« Ni Dieu ni Maître » devient la devise du mouvement anarchiste dès le XIXème
siècle. Ici le terme « maître » est pensé au niveau de la domination qu'exerce une
institution, une entité sur autrui, comme la religion peut le faire sur la vie d'autrui. Cela
témoigne de la volonté de se libérer de cette domination par l'anarchie, par l'absence de
pouvoir. Or le terme « maître » est aussi utilisé dans le domaine de l'éducation, tel dans
l'appellation de maître d'école. Ici la connotation de domination et de pouvoir répresseur
est beaucoup moins présente. Mais alors qu'est ce qu'un maître ?
Il existe en effet plusieurs acceptions de ce mot. On parle donc du maître en
éducation, surtout désignant le maître d'école, ce terme est utilisé pour l'éducation des
enfants dès le plus jeune age (on privilégiera le terme de professeur lorsque l'enfant
grandit). Donc dès plus jeune âge il y a l'idée d'une formation, d'une instruction en plus
d'une éducation, il est ici important de former l'esprit des jeunes enfants, bien souvent
dans le but d'en faire des citoyens accomplis. Mais on peut parler également d'un maître
pour un chien, ici nous avons l'idée d'un dressage, d'une domination, d'une autorité
exercée sur un être. Cela est bien éloigné de cette idée d'élévation de l'individu, on
retrouve plutôt l'aspect de domination qui imprègne le terme. Un maître exerce aussi son
autorité dans le domaine sportif, surtout en arts martiaux, par exemple dans le terme
«maître Shaolin » qui désigne celui qui a le devoir d'enseigner les arts martiaux aux moines
shaolins. Donc ici nous avons bien l'idée de la formation du corps mais aussi de l'esprit,
apprendre une maîtrise de soi, le maître apprend la discipline du corps et de l'esprit à son
élève. Nous remarquons également dans le terme l'idée d'une aptitude particulière, par
exemple avec l'expression « Il est devenu maître en la matière ». Ici être « maître » c'est
devenir spécialiste, acquérir un savoir particulier, être une figure d'autorité dans un
domaine. On retrouve cela dans le terme « maître de conférence », qui est une personne
qui intervient sur un sujet dont il est spécialiste, dans un domaine où il est reconnu auprès
d'une assemblée. Nous avons donc aussi l'idée d'une autorité, ici intellectuelle, sur un sujet.
, On retrouve cet aspect d'autorité intellectuelle dans ce que l'on appelle le« master », terme
emprunté de l'anglais, aussi appelé « maîtrise » qui désigne le grade universitaire entre la
licence et le doctorat, sanctionnant cinq années d'études après le baccalauréat.
On retrouve donc dans toutes les aspects du terme cette idée d'autorité et de
discipline, exercée sur l'élève, devenant presque disciple du maître. C'est une idée vraiment
propre au maître, que l'on retrouve moins dans des termes comme « professeur ». Mais le
terme de maître se retrouve également dans une expression bien connue qui aurait
tendance à contrecarrer cet aspect d'autorité absolue : « L'élève a dépassé la maître ».
Cette expression est utilisée pour signifier que l'élève d'un maître a réussi à avoir une
position de supériorité par rapport à celui-ci, en devenant meilleur dans son domaine, qu’il
soit intellectuel ou manuel. Donc nous avons étudié cette position d'autorité inhérente au
« maître » mais ici nous remarquons une possibilité de dépassement de la part de l'élève.
Faut-il dépasser le maître pour être éduqué ? Le maître possède en effet cette position
d'autorité par rapport à l'élève, il doit former l'être en tant que sujet, celui-ci étant bien
souvent incapable seul de se gouverner. Cependant le but de toute éducation est de faire
accéder le sujet son statut d'individu, capable d'acquérir un jugement sur le monde qui
l'entoure. Le maître, par son autorité, vise paradoxalement à une émancipation du sujet.
Plan :
I- Le maître a en effet une fonction de dressage, l'éducation doit former
A- L'éducation en soumission, former les enfants dès le plus jeune âge
-Éducation et maître renvoient à l'univers de l'enfance, là où l'esprit est le plus malléable et
soumis à une autorité. Le premier maître est donc sans aucun doute la famille, qui apprend
à l'enfant les règles de base, de la vie en société (politesse, bonnes manières, sociabilité
etc...). Platon montre déjà l'importance de la famille dans l'éducation de l'enfant, ainsi
qu'Aristote qui considère la famille comme la première forme de cité, de la vie politique.
Mais cette éducation première ne suffit pas à former l'enfant, il faut que le maître (extérieur
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