L’Europe au XIXe siècle 1
1848 : LE « PRINTEMPS DES PEUPLES »
I- L’année 1848 en France : de la fraternité à l’affrontement
A- L’esprit de 1848
Une naissance révolutionnaire
Une campagne de banquets pour la réforme électorale à l’initiative de libéraux qui souhaitent abais-
ser le cens est mise en place, petit à petit les républicains y participent. Le banquet parisien est inter-
dit une 1ère fois puis une 2nde fois et des manifestations ont lieu qui dégénèrent en émeutes. Louis Phi-
lippe et Guizot sont renversés. Ce sont les révolutions de février 1848 et c’est la chute du dernier roi
en France. Un gouvernement provisoire est mis en place et regroupe toutes les tendances républi-
caines (divergences, pas homogènes). Il y a des libéraux ralliés à l’idée républicaine, comme par
exemple, Alphonse de Lamartine, Crémieux, des républicains modérés qui se retrouvent autour du
journal le National, et la figure est Marrast, des républicains plus à gauche autour de La Réforme
comme Ledru-Rollin, Flocon et des socialistes comme Louis Blanc, l’Ouvrier Albert qui représente les
ouvriers dans ce gouvernement provisoire. Ceci témoigne du courant socialiste de plus en plus im-
portant au sein de la gauche française sous la Monarchie de Juillet et la constitution de la classe ou-
vrière. Le 24 février 1848, le gouvernement affirme qu’il refuse de proclamer la République car c’est
à une assemblée constituante de choisir le régime français. Ce nouveau régime doit répondre aux at-
tentes, aux revendications de ceux qui ont pris les armes et constitué les barricades dans les journées
de février. Il n’y a pas d’autre alternative que la République. Ce gouvernement républicain devra ras-
surer les gens qui sont encore effrayés à l’idée républicaine qui renvoie à la Terreur. La République
est réelle. On peut dater du 24 la naissance de la 2nde République en France. Une Assemblée consti-
tuante est une Assemblée élue pour faire une Constitution. Immédiatement, le gouvernement doit
prendre un certain nombre de mesures.
Des réformes audacieuses
La 1ère mesure prise par le gouvernement provisoire répond à la double volonté de rassurer par rap-
port à la Terreur et satisfaire les combattants. C’est l’annonce de l’abolition de la peine de mort en
matière politique le 26 février. Cela rassure les révolutionnaires par rapport à leurs martyrs (4 ser-
gents de la Rochelle par exemple) car il n’y aura plus de guillotine et donc plus de terreur. A partir de
ce moment là, une fois que le gvt est installé, un certain nombre de mesures sont prises pour libérer
l’espace public. Le 4 mars, la liberté de réunion est proclamée, le 6 mars les lois de Septembre sur la
presse sont abrogées, le 27 avril, l’esclavage est abolie dans les colonies françaises. Le 5 mars, le gvt
provisoire annonce que le suffrage universel direct est proclamé pour élaborer l’assemblée consti-
tuante. Mais en réalité, c’est le SUD masculin. Le 5 mars, pour la première fois dans l’histoire de
France, le SUD est réellement proclamé et réellement, le vote est considéré comme un droit et non
un devoir. Il va être plus difficile d’expliquer pourquoi les femmes ne peuvent pas y participer. On se
retrouve dans un moment d’extraordinaire liberté politique. Dans les clubs, les débats se multiplient,
beaucoup de journaux apparaissent. Cette liberté s’inscrit dans ces moments de liberté postrévolu-
tionnaire. La tenue des clubs est l’occasion de description critique, ironique (l’éducation sentimen-
tale, Flaubert).
