L’Europe au XIXe siècle 1
LA RESTAURATION EN FRANCE : ENTRE COMPROMIS ET REACTION
I- Peut-on « réconcilier les deux France » ? (expression de Charles-Henri Pouthas,
1950)
A- La première Restauration : la recherche d’un compromis
Le retour des Bourbons
La 1ère restauration est le 1er retour des bourbons. C’est la période qui sépare la 1 ère capitulation de
Napoléon et les cent jours. Le 31 mars 1814, les troupes alliées entrent et occupent Paris. Le lende -
main un gouvernement provisoire est fait à Paris et est présidé par l’homme de tous les pouvoirs,
Talleyrand. Le 12 avril, le comte d’Artois, cad le plus jeune frère de louis XVI rentre à Paris. Le 3 mai,
c’est lui qui est amené à régner sous le nom de Louis XVIII et le 5 juin les troupes alliées quittent la
capitale. Dans les faits, et dans les représentations, la monarchie restaurée est ramenée par la vic -
toire des alliés sur Napoléon et est rendue possible par l’invasion de la France par les troupes. Se
construit un reproche qui viendra des milieux libéraux et de gauche, la Restauration est un régime
antinational. Le destin de la France est dans les mains des puissances étrangères ; la Russie pèse.
Alexandre 1er est le seul présent à Paris pendant la 1 ère occupation. Les Bourbons très faibles, inca-
pables de remonter seuls sur le trône.
Il y a en France des royalistes et catholiques irréductibles, ils ne considèrent pas qu’il suffit de restau-
rer la dynastie des Bourbons mais aussi l’Ancien régime. Ils se sont organisés pendant l’Empire dans
des sociétés secrètes comme les chevaliers de la foi. Si la restauration est bien accueillie, c’est pcq
pour eux la chute de Napoléon a deux csq : la fin de la guerre, la paix, la fin des conscriptions et un
soulagement fiscal. La bourgeoisie accueille bien Louis XVIII. Ce dernier a émigré au moment de Va-
rennes (quand Louis XVI est arrêté avant de rejoindre les troupes émigrées à Varennes) dès le 15
juillet mais il comprend la nécessité par pragmatisme de composer avec l’esprit du temps, d’être le
roi d’un pays réconcilié, d’en finir avec la déchirure nationale avec la RF. il faut faire des compromis
avec la période de la RF. louis XVIII n’est pas un roi libéral donc il est restauré comme roi mais ne
veut pas restaurer l’Ancien régime, ne veut pas revenir à une société d’Ordres, pas à une forme d’ab-
solutisme. Il veut maintenir une division des pouvoirs dans un souci de réconciliation ce qu’il exprime
en 1818 « ne pas être le roi de deux peuples ».
La Charte
L’absolutisme est l’idée que tous les pouvoirs sont dans les mains d’un seul souverain. Il faut que les
pouvoirs soient divisés, des pouvoirs relatifs. C’est la Constitution qui suppose cela. Il faut un texte
qui ne sera pas une constitution au sens où l’entend la tradition libérale cad un texte que la nation
vote par elle-même. Pour réaffirmer sa légitimité royale au nom du principe dynastique, c’est le roi
qui l’octroie à la Nation. Ce texte s’appelle une Charte. Pour autant, la charte reconnait des principes
libéraux et constitutionnels :
- égalité devant la loi
- égalité par rapport aux impôts
- liberté religieuse même si catholicisme est reconnue comme religion d’Etat
- liberté de la presse
- les propriétés sont inviolables
- la justice est indépendante
- les juges sont inamovibles
- les jurés sont conservés
, L’Europe au XIXe siècle 2
« Toute recherche des opinions et votes émis jusqu’à la Restauration sont interdits. » il y a le mot ci-
toyen dans la Charte. On ne peut pas poursuivre qqun pour ce qu’il a fait pendant la Révolution. Il y a
une idée de recherche de réconciliation nationale autour de la monarchie restaurée.
