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Sujet : La protection du patrimoine culturel, causes et finalités.
Si le patrimoine désigne d’abord l’ensemble des biens hérités de la famille, cette notion
s’élargit à partir du XVIIIe siècle, le patrimoine étant désormais considéré comme un héritage
collectif construit par les sociétés, recouvrant un ensemble de biens et de pratiques
représentatifs de leurs passés et de leurs histoires, chargés d’une valeur symbolique forte et
destinés à être transmis aux générations suivantes. Les noms « causes » et « finalités »
renvoient respectivement à ce qui est à l’origine d’une action et le but vers lequel tend cette
action, celle-ci étant donc la protection du patrimoine. En effet, celui-ci est fragile et sa
préservation peut faire l’objet d’inquiétudes face aux diverses menaces qui pèsent sur lui,
d’autant qu’il est aujourd’hui au cœur d’enjeux, tant économique, qu’identitaire ou
diplomatique, qui justifient sa protection et sa valorisation. Ainsi, il est intéressant de se
demander quels sont les facteurs qui rendent nécessaire la protection du patrimoine et quelles
sont les ambitions qui motivent à cette protection ? Pour ce faire, nous nous intéresserons
dans un premier temps aux dangers et aux menaces qui pèsent sur le patrimoine, avant de
nous attarder sur les modalités de protection de celui-ci. Enfin, nous constaterons que cette
protection s’inscrit dans une dynamique de valorisation et d’exploitation des potentialités du
patrimoine.
La dégradation du patrimoine culturel, qu’elle soit le fait du tourisme de masse, de la
guerre, d’un régime souhaitant faire table rase du passé ou de grands projets urbains, pose en
effet la question de sa préservation.
Le tourisme de masse peut ainsi mettre en danger le patrimoine qui en est à l’origine, par la
pollution des sites naturels et la fragilisation des sites patrimoniaux. Ce phénomène est
notamment observable à Venise, dont l’écosystème lagunaire fragile et le patrimoine sont
largement détériorés par la surfréquentation touristique. En effet, cette cité lacustre, classée
au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1987, accueille chaque année 30 millions de
touristes grâce à son patrimoine historique et architectural d’une très grande diversité,
symbolisé par la basilique Saint-Marc ou encore le palais des Doges, mais également par son
caractère de cité lagunaire construit sur pilotis qui participe de son patrimoine naturel et
paysager. Or, le nombre et la densité de touristes entraînent des congestions et des
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saturations, tandis que le passage des gros paquebots de croisière et l’engorgement des
canaux de la ville facilitent l’érosion, menacent la pérennité des fondations des monuments et
amplifient les phénomènes d’Aqua Alta, alors que Venise s’enfonce. La situation est telle que
l’UNESCO a menacé à plusieurs reprises l’Etat italien d’inscrire Venise sur la liste du
patrimoine en péril si celui-ci ne prenait pas davantage de mesure pour lutter contre le
surtourisme et protéger son patrimoine. La veille ville de Venise est ainsi devenu un cas
d’école des dangers liés au tourisme de masse.
De plus, dans les territoires contestés et en conflits, le patrimoine peut être instrumentalisé
à des fins géopolitiques. Les destructions patrimoniales intentionnelles deviennent alors un
instrument de propagande de résonance mondiale pour certains régimes autoritaires et
groupes terroristes. Ainsi, en 2001, les talibans, qui contrôlaient la majeure partie de
l’Afghanistan, détruisirent les bouddhas gigantesques et pluriséculaires de la vallée de
Bâmiyân. L’objectif du régime taliban sunnites était alors de détruire des idoles selon eux
incompatibles avec les préceptes islamiques, d’affirmer leur emprise sur un territoire
majoritairement chiite, mais également d’acquérir une visibilité internationale par une
opération largement médiatisée. On peut également évoquer le cas du Mali, où, suite à
l’occupation du Nord du pays par des groupes islamistes djihadistes, les sites patrimoniaux
ont été pris pour cibles, à l’image des mausolées et des manuscrits de Tombouctou qui ont été
détruits, ou encore des actes de vandalisme commis contre le tombeau des Askia à Gao et la
mosquée de Djenné. La destruction du patrimoine malien faisait alors partie d’une stratégie
globale de ces groupes visant à rejeter la culture occidentale, une partie du patrimoine
saccagée étant classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, tout en imposant une vision
plus rigoriste de l’islam.
Par ailleurs, certains habitants s’élèvent contre les transformations qui menacent leur ville
ou leur quartier, et tentent alors de préserver l’aspect historique de ceux-ci. Ces habitants de
sites patrimoniaux combattent notamment les grands projets urbains, visant souvent à
développer le tourisme de masse ou les activités résidentielles, et qui dénature, voire
détruisent, le patrimoine. C’est par exemple le cas dans la ville médiévale de Mdina, ancienne
capitale de Malte, où les résistances se multiplient face aux promoteurs immobiliers qui,
depuis le début des années 2000, cherchent à construire de grands complexes hôteliers dont
les codes architecturaux risqueraient de transformer l’identité de la ville. La méfiance ou le
rejet que suscitent ces grands projets urbanistiques sont également observables à Paris, où dès
les années 1970, les Parisiens s’émeuvent de la destruction des Halles de Baltard, tandis que
l’on reproche à l’architecture high-tech du Centre Georges-Pompidou de ne pas s’accorder
avec le paysage patrimonial de la capitale. En effet, contrairement à d’autres villes de
rayonnement international, Paris présente une certaine homogénéité, datant des grands
travaux entrepris par Haussmann sous le Second Empire. Le projet de la Tour Triangle,
contesté depuis plus de 10 ans et dont les travaux ont finalement débuté en 2022, est ainsi
accusé de défigurer le patrimoine parisien, la tour devant atteindre 180 mètres de haut et
revêtir la forme d’une pyramide de verre et d’acier.
Ainsi, on constate que de nombreux sites sont menacés, entre surfréquentations,
destruction intentionnelle du patrimoine utilisé comme arme de guerre et nouveaux
aménagements urbains qui mettent en péril le patrimoine et rendent nécessaire sa protection.
Quelles sont alors les modalités, les stratégies et les mesures qui peuvent être mises en
œuvre pour répondre à ces menaces qui planent sur le patrimoine ?
L’utilisation du terme « patrimoine » se développe à partir des années 1960-1970 et
s’explique par la plus grande variété de ce qu’il inclut. Ce n’est plus seulement ce qui est
considéré comme beau ou prestigieux, mais tout ce qui est digne d’être préservés et transmis
aux générations futures. Ainsi, en France, dès 1962, Malraux, ministre des Affaires
culturelles, élargi la notion de patrimoine et la protection qui l’accompagne aux quartiers
historiques urbain, à l’image du Vieux Lyon, et aux sites naturels avec la création du premier
parc national en 1963. Cet élargissement de la notion au patrimoine naturel se retrouve lors
de l’adoption de la Convention pour la protection du patrimoine mondial culturel et naturel de
l’UNESCO, qui permet d’élever le patrimoine au rang d’héritage commun de l’humanité.
Puis, au patrimoine matériel est venu se greffer, en 2003, le patrimoine immatériel à travers la
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