P. Artus et M-P. Virard.
Croissance zéro
Comment éviter le chaos?
1
, Sommaire:
Chapitre 1 : Ne rêvons pas, la croissance ne reviendra pas !................................................4
a) La croissance n’est pas là pour toujours....................................................................................4
b) La stagnation éternelle, perspectiie aussi peu réjouissante que le repos éternel.....................4
c) Une croissance quasi nulle en zone euro pour les 10 ans qui iiennent......................................5
Chapitre 2 : Au commencement était « la mesure de notre ignorance » …..........................6
a) La productiiité globale des facteurs stagne ou recule un peu partout dans le monde...............6
Chapitre 3 : Des chercheurs qui trouvent de moins en moins...............................................8
a) Des molécules de plusieurs milliers de dollars...........................................................................8
b) La « falaise des breiets », une saignée d’au moins 150 milliards de dollars..............................8
c) 550 milliards de dollars de ialeur détruits en dix ans................................................................9
Chapitre 4 : Une ruée vers l’or noir de plus en plus ruineuse..............................................10
a) La productiiité des dépenses en explorationnproduction s’est efondrée................................10
b) Des pétroles nonnconientionnels au coût marginal prohibitif.................................................10
c) L’augmentation de l’intensité capitalistique ia de pair aiec le ralentissement de la croissance
....................................................................................................................................................11
Chapitre 5 : Schumpeter, reviens, ils sont tous devenus fous.............................................12
a) Vers une « tertiarisation » accélérée de l’économie mondiale................................................12
b) L’aide à domicile championne des créations d’emplois...........................................................13
c) Ne désespérons pas pour autant de Joseph Schumpeter.........................................................13
Chapitre 6 : Pas de croissance sans compétences..............................................................14
a) Une question de suriie indiiiduelle et collectiie.....................................................................14
b) En 2020, 90% des emplois exigeront des compétences numériques........................................15
c) Un jeune français sur dix ne maîtrise pas les saioirs de base...................................................15
d) dans les PME françaises, trop d’outils ont l’âge du plan Marshall !.........................................16
Chapitre 7 : Comment faire mentr le paradoxe de Gordon ?.............................................16
a) Les NTIC sontnelles porteuses d’une grande réiolution industrielle ?......................................16
b) « Nous rêvions de voitures volantes, nous avons eu les 140 caractères ! »..............................17
c) La comptabilité nationale incapable de mesurer les gains de productiiité liés à Internet........17
Chapitre 8 : Le scénario qui déchire (le tssu social)...........................................................18
a) les anabolisants budgétaire et monétaire ne peuient soigner l’économie réelle....................18
b) La menace d’une baisse généralisée du niieau de iie.............................................................19
c) Pigeons, cigognes, poussins, dindons, moutons, dodos, ou le retour des corporatismes.........20
Chapitre 9 : Un nouveau partage pour éviter l’afrontement.............................................20
a) La disparition des gains de productiiité, maladie pernicieuse de l’économie réelle................20
b) La croissance ou l’afrontement ?............................................................................................21
Conclusion : L’urgence d’une thérapie de choc..................................................................22
2
,Introduction :
L’évocation d’un non-retour de la croissance est source d’effroi pour les individus, notamment ceux qui ont
connu la période des 30G durant laquelle l’expansion de la croissance a été source de cohésion sociale.
Les dirigeants politiques se succèdent et tous prétendent un retour de la croissance par la mise en place de
mesures diverses (ex : loi sur la croissance).
Jusqu’au 18ème siècle, la productivité/tête a faiblement augmenté : la croissance était tirée par l’augmentation
démographique.
La croissance a augmenté au 20ème siècle mais aujourd’hui, elle fléchit de nouveau : tout prête à croire que
les trente glorieuses n’ont été qu’une « parenthèse enchantée ».
Robert Gordon (spécialiste de la croissance de LT) a renouvelé le concept de stagnation séculaire (secular
stagnation).
En effet, la crise de 2008 a fait resurgir les souvenirs de la crise de 1930. De plus, celle-ci a été précédée de
signes avant-coureurs : baisse de la PGF, ralentissement du PT (moteurs de la croissance potentielle).
La PGF reflète la capacité d’un pays à accumuler et à combiner efficacement des facteurs de production.
La PGF est en déclin : ce phénomène touche les pays et particulièrement les pays riches.
Comment comprendre la thèse de la stagnation ? 5 pistes essentielles :
La perte de l’efficacité de la recherche-développement
L’augmentation de l’intensité capitalistique
L’amaigrissement des secteurs ou les gains de productivité sont les plus forts
L’insuffisant niveau de qualification de la population active
La portée de la 3ème R-I (NTIC)
Les conséquences de la baisse de la PGF sont directement observables : baisse du revenu/tête, augmentation
de la précarité/chômage/ pauvreté.
Les revendications préférant l’écologie ou le bonheur à la croissance apparaissent vaines : l’absence de
croissance, la pauvreté…nourrissent les frustrations.
3
, Chapitre 1: Ne rêvons pas, la croissance ne reviendra pas!
La question d’un non-retour de la croissance est omniprésente, jusqu’en « terre promise » de la croissance : les USA
(où elle n’a cessé de repousser ses limites) avec notamment Robert Gordon (spécialiste de la croissance et de la
productivité)
a) La croissance n’est pas là pour toujours
Tout commence avec la publication d’un article (« Is US economic growth over » 2012) dans lequel Robert Gordon
entend remettre en cause le principe de croissance continue de Solow :
« Mon article suggère que la croissance rapide observée au cours de ces 250 dernières années pourrait bien être un
épisode unique dans l’histoire de l’humanité »
Jusqu’au 18ème siècle, la production/tête a très peu augmenté et était tirée par la croissance démographique.
Elle a augmenté jusqu’en 1900 (au R-U) puis a atteint un pic lors des 25 années post-seconde GM.
En dépit d’une brève accélération entre 1996 et 2004, la production/tête pourrait continuer de décélérer.
Gordon montre que la 2nde R-I (1870-1910) est celle qui a eu l’impact le plus important :
- Essor de l’électricité
- Moteur à combustion interne
- Chimie moderne
- Accès à l’eau potable : en 1886, une femme devait parcourir 237km/an pour transporter 35tonnes d’eau
(Caroline du Nord)
Selon les spécialistes de la croissance, les innovations du 21 ème siècle (NTIC : cloud computing, big data, smartphone
impression 3D) ne peuvent pas égaler celles de la 2 ème R-I.
De plus les facteurs responsables du ralentissement de la croissance sont nombreux : (vents contraires)
- Vieillissement démographique
- Inefficacité des systèmes éducatifs
- Impact de la mondialisation sur le P.A
- Coût de la lutte contre le réchauffement climatique
- Dette publique et privée
- Montée des inégalités
Robert Gordon prédit que sous l’effet des « vents contraires » (headwinds), la croisance américaine pourrait quasiment
disparaitre, passant de 1,8 % à 0,2 % (TCAM de l’Angleterre entre 1300 et 1700) en moyenne annuelle.
Les six vents contraires :
- Montée des inégalités (-0,5point)
- Le poids de la dette (-0,3 point)
- Épuisement démographique, baisse du niveau éducatif, l’impact de la mondialisation, hausse des prix de
l’énergie (-0,8 point)
b) La stagnation éternelle, perspective aussi peu réjouissante que le repos éternel
Au moment où l’on se félicite de la reprise de l’économie américaine, en 2013, Larry Summers fait un discours
sombre lors de la conférence Jacques Polak du FMI.
La thèse de Summers fait peur puisqu’il ne s’agit pas de n’importe quel économiste :
- Fils de 2 économistes professeurs à l’université de Pennsylvanie
- Neveu de Paul Samuelson (Nobel 1970) et Kenneth Arrow (Nobel 1972)
- Professeur d’économie à 28ans (diplômé de Harvard)
- Médaille Jones Bates Clark (antichambre du Prix Nobel)
- Économiste en chef de la banque mondiale (A1990)
- Secrétaire du trésor des USA de 1999 à 2001
Reprise la thèse de Gordon d’une éventuelle stagnation séculaire. Il s’appuie sur les travaux de Alvin Hansen qui
pensait que la Grande Dépression marquait le début d’une baisse irréversible du taux de croissance tendanciel de LT.
4