Fiche de lecture
Le Coup d’Etat permanent
Le Coup d’Etat permanent est un ouvrage écrit par François Mitterrand et publié en 1964 qui se
caractérise comme un essai politique et traite des enjeux, des causes, des conséquences et des rouages
de la Ve République. Homme politique français, président de la République entre 1981 et 1995,
détenteur du plus long mandat présidentiel, François Mitterrand (1916-1996) représente le candidat du
Parti socialiste et par définition l’opposant caractéristique du gaullisme.
Le Coup d’Etat permanent est publié à la fin du premier septennat du général De Gaulle, après
l’issue de la guerre d’Algérie et retrace les débuts de la Ve République, qu’il observe en critique. Mais
le livre aura un véritable impacte après le premier tour de l’élection de 1965, qui forcera De Gaulle à
s’investir pleinement pour une victoire qu’il croyait acquise et à reconquérir des Français que Mitterrand
parvient à convaincre. Le Coup d’Etat permanent n’est pas seulement une critique du nouveau régime,
mais une dénonciation ouverte de ce qu’il considère comme une prise de pouvoir par la force, un coup
d’état suffisamment implicite pour que les Français ne voient pas la véritable intention du général. En
1958, les médias s’interrogent et mettent en doute la franchise de De Gaulle, un chef militaire aux
pouvoirs, mais après quelques années de gestion rigoureuse d’une France qui courrait à sa perte, il n’est
plus question d’une dictature, mais d’une délivrance conduite par le général. François Mitterrand revient
sur les heures sombres de la Ve République, tout juste née, et gagne en considération grâce à l’analyse
pointue qu’il retranscrit dans son essai.
Le titre qu’il choisit est sans appel ; il décrit les observations de l’opposition qui s’indigne d’un
coup d’Etat fomenté à Alger, prise de pouvoir militaire aux allures d’une seconde libération, retour du
héros de la France et d’une gloire qui manquait au Français, et qui sert les intérêts de leur éternel
« sauveur » ; personnage qu’il estime plus que son œuvre en tant que président de la République.
I) Synthèse
Dans son analyse du régime, F. Mitterrand revient sur la fin de la IVe République, poussée par
la guerre d’Algérie et l’engouement autour du retour du général au pouvoir. Il souligne pourtant
l’exemplarité et l’intelligence de la IVe République qui relève le pays après la Seconde Guerre mondiale
et stabilise, autant qu’elle le peut, une France détruite.
Il relève comme principaux défauts, une certaine passivité, un délaissement du peuple par les
parlementaires et un budget fondamentalement trop faible pour faire face à la décolonisation qui se
dessine. En effet, la France subit une humiliante défaite à Dien Bien Phu, en Indochine et se voit
contrainte d’abandonner la colonie pour reprendre quelques mois plus tard un nouveau conflit colonial
avec l’Algérie. Sa critique dénonce l’entêtement de la droite qui veut garder toutes ses positions et n’est
pas prête aux concessions vitales à une fin acceptable entre les colonies et la métropole. Par cet
acharnement, la France perd son honneur militaire et F. Mitterrand en conclut que le 13 mai, le Parlement
avait déjà perdu, à cause d’un budget militaire conséquent qui n’apportait aucun résultat.
Il revient ensuite sur la prise de pouvoir par De Gaulle, les conditions, les intentions et ce qui se
dégage, après analyse, de cette arrivée au pouvoir après un « Vive De Gaulle » lancé par R. Salan à
Alger en 1958.
C’est sans nuance qu’il qualifie la prise de pouvoir d’un « putsch » mené par De Gaulle qu’il
soupçonne d’avoir attendu le chaos en France pour que l’évidence le dévoile comme le héros. Il avait