IRP Research
Louis Aimé Augustin Leprince, inventeur et artiste,
précurseur du cinéma
Les débuts à Leeds
8
Il reprit donc, sans enthousiasme, son activité à Whitley Partners dont John Whitley, son beau-
frère, venait de prendre la direction et qu’il voulait rénover totalement ce qui nécessitait de gros
investissements. Très souvent, avec son épouse, ils caressaient le projet de fonder ensemble une
école d’arts à Leeds. Whitley Partners, suite à la folie des grandeurs de John Whitley, avait
traversé de très importantes difficultés financières et se serait trouvé au bord du gouffre. Après
avoir obtenu avec succès l’examen des Arts et Sciences de South Kensington nécessaire, selon la
loi anglaise, pour pouvoir enseigner, il ouvrit, avec sa femme, au 33 de Park Square leur École
d’Arts appliqués de Leeds en 1874. Cette école obtint un grand succès car elle était la seule, à
cette époque, à offrir une formation très pratique aux étudiants qui voulaient étudier les arts. Ils
furent récompensés par de nombreuses distinctions tant nationales qu’internationales.
C’est en 1874-1875 qu’Augustin Leprince mit au point un nouveau procédé de cuisson de peintures
sur émaux et céramique14. Ses miniatures furent remarquées par le duc d’Edimbourg lors de
l’inauguration, le 13 mai 1875, de la Yorkshire Exhibition of Arts and Manufacture.
À partir de 1876, Leprince eut l’idée de remplacer la peinture par des photographies coloriées. Il
inventa alors un procédé de reproduction de ces photographies peintes sur émaux, céramique et
métaux.
C’est à cette époque que Leprince devint très intime avec un banquier de Leeds, Richard Wilson,
qui collectionnait les miniatures et qui avait aidé Joseph Whitley lors de la catastrophe financière
de son entreprise en 187515. Il avait également donné de sages conseils financiers aux Leprince à
l’occasion de la création de leur école d’arts appliqués. Richard Wilson connaissait Leprince depuis
sa venue à Leeds, dix ans auparavant, puisqu’il avait été, à cette époque, le conseil financier de
Whitley Partners et qu’il avait eu tout le loisir de se rendre compte de ses immenses qualités
humaines. Bien que d’une extrême discrétion et ne se mettant jamais en avant, Augustin Leprince
connut l’élite intellectuelle de la ville. Il était membre de la Leeds Philosophical and Literary Society
et le 2 mars 1876 il fut initié franc-maçon à la Leeds Fidelity Lodge. Leprince suivait aussi avec
beaucoup d’intérêt les progrès des sciences et des arts et le nouveau style de peinture que venait
de créer Monet, le fascinait totalement. Il imaginait du mouvement dans les tableaux, plus que des
impressions. À ses yeux, c’était la vie même que transcrivait Monet… Lors de ses nombreux
voyages en France, Leprince ne ratait pas une occasion de rencontrer les peintres qui
s’engageaient alors dans la voie du Maître.
En dépit de nombreux rêves et de multiples activités, la vie de famille représentait pour Augustin
un havre de paix, de joies et de repos. Depuis son mariage, en 1869, la famille s’était agrandie :
Mariella était née en 1871, Adolphe en 1872, Aimée en 1875 et Joseph en 1876.
Bien qu’il n’eût jamais abandonné le dessin, l’huile et le pastel, Leprince se consacrait de plus en
plus à une méthode qu’il avait mise au point : la reproduction de portraits photographiques
miniatures sur métaux et porcelaine dont le succès se concrétisa lors de l’Exposition universelle de
Paris de 1878 où il reçut une mention spéciale 16. Son dernier enfant, Fernand, naquit cette année-
là17.