8. LA PENSEE DE THOMAS HOBBES
I. BIOGRAPHIE
- 1588 : Thomas Hobbes naît en Angleterre en 1588, dans une famille de petits
propriétaires ; son père, vicaire anglican, est un homme violent et joueur. Dans
son autobiographie, Hobbes explique qu'il serait né avant terme, sa mère ayant
été effrayée par la flotte de Philippe Il d'Espagne (l'invincible Armada) menaçant
Les côtes anglaises. Cette légende expliquerait le caractère craintif de
Hobbes, lié aux circonstances de sa naissance, ainsi que la perspective
sécuritaire de son œuvre.
- En 1603, il entame de brillantes études à Oxford ;
- En 1608, devient le précepteur de William II Cavendish. Voyagera beaucoup avec
les Cavendish.
- Il retournera en France pour y séjourner longuement de 1640 à 1651,
redoutant, dans une Angleterre bouleversée par la guerre civile, les
conséquences de ses écrits politiques.
Il est certain que Hobbes vit durant une période troublée, marquée d'abord
par l'opposition entre les parlementaires et Charles I“ (qui est décapité en
1649), la révolution, la dictature de Cromwell, enfin la restauration de La
monarchie sous Charles Il.
C'est l'époque pourtant où il publie ses principales œuvres :
- The Elements of Law (1640),
- De cive (1642),
- plus tard De corpore (1655).
Œuvre la plus importante de T.Hobbes : Le Léviathan, publié en 1651, somme
philosophique et magistrale théorie de la construction de l'État.
Dans les années 1660, malgré l'accession au trône de Charles Il, dont il a également
été précepteur, on lui conseille de ne plus publier d'œuvres politiques.
- 1679 : Il meurt en âgé de 91 ans.
LA PENSEE ET ORIGINALITE DE HOBBES :
Originalité de Hobbes : L'une des originalités de Hobbes est la
particularité d'un système intellectuel réellement scientifique, fondé sur
la découverte de la géométrie euclidienne, et dont il s'efforce de
transférer les règles à la sphère du social et du politique.
De ce climat épistémologique, il tire la conviction qu'en matière sociale
comme en physique, tout s'explique par le mouvement : il existe des
enchaînements de causes et d'effets qui expliquent toute chose, y compris
l'homme et la société.
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, Le concept de l’homme par Thomas Hobbes :
De ce fait, l'homme est conçu comme une simple mécanique, animée par ses
passions, que sont : le désir, l'appétit, l'amour, la vanité ou inversement l'aversion,
la haine, ou bien la joie et le chagrin.
Plus simplement, l'homme est animé par le mécanisme causal du désir et de
l'aversion, c'est-à-dire par le plaisir ou le déplaisir ; il appelle « bon » ce qui lui
est agréable et « mauvais » ce qui lui déplaît. Mais un autre facteur vient
tempérer cette causalité mécanique, c'est la peur, qui est au centre de l'œuvre
de Hobbes, comme elle est au cœur de toute sa vie : « la crainte et moi sommes
deux jumeaux ».
On note un vide dans la pensée de Hobbes qui s’occupe des questions purement
physiques et occulte volontairement tout contexte métaphysique. Par conséquent,
dans son étude anthropologique, il ne cherche pas l'essence de l'homme, et
s'en tient à son existence toute mécanique, dans laquelle les « causes
premières » n'interviennent pas.
Cette causalité mécanique sert d'amorce à sa théorie politique : elle sert à
comprendre la situation de l'homme à l'état de nature et contribue à créer une
situation dramatique dont il va vouloir se dégager. Il le fait en contractant avec
ses semblables pour s'assurer la paix, et moyennant l'institution d'un
pouvoir qui en garantisse le respect.
I. L'ÉTAT DE NATURE AU CONTRAT NÉCESSAIRE
L'état de nature = état originel, non voulu, dans lequel les hommes
naissent et qui s'oppose à la civilisation, fruit de la volonté et de la raison ;
Les individus y sont réduits à leur force naturelle et peuvent l'exercer sans aucune
contrainte. Mais cet état primitif engendre aussi de telles difficultés, que, pour en
sortir, la solution du contrat finit par s'imposer logiquement.
A) LE DRAME DE L'EGALITE NATURELLE
1. Le droit absolu sur toute chose :
L'état de nature tel que Hobbes le conçoit : Les hommes y jouissent d'un « droit
absolu sur toute chose », c'est-à-dire qu'ils assouvissent leurs passions,
usent de leur bon vouloir pour satisfaire leurs désirs, dans une démarche
totalement égoïste et individualiste.
Dans ces conditions, où l'homme s'épanouit par l'exercice de sa puissance et
de sa force, peu de chose semble le distinguer de l'animal.
2. La distinction entre l’homme et l’animal :
L’homme se distingue de l’animal par plusieurs traits :
- La raison, ou plutôt une forme de raisonnement téléologique : capable
de penser le futur, il imagine les conséquences de ses choix et les oriente en
fonction de ces conséquences ;
- La curiosité, le désir de connaître, de comprendre et qui, avec l'anxiété
inhérente à l'homme, le conduit à la religion.
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