Cette effervescence de débats fait que la rue est très présente dans le débat public. De ce point de
vue, la révolution de 1848 se différencie de la révolution de 1830. Cette effervescence est alimentée
par une grande présence de la question sociale. Les ouvriers gardent les armes pour revendiquer des
droits, ne veulent pas renverser quiconque. Ils ont d’autant plus de revendications que depuis 1840,
les revendications avaient rencontré un écho entre les revendications ouvrières, les grèves ouvrières
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(les ouvriers de la soie lyonnais, les Canuts de 1831 et 1834). Ces ouvriers font faire des délégations
pour les revendications le gvt provisoire prend 2 décisions : le 28 février sont crées des ateliers
nationaux, et en même temps, le gvt crée la Commission du gvt pour les travailleurs – Commission du
Luxembourg. En fait, ces décisions correspondent à un compromis entre républicains modérés et so-
cialistes. Les républicains voulaient l’organisation du travail, des coopératives ouvrières gérant des
activités sociales où le marché ne fonctionne pas correctement. Pour rassurer les radicaux et socia-
listes, car on organise pas, on confie la présidence de la CduL à Louis Blanc (socialiste). Elle est une
sorte de compensation donnée aux socialistes car il n’y a eu que des ateliers nationaux (forme de
charité publique seulement). Par ailleurs, le 2 mars, la journée de travail est réduite d’1 heure. Il va
falloir d’autres mesures pour rassurer la droite, les libéraux non hostiles à Louis Philippe et qui ont
adhéré à la campagne électorale pour abaisser le cens électoral.
Quelle république ?
Une république relativement modérée car elle refuse de s’engager dans la voie de l’organisation du
travail. Mais c’est aussi répondre à l’une des craintes des libéraux quand ils voient qu’il n’y a pas de
régime constitutionnel d’une guerre européenne. Ils craignent que les républicains mettent en place
la propagande révolutionnaire cad la guerre. Il s’agit derrière tout ça de remettre en cause l’ordre de
Vienne qui était un repoussoir pour toute la gauche française. On a la crainte d’un conflit généralisé.
De ce fait, on met aux Affaires étrangères Lamartine connu pour son pacifisme. Il publie un Manifeste
pour l’Europe dans lequel il affirme son refus de la guerre révolutionnaire « Si on ne vous agresse
pas, on ne vous agressera pas ». il pose les fondements d’un patriotisme qui sera une base de la Ré-
publique. Il s’agit d’affirmer que la République se vengera si elle est agressée. Il refuse le drapeau
rouge le 26 février et réaffirme que le drapeau français doit être le bleu, blanc, rouge, ce qui montre
la volonté d’affirmer une république relativement modérée et calmer les ardeurs des combattants
des barricades. Il y a des commissaires de la République chargés de vérifier l’acceptation de la répu-
blique. Il y a cependant quelques agitations : les Canuts à Lyon, à Limoges. Ce ne sont pas des enne-
mis de la république mais ce sont des revendications sociales. Dans les campagnes, les revendications
sociales prennent aussi le dessus.
B- Fraternité républicaine et tensions sociales
Le Printemps de la Fraternité
Il y a une tension qui se crée entre une République qui se veut un idéal de fraternité et l’importance
de la question sociale. La République qui revendique la Fraternité unit la société alors que les ten-
sions de la question sociale la divisent. L’iconographie est importante à cette époque :
- gravure du SU. On y voit un ouvrier qui repousse le fusil qui lui a servit à proclamer la Répu-
blique et assurer la victoire et de l’autre main, dépose son vote dans un pot « suffrage uni-
versel ». L’insurrection est devenue illégitime après l’instauration du SU. Maintenant que
l’homme peut voter, il ne peut plus se révolter. Il y a une affiche sur les élections et les clubs.
C’est une iconographique essentiellement républicaine qui veut le passage du suffrage censi-
taire au SU comme élément de la pacification sociale. Cet homme ne va pas se muer en sans-
culotte grâce au vote.
- Gravure de l’ouvrier, du garde national à droite et l’étudiant au centre. Les trois se serrent la
main dans un acte de fraternité. L’objectif est de montrer des catégories sociales unies au
lendemain des combats avec la figure de Marianne. L’évêque brandit la croix et la présence
de l’Eglise. Il y a une femme et un enfant qui représente la famille.
- Dans la 3e gravure, on reconnaît la bourgeoise, l’ouvrier, le garde national, le clergé. Il y a
cette idée d’unification de la société et de la république. Il y a toujours le drapeau tricolore.
C’est purement allégorique car il n’y a jamais eu de manifestation, partant de la colonne de la