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Sujet : Explication de texte
Marc-Aurèle, Pensées pour soi, IV, 3, 1-3 et 9, traduction Dalimier revue,
GF 2018, pages 94-96
Empereur romain du IIe siècle après J.-C., Marc Aurèle fut également un philosophe
appartenant au mouvement du stoïcisme. En effet, influencé notamment par les
enseignements du stoïcien Epictète, Marc Aurèle a appliqué la philosophie stoïcienne dans sa
vie personnelle ainsi que dans ses écrits. Il rédige alors pendant son règne son unique œuvre
Pensées pour moi-même qui est un recueil de maximes, de notes et de réflexions personnelles
sur la philosophie stoïcienne et la conduite de la vie. Dans cet ouvrage qui n’était pas destiné
à être publié, le philosophe s’adresse à lui-même en faisant son auto-examen. L’extrait étudié
est issu du livre IV de cette œuvre et aborde le thème de la conscience et plus
particulièrement l’intérêt de la retraite en soi-même. En effet, il est d’usage de chercher la
paix et le repos dans des lieux isolés et éloignés, pourtant l’auteur affirme ici qu’il existe en
nous un véritable monde intérieur nous permettant de faire face aux difficultés et aux
événements de notre vie. La paix et la sagesse ne se trouvent-elles pas alors au plus profond
de nous-mêmes, c’est-à-dire dans conscience ? L’enjeu d’une telle réflexion n’est pas
négligeable, car elle permettrait d’envisager la relation que nous entretenons avec notre
conscience comme le fondement de notre compréhension de nous-mêmes et du monde qui
nous entoure, et ce, afin de mieux l’appréhender. On identifie trois étapes dans la
démonstration de l’auteur. Dans un premier temps celui-ci met en évidence que l’homme se
méprend sur sa conception d’une bonne retraite (l.1-3), puis il évoque les avantages de la
retraite en soi-même (l.3-7), avant de présenter ses principes et préceptes, qui sont également
ceux du stoïcisme, et qui doivent conditionner cette retraite sur nous-même (l .7-14).
Ainsi, l’auteur commence par évoquer l’opinion commune, qu’il va contester, et ce, en
nous présentant sa thèse.
Pour Marc Aurèle, les hommes désirent ardemment ce qu’il appelle une « retraite ». Dans
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ce contexte, on comprend ce terme comme désignant un lieu dans lequel on se retire,
autrement dit dans lequel on s’écarte, on s’isole, une sorte de refuge où l’on va chercher le
calme et le repos afin de prendre du recul et de revenir plus sereinement. Or, ici, l’auteur met
en évidence que les hommes, dans leur globalité, cherchent un éloignement et un isolement
concret qui implique donc une prise de distance physique vis-à-vis, par exemple, de notre
quotidien et de nos problèmes de tous les jours. Nous avons un besoin de « changer d’air »,
de partir loin, afin de nous s’isoler et de nous ressourcer pleinement. L’auteur a en effet
recours à une énumération pour évoquer ce type de lieu : « à la campagne, au bord de la mer,
à la montagne ». Ces exemples de lieux ne sont pas pris au hasard, en effet, il s’agit tout
d’abord d’endroits lointains et inhabituels, autrement dit, qui ne font pas partie de notre
quotidien. De plus, ces lieux, que l’on associe à la nature, sont connus pour être calme et
paisible car désert, par opposition notamment à la ville, à la cité, à la métropole. Au premier
abord, il nous paraît donc évident de nous retirer dans ces lieux que l’on conçoit comme
reposant car loin du stress et des angoisses liées à l’agglomération et à notre quotidien et dans
lesquels nous pouvons trouver la paix et reposer notre esprit.
Toutefois, l’auteur formule ici une objection et remet en cause cette croyance commune
d’un besoin d’éloignement pour se ressourcer. En effet, il évoque le fait de « [se] retirer en
[soi]-même », autrement dit de chercher la retraite en nous-mêmes. Il s’agit là d’une idée qui
paraît assez abstraite étant donné que nous avons précédemment défini la retraite comme un
lieu dans lequel nous pouvons nous écarter et nous isoler afin de prendre de la distance,
notamment par rapport aux difficultés de notre vie, or comment prendre de la distance et du
recul en plongeant à l’intérieur de nous-mêmes ? Il faut ici comprendre que Marc Aurèle fait
référence au fait de se retirer dans notre conscience, or la conscience peut se définir comme la
faculté de savoir ce qui se passe en nous et autour de nous et de se le représenter dans notre
esprit. Plus spécifiquement, la conscience réfléchie est une capacité humaine qui consiste en
l’aptitude à revenir sur ses pensées et sur ses actions. Dès lors, on comprend que le retrait sur
soi, c’est-à-dire sur sa conscience, nous permet de prendre connaissance de nos actions et de
nos pensées et par conséquent de les reconsidérer, en d’autres termes, notre conscience nous
sert de point d’appui afin de faire face au monde extérieur. On constate donc ici que l’auteur
crée une distinction entre notre monde intérieur, qui renferme notre vison du monde, et le
monde extérieur. Ce monde intérieur apparaît alors comme le lieu idéal pour se ressourcer,
car il nous permet, par cette capacité à prendre du recul sur nos actions et nos pensées, de
trouver la paix et de revenir plus sereinement. Il n’y a donc, en effet, plus grand intérêt à aller
chercher très loin ce lieu, ce refuge, qui nous est finalement très proche et très intime.
D’autant que Marc Aurèle évoque le fait que nous avons accès à notre conscience « au
moment que [l’on] veut », ce qui est évidemment une limite aux lieux de retraite éloignés. Par
exemple, dans une situation de conflit, de dispute avec autrui, nous n’avons pas la possibilité
immédiate de nous isoler dans des lieux aussi reculer qu’« à la campagne, au bord de la mer,
à la montagne », la retraite sur soi-même intervient alors, et grâce à notre conscience nous
pouvons revenir sur les événements et maîtriser la situation.
Ainsi, les hommes, de manière générale, vont chercher très loin un refuge qui est, pour
Marc Aurèle, finalement très proche et bien plus intime que ce que l’on peut penser.
Dès lors, l’auteur va exposer ses arguments afin de mettre en évidence les avantages et les
bienfaits d’une retraite en soi-même.
Dans un premier temps, pour Marc Aurèle, « un homme ne trouve retraite plus tranquille,
plus exempte de tracas que dans son âme ». Il faut tout d’abord ici nous attarder sur la notion
d’« âme ». En effet, dans le langage courant celle-ci fait référence à un principe spirituel
opposé au corps matériel et qui, dans la religion, est conçu comme immortel et peut survivre
après la mort. Par ailleurs, le philosophe Aristote considérait que l’âme était un principe
commun à tous les vivants, aux plantes, aux animaux et aux hommes, un principe qui leur
permet de réaliser les différentes fonctions assurant la survie. Chez l’homme, il s’agit de la
nutrition, de la reproduction, de la perception, du déplacement dans l’espace et de la pensée,
autrement dit l’esprit n’est, du point de vue de la pensée d’Aristote, qu’une partie de l’âme de
l’homme. Toutefois, pour Marc Aurèle, l’âme est synonyme de conscience et donc d’esprit
ou encore de pensée. C’est donc bien dans sa conscience, donc dans l’immatériel et le
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