IDENTIFIER, PROTÉGER ET VALORISER LE PATRIMOINE: ENJEUX GÉOPOLITIQUES
NOTION DE PATRIMOINE:
Le patrimoine culturel est l’ensemble des biens, matériels ou immatériels, présentant
une importance artistique et/ou historique.
Ces biens appartiennent soit à une entité privée (personne, entreprise, association,
etc.), soit à une entité publique (commune, département, région, pays) et constituent
un ensemble qu’on tend à préserver, restaurer, sauvegarder et qu’on montre
généralement au public. La notion de patrimoine est une construction qui s’est
élargie au fil des générations: de la transmission entre individus ou au sein d’une
nation, à l’héritage au profit de l’humanité.
D’un point de vue légal, il faut attendre les années 1970 pour voir apparaître l’idée
que ces biens communs à tous doivent être transmis aux générations futures du fait
de leur valeur. → 1972: rédaction de la "Convention pour la protection du patrimoine
mondial, culturel et naturel" de l’UNESCO.
NOTION DE PATRIMONIALISATION:
Les premières traces de patrimonialisation remontent à l’Antiquité, dans le domaine
religieux, elles s’affirment au Moyen-Âge.
C’est à partir du XIX° siècle» (débutant en 1789) que la PATRIMONIALISATION
au sens moderne apparaît, visant la transmission des traces d’un héritage
commun au plus grand nombre
❖ La Révolution française renforce le rôle patrimonial de l’État. Les biens du
clergé et ceux des nobles émigrés sont confisqués et deviennent patrimoine
national. Le vandalisme conduit l'État à prendre les premières mesures de
conservation (1793 : le Louvre devient musée national).
L’Abbé Grégoire parle de “vandalisme”
La notion de patrimoine s'étend à la nature quand le Congrès des États-Unis fait de
la région de Yellowstone, en 1872, le premier « parc national ».
Au PATRIMOINE CULTUREL traditionnel (ensemble des biens matériels construits
par l’homme et considérés comme constitutifs de son identité) s’ajoute donc le
PATRIMOINE NATUREL.
Les destructions consécutives aux guerres mondiales font de la sauvegarde du
patrimoine une préoccupation internationale : NOUVEAU TOURNANT
En 1962, en France, la loi Malraux étend la notion de patrimoine à des quartiers
historiques (quartier du Marais à Paris)
PATRIMOINE IMMATÉRIEL: à partir de 2003 – des objets et pratiques, marqueurs
des cultures du quotidien, deviennent dignes d'intérêt
, AXE I Usages sociaux et politiques du patrimoine - résumé rapide
Le château de Versailles et les frises du Parthénon constituent deux symboles
patrimoniaux et identitaires présentant des enjeux sociaux et politiques intimement
liés. A l’international, Versailles représente la France : le château est à la fois lieu de
mémoire, de pouvoir et de rayonnement diplomatique et culturel.
La Grèce, quant à elle, milite sans relâche depuis le XIXe siècle pour que lui soient
restitués les trésors de son glorieux passé. L’origine des marbres du Parthénon est
un argument politique que le gouvernement grec a utilisé - en vain jusqu'à présent -,
face à la vision « universelle » du patrimoine défendue par le Royaume-Uni.
Dans les deux cas, la patrimonialisation de ces biens culturels s'inscrit dans une
démarche politique (enjeux de puissance).
CHÂTEAU DE VERSAILLES
Le Château de Versailles incarne à sa manière la façon dont l’État peut utiliser le patrimoine
à des fins politiques, en exposant et en véhiculant sa légitimité, ses valeurs et l’identité
nationale dans laquelle les citoyens doivent se reconnaître. Depuis la Révolution, le pouvoir,
qu’il soit impérial, monarchique ou républicain, revient ponctuellement mais régulièrement à
Versailles. Déjà au XIXe siècle, les régimes monarchiques et impériaux s’approprient
Versailles et réaménagent la mémoire afin que ce patrimoine historique soit utilisé et
présenté non pas comme un vestige de l’Ancien régime mais comme partie intégrante de
leur légitimité et de leur force. Versailles est aussi, pendant près de 9 ans (1871-1879) la
capitale de la IIIe République naissante. Une 1 Identi fi er, protéger et valoriser le
patrimoine : enjeux géopolitiques 172 fois la République consolidée, elle regagne
définitivement Paris et ne retourne à Versailles que très épisodiquement, mais pour un
événement majeur : l’élection du président de la République, jusqu’en 1953, par les
parlementaires réunis en Congrès. Depuis, pas de rupture et Versailles continue d’accueillir
la République, notamment lorsque députés et sénateurs, réunis en Congrès, votent les
révisions constitutionnelles sous la Ve République. C’est aussi au château de Versailles, et
nulle part ailleurs, que le président de la République, depuis 2008, peut s’adresser en
personne aux parlementaires. Versailles et la République : une longue tradition et un
ancrage patrimonial, une mémoire réaménagée pour mettre à l’honneur ce lieu où la France
vit naître pour la première fois de son histoire l’Assemblée nationale, le 20 juin 1789.
FRISES DU PARTHÉNON
La Grèce cherche à récupérer des fragments d’édifices et des sculptures de monuments de
l’Acropole, conservés depuis plus de deux cents ans au British Museum de Londres. Dès
les années 1830, la Grèce émet sa requête, et dans les années 1980 la revendication
grecque prend une dimension internationale, en vain. Depuis 2014 on assiste à une
nouvelle campagne de mobilisation, très médiatisée, sous l’égide de l’Unesco, mais la
Grande-Bretagne reste fermée à toute éventualité de restitution de cet ensemble de biens
patrimoniaux connus sous le nom de « marbres d’Elgin.
Du puy du Fou à Toledo : Le patrimoine sert-il à une réécriture d’une histoire
collective «arrangée» pour un usage politique?