THÉETÈTE
PLATON
-369 (date incertaine)
Prologue
Euclide et Terpsion discutent, Euclide a vu Théétète dans un camp
militaire, il souffre de la discentrie. Socrate lui avait parlé de lui comme un
homme joyeux et qui serait célèbre s’il ateignait l’âge d’homme. Terspion
annonce qu’il a dit vrai.
Euclide a écrit le dialogue, il dit avoir vérifié les dires avec Socrate et
annonce que ce dernier en plus converse directement avec ceux à qui il
donnait la réplique dans la réelle discussion.
Personnages
Socrate : Le philosophe maïeuticien
Théodore : géomètre, mathématicien, professeur âgé de Théétète
Théétète : Jeune étudiants, vu comme très intelligent et sensé et pas beau
(comme Socrate par Théodore)
Sujets, problème du dialogue
la science et son fondement > pas quels sont les objets de la
science, ni quelles sont les différentes sciences, mais ce que c'est
que la science considérée en elle-même, ce qui la caractérise et la
constitue.
Le texte :
la pagination renvoie à l’édition des œuvres complètes de Platon,
parue chez La Pléiade.
La méthode : la “maïeutique”
Quant à mon art d’accoucher à moi, il a, par ailleurs, toutes les mêmes
propriétés que celui des sages-femmes, mais il en diffère en ce que ce
sont des hommes, et non des femmes, qu’il accouche ; en ce que, en
outre, c’est sur l’enfantement de leurs âmes, et non de leurs corps, que
porte son examen. (…) Ainsi donc je ne suis précisément savant en rien
(…). [C]eux qui me fréquentent donnent, pour commencer, l’impression
d’être ignorants, quelques-un même de l’être absolument ; mais chez
tous, avec les progrès de cette fréquentation et la permission éventuelle
du Dieu, c’est merveille tout ce qu’ils gagnent, à leurs propres yeux
comme aux yeux d’autrui ; ce qui en outre est clair comme le jour, c’est
que de moi ils n’ont jamais rien appris, mais que c’est de leur propre fonds
qu’ils ont, personnellement, fait nombre de belles découvertes, par eux-
mêmes enfantées. Leur accouchement, à la vérité, est l’oeuvre du Dieu, et
la mienne. 150 b-d, p. 95.
, 1/ Le Savoir c’est la sensation
Première définition du savoir, “l’homme-mesure”
Savoir c’est sentir
[C]elui qui connaît quelque chose perçoit ce qu’il connaît, (…) la
connaissance n’est pas autre chose que la sensation. 151 e, p. 97.
Cette définition est la thèse de Protagoras, Sophiste :
“L’homme (…) est la mesure de toutes choses, de celles qui sont pour ce
qu’elles sont et de celles qui ne sont pas, pour ce qu’elles ne sont
pas.” 152 a, p. 97.
Socrate distingue ce qui “apparaît” et ce qui “est” : exemple du vent
qui fait frissonner l’un et pas l’autre. Pour l’un, le vent “est” froid, pour
l’autre il ne « l’ est pas ». Le vent en lui-même n’est ni froid ni “pas froid”,
il apparaît froid ou pas, selon celui qui le sent.
C’est pourtant la doctrine de la mobilité universelle qui fonde la thèse de
Protagoras car c’est la mobilité du sens qui permet de dire un vent froid ou
non :
(…) il n’y a rien qui soit individuellement lui-même et en lui-même ; rien
non plus que tu puisses désigner à bon droit, pas davantage qualifier
d’aucune façon que ce soit (…). C’est de la translation, du mouvement, du
mélange réciproque, que résulte tout ce dont nous disons qu’il “est” : ce
qui est une désignation incorrecte car rien n’est” jamais, mais “devient”
toujours.
152 d, p. 98.
L’apparence de l’être est le devenir.
La philosophie débute par l’étonnement : cet état, qui consiste à
s’émerveiller, est tout à fait d’un philosophe ; la philosophie en effet ne
débute pas autrement (…). 155 d, p. 103.
Première objection : Si le savoir est la sensation => “ne pas voir, c’est
ne pas connaître” (165 c p 118).
Est-il possible que le même homme, qui sait une chose, ne sache pas la
chose qu’il sait ? (…) Non, ce n’est pas impossible, au moins si tu dois
poser en principe que voir, c’est connaître. 165 b, p. 118.
Exemple : Si je regarde un vêtement avec un oeil fermé et l’autre ouvert,
je vois le vêtement avec l’oeil ouvert, donc je le connais ; je ne vois pas le
vêtement avec l’oeil fermé, donc je ne le connais pas.
Deuxième objection : contradiction intrinsèque de la thèse de
Protagoras => Si l’homme est la mesure de toutes choses, alors les
hommes jugent toujours vrai.
La discussion s’élargit à la société.