Le roi est le chef de l’exécutif, il fait la loi qui est adoptée par un Parlement bicaméral composée
d’une chambre des députés des départements et d’une chambre des pairs qui est nommée par le roi
mais qui va très rapidement devenir héréditaire. Si la chambre est nommé par le roi puis héréditaire
ça veut dire que la chambre des députés va être élue par des gens capables de penser : les bourgeois,
les propriétaires fonciers. La noblesse a massivement accès au vote et à la fonction des députés (54%
seront de la noblesse car ce sont eux qui détiennent la majorité des terres). Car le vote est une fonc-
tion. Le vote est fourni selon le niveau de fortune, c’est le suffrage censitaire. Il y a une exclusion par
la fortune et par le sexe. Il faut être un homme, avoir 30 ans ou plus, payer 300 francs d’impôts. Pour
être éligible il faut avoir 40 ans ou plus et payer 1000 francs d’impôts. Il y a alors 100 000 électeurs et
16000 éligibles. Ils sont élus pour 5 ans. La seule exception est que le roi a la possibilité de dissoudre
la chambre des députés.
il y a donc bien un régime constitutionnel.
Les principales figures se rallient à Louis XVIII comme Lafayette, Laffitte (banquier), Madame de Staël,
Carnot. Tous ces gens voient dans la charte la victoire du système anglais à la fois sur le modèle abso-
lutiste mais aussi sur le modèle républicain et démocratique. Il y a une épuration des cadres de l’Em -
pire dans l’administration. 76% restent en place, 103 maréchaux ou sénateurs sont anoblis par le roi.
Les royalistes les plus intransigeants, les ultra-royalistes, qui ont comme leader le comte d’Artois
vont s’inquiéter.
La politique de la première Restauration
Si la monarchie de Louis XVIII est amenée à composer avec la modernité politique, elle a besoin d’as -
seoir la légitimité. La politique va donc être réactionnaire (retour au drapeau blanc), on regroupe les
restes de Louis XVI et Marie-Antoinette pour les mettre dans les tombeaux des rois. Le 21 janvier de-
vient un jour de deuil national. On commémore la mémoire des chefs vendéens, on détruit les sym -
boles révolutionnaires, on multiplie les actes symboliques mais cette politique symbolique est affir -
mer la légitimité dynastique. Les ultraroyalistes se déchainent : les prêtres réfractaires persécutent
les prêtres constitutionnels, ils refusent l’absolution et les sacrements de l’Eglise à tous les acheteurs
des biens nationaux. Ils développent une politique qui s’oppose au principe de réconciliation. Ils
veulent que la France vaincue prenne sa revanche. le libéralisme va voir monter très fortement un
fort sentiment anticlérical. La politique des finances sera marquée par le baron Louis. Il veut rem-
bourser les dettes de l’Etat en vendant des biens communaux (qui appartient à une communauté) ce
qui rassure les détenteurs des biens nationaux. Ils développent donc une politique de rigueur écono -
mique d’autant plus qu’il doit rompre avec une politique d’économie de guerre (emprunt). Il
conserve les impôts de la révolution et de l’Empire et élabore une conception moderne de l’écono -
mie et des finances publiques. Ceci dit, cela va mécontenter les cadres de l’armée notamment les de -
mi-sols mais aussi ceux de l’industrie (par exemple textile, fer, …). L’économie de guerre entrainait de
l’emploi. C’est dans cette situation que va arriver le retour de Napoléon.
B- Les cents-jours et la Terreur blanche : le retour des « deux France »
Le « vol de l’aigle »
er
Le 1 avril 1815, Napoléon débarque au golfe de Juan. C’est le début des cent jours qui se terminent
le 18 juin dans la plaine de Waterloo. Le 1 er accueil dans le midi est plutôt mitigé. Les milieux monar-
chistes sont hostiles tel que Napoléon ne peut pas remonter par la route normale à Paris, il est obligé
de passer par les Alpes (la route Napoléon ajd). Il arrive à Paris le 20 avril avec une accueil enthou-
siaste. La population espère un régime plus démocratique. une partie des libéraux se rallie à Napo-
léon comme Benjamin Constant qui est chargé de rédiger un texte constitutionnel qui veut affirmer