LA THÉORIE DE LA DISSONANCE COGNITIVE (EXTRAIT
PAR A. OVEJERO) (201-206)
León Festinger (1993)
Résumé :
INTRODUCTION
Il a été observé que nous recherchons la cohérence dans nos opinions et nos attitudes, bien qu'il y ait des exceptions. Par exemple,
quelqu'un peut croire en l'égalité raciale, mais préférer ne pas s'associer avec des personnes d'une autre race. Souvent, ces
incohérences nous sautent aux yeux et contrastent avec la cohérence globale. Cependant, il existe généralement un lien entre les
attitudes et les actions politiques et sociales d'une personne.
Cette cohérence se retrouve également entre ce qu'une personne sait ou croit et ce qu'elle fait. Par exemple, un parent qui accorde
de l'importance à l'éducation collégiale encouragera ses enfants à poursuivre des études supérieures. Les exceptions à cette
cohérence sont moins courantes, et nous essayons souvent de les rationaliser. Par exemple, une personne peut continuer à fumer
même si elle connaît les risques pour la santé, ce qui le justifie de diverses façons.
Cependant, il arrive que les tentatives de trouver une cohérence échouent et que l'incohérence persiste, provoquant un malaise
psychologique. Dans de tels cas, on peut parler de « dissonance » plutôt que d'« incohérence ». Ces idées seront explorées plus
en détail dans la suite du livre.
On a émis l'hypothèse que l'existence de la dissonance, étant psychologiquement inconfortable, incite la personne à la réduire et
à atteindre la consonance. Lorsque la dissonance survient, en plus d'essayer de la diminuer, la personne évite activement les
situations et les informations qui pourraient l'augmenter. La dissonance cognitive, définie comme l'écart entre les cognitions,
motive l'activité visant à les réduire, de la même manière que la faim motive la recherche de nourriture.
L'apparition de la dissonance peut être due à de nouveaux événements ou à des informations qui contredisent les connaissances
existantes, ou à la nature même des situations et des décisions, qui présentent souvent un mélange de contradictions. Il existe un
certain nombre de façons de réduire la dissonance une fois qu'elle est apparue. Par exemple, une personne peut modifier ses
actions en fonction de ses connaissances, comme arrêter de fumer si elle sait que cela est nocif pour sa santé. Alternativement,
vous pouvez modifier vos connaissances pour justifier vos actions, par exemple en vous convainquant que le tabagisme n'est pas
aussi nocif qu'on le pensait auparavant.
Cependant, il peut être difficile de réduire la dissonance, surtout lorsqu'il s'agit de modifier des comportements enracinés ou des
croyances fondamentales. Dans de tels cas, les tentatives de réduction de la dissonance peuvent persister. La dissonance est plus
fréquente dans les domaines de la cognition où plusieurs valeurs ou croyances établies sont incompatibles les unes avec les autres,
ce qui conduit à pratiquement aucune opinion ou action exempte de dissonance.
L'AMPLEUR DE LA DISSONANCE
Il est nécessaire de considérer les degrés de dissonance et de comprendre ce qui détermine si une relation entre les éléments est
plus ou moins intense. Un facteur important est l'importance des éléments conflictuels : plus ils sont significatifs pour la personne,
plus la dissonance entre eux est grande. Par exemple, l'écart entre donner de l'argent à un mendiant et savoir qu'il n'en a pas
besoin est moins important que l'écart entre ne pas bien se préparer à un examen crucial et être conscient du manque de
connaissances adéquates.
Il est courant qu'une certaine forme de dissonance existe au sein d'un ensemble d'éléments cognitifs. Presque chaque action ou
sentiment est accompagné d'au moins un élément cognitif dissonant. La quantité totale de dissonance entre un élément et le reste
des cognitions d'une personne dépend du rapport entre les éléments dissonants et les éléments consonantiques. Si la plupart des
éléments pertinents sont des consonnes, la dissonance sera faible, mais s'il y a un grand nombre d'éléments dissonants, la
dissonance totale sera considérable.
Cette idée peut être généralisée pour considérer l'ampleur de la dissonance entre deux ensembles d'éléments cognitifs. L'ampleur
de la dissonance augmente avec l'importance des éléments conflictuels. De plus, la quantité totale de dissonance entre deux
groupes est déterminée par la proportion pondérée de relations dissonantes par rapport aux relations consonantes, où
l'importance de chaque relation est pondérée en fonction de la pertinence des éléments impliqués.
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