EL12 : « Le départ de Louis », Juste la fin du monde
Louis. - Et plus tard, vers la fin de la journée,
c'est exactement ainsi,
lorsque j'y réfléchis,
que j'avais imaginé les choses,
vers la fin de la journée
sans avoir rien dit de ce qui me tenait à cœur
- c'est juste une idée mais elle n'est pas jouable -
sans voir jamais osé faire tout ce mal,
je repris la route,
je demandai qu'on m'accompagne à la gare,
qu'on me laisse partir.
Je promets qu'il n'y aura plus tout ce temps
avant que je revienne,
je dis des mensonges,
je promets d'être là, à nouveau, très bientôt,
des phrases comme ça.
Les semaines, les mois peut-être,
qui suivent,
je téléphone, je donne des nouvelles,
j'écoute ce qu'on me raconte, je fais quelques efforts,
j'ai l'amour plein de bonne volonté,
mais c'était juste la dernière fois,
ce que je me dis sans le laisser voir.
Elle, elle me caresse une seule fois la joue,
doucement, comme pour m'expliquer qu'elle me pardonne je
ne sais quels crimes,
et ces crimes que je ne connais pas, je les regrette,
j'en éprouve du remords.
Antoine est sur le pas de la porte,
il agite les clefs de sa voiture,
il dit plusieurs fois qu'il ne veut en aucun cas me presser,
qu'il ne souhaite pas que je parte,
que jamais il ne me chasse,
mais qu'il est l'heure du départ,
et bien que tout cela soit vrai,
il semble vouloir me faire déguerpir, c'est l'image
qu'il donne,
c'est l'idée que j'emporte.
Il ne me retient pas,
et sans le lui dire, j'ose l'en accuser.
C'est de cela que je me venge.
(Un jour, je me suis accordé tous les droits.)