté, il peut aussi être un piège. Choisir, c'est évaluer
divers possibles :c'est donc prendre le risque de rencontrer des hésitations, de se tromper et
de devoir pourtant en assumer les conséquences. La meilleure excuse pour se
déresponsabiliser oune pas assumer un choix n'est-elle pas d'ailleurs le fameux « jen'avais
pas le choix » ?
Nous sommes donc confrontés au problème suivant : la liberté est-elle une absence
Méthode totale de contrainte, auquel cas cela voudrait dire que nous ne ferions que ce dont nous avons
envie, restant ainsi prisonniers de nos passions, ou bien est-ce avoir le choix, auquel cas nous
oblématique pourrions sélectionner entre divers possibles celuiqui nous convient au risque de se tromper
:alternative
et d'en assumer les conséquences ?
Pbmatigque : être libre, est-ce faire preuve de licence, au risque de se rendre esclave de ses
passions et de s'exposer à des actions irréfléchies (acte gratuit) ? Ou bien est-ce faire preuve
de réflexion, d'autonomie en envisageant les conséquences de nos actes et la portée de nos
choix ?
Tout d'abord, nous verrons que la liberté semble a priori consister dans la possibilité
d'agir indépendamment de toute contrainte en faisant usage de son libre-arbitre. Toutefois,
menacépar le risque de confondre la liberté avec la licence, il conviendra de se demander si la
liberté ainsi pensée n'est pas qu'une illusion, une chimère. Dès lors, il nous restera àmontrer
pour ne pas réduire I'homme àun jouet ou à un robot prédéterminé une conception de la
liberté dans laquelle il aurait à fixer lui-même ses propres bornes